Des archives inédites de la rafle de Vénissieux en août 1942 découvertes dans une brocante dans l’Allier
Fin août 1942, le régime de Vichy organise seul la rafle des Juifs étrangers de la zone Sud. Dans la région de Lyon, plus d’un millier de personnes sont arrêtées et internées dans un camp à Vénissieux. La moitié sera déportée vers Auschwitz. Les archives inédites découvertes par un historien amateur dans une brocante dans l’Allier éclairent d’un nouveau jour cette tragédie.
Le 26 août 1942, 1016 Juifs étrangers sont raflés par la police et la gendarmerie françaises dans les dix départements de la région de Lyon et rassemblés dans un camp de triage à Vénissieux. Une grande rafle concernant toute la zone Sud, décidée et organisée par les seules autorités françaises, contrairement à celle du Vel’d’Hiv six semaines plus tôt, réclamée par les Allemands.
Alors, quand Henri Neimark, philatéliste et historien amateur découvre dans une brocante dans l’Allier, des documents officiels sur la rafle, il sait qu’il tient là un trésor pour les historiens. « Quand j’ai vu ces documents, je me suis dit : « j’ai l’affaire du siècle ». J’appelle ça être un sauveur de mémoire. Quand on a ce genre de documents, il ne faut pas qu’ils tombent entre n’importe quelles mains. L’intérêt, c’est qu’ils soient mis à disposition des chercheurs et des historiens ».
Retrouver les derniers survivants
Cette rafle effectuée en zone libre sans l’intervention des Allemands donc, a été éclipsée dans la mémoire nationale par celle du Vél’d’Hiv. L’existence du « camp de triage des Juifs étrangers » de Vénissieux n’a d’ailleurs été découverte qu’en 1993 par l’historienne lyonnaise Valérie Portheret. Pour elle qui travaille à préserver la mémoire de cette tragédie, les 80 documents découverts par Henri Neimark vont permettre de recouper plusieurs sources d’information, et donner une histoire aux listes de noms figurant dans ces archives.
Sur les 1016 personnes passées par Vénissieux, 546 adultes seront transférés à Drancy puis déportés vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Mais 108 enfants juifs ont pu être exfiltrés du camp et sauvés de la déportation par un réseau de solidarité, réunissant catholiques, protestants et Juifs. Il s’agit du plus grand sauvetage d’enfants juifs entrepris en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, Lisa Jacubowitz, 17 ans à l’époque, que Valérie Portheret a pu rencontrer il y a quelques jours.
Ces précieux documents, Henri Neimark les remettra officiellement aux Archives départementales du Rhône, le 1er décembre prochain.