Mohamed el-Halabi (C), le gestionnaire palestinien du groupe World Vision, un fonds de soutien chrétien pour les habitants de Gaza a été mis en examen par Israël. Il est accusé d’avoir détourné des millions de dollars au profit du Hamas à Gaza, et a passé une audience au tribunal de district de Beerchéva le 4 août dernier.
C’est ce que le Shin Bet a annoncé, ajoutant que Mohamed el-Halabi avait mis au point « transit systématique et sophistiqué » qui lui a permis de détourner depuis 2010 plus de 50 millions de dollars pendant toutes les années où il était à la tête du groupe militant au sein de la bande de Gaza. El-Halabi a inventé des projets humanitaires fictifs lui permettant de gonfler les besoins des fonds pour Gaza, avant de transmettre le surplus au Hamas.
Pour Israël, il a été établi qu’el-Halabi a aidé le Hamas à construire des tunnels souterrains illégaux ainsi qu’à faire l’acquisition d’armes et de munitions en vue d’attaques terroristes.
« World Vision » est une ONG d’obédience chrétienne basée aux Etats-Unis et qui travaille dans près de 100 pays différent. Dans un communiqué sur le site Web de l’organisation, ses responsables se sont déclarés « choqués » par ces allégations en ajoutant qu’il n’y avait « aucune raison de croire » qu’elles étaient vraies. Un membre du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que Kent Hill, un haut responsable de l’organisation, était actuellement entendu en Israël pour faire face à ces accusations ; le responsable israélien a malgré tout voulu garder l’anonymat, avançant que ces réunions étaient d’ordre privé.
Le porte-parole du Hamas, Hazem Kasem, a qualifié ces révélations de « mensonges pouvant faire partie de la justification du blocus imposé sur Gaza ».
A peine âgé de 40 ans, el-Halabi est issu de Jebaliya dans la bande de Gaza. Il avait déjà été en juin alors qu’il tentait de franchir un barrage entre Gaza et Israël. Le Shin Bet a confié que l’homme avait suivi la formation militaire du Hamas et qu’il était passé dans la branche organisationnelle du groupe terroriste au début des années 2000. Il avait alors intégré le groupe à « World Vision » en 2005, une organisation dans laquelle il a ensuite gravi les échelons un par un avant de devenir son directeur pour la bande de Gaza.
« Il a commencé à mener des opérations de sécurité pour l’aile militaire du Hamas dont le but était essentiellement l’exploitation des fonds de l’organisation en vue de renforcer le Hamas », a déclaré le porte-parole du Shin Bet. Pour détourner les fonds, el-Halabi a imaginé des projets fictifs destinés à aider les agriculteurs, les handicapés et les pêcheurs.
Quant aux entreprises engagées pour mener à bien certains projets dans le cadre des offres fictives, elles savaient que 60% des fonds du projet étaient destinées au Hamas, a ajouté le Shin Bet dit, soulignant qu’une partie du budget de World Vision avait été utilisé pour payer directement les agents du Hamas.
Le Shin Bet a également révélé que el-Halabi transférait des matériaux du Hamas tels que l’acier, de l’équipement et des tuyaux qui, bien que destinés par World Vision à l’aide agricole, avaient permis à creuser des kilomètres de tunnels. Des milliers de paquets comprenant nourriture et aide médicale avaient été détournés vers des membres du Hamas et vers leurs familles, pendant que la population de Gaza continuait de souffrir du manque de denrées de première nécessité.
Les fonds détournés ont également contribué à construire des bases militaires, dont l’une en 2015 qui a été entièrement construite à partir de l’argent perçu par la branche britannique de l’ONG
Le Shin Bet a également annoncé que, depuis son arrestation, el-Halabi a divulgué des renseignements concernant des employés travaillant pour les Nations Unies et d’autres ONG et dont la couverture leur permettait de soutenir le Hamas sur le terrain.
Réagissant à ces révélations, le groupe australien de World Vision a annoncé, ce vendredi, qu’il suspendait son financement des opérations de secours dans les territoires palestiniens
Le Département Australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT) a qualifié ces allégations de « profondément troublante » déclarant dans un communiqué qu’il était « à la recherche de toute urgence de plus amples informations sur World Vision de la part des autorités israéliennes ».
« Nous suspendons notre soutien au financement de World Vision pour les programmes dans les territoires palestiniens jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », a-t-on déclaré au département. L’Australie a versé à World Vision la somme de 4,35 millions de dollars au cours des trois dernières années rien que pour l’aide aux territoires palestiniens, a précisé un porte-parole de DFAT.