“Le monde serait teeeellement mieux sans l’homme juif.” Ce message, tiré d’un compte sur réseau social, apparaît dans le nouveau rapport de septembre 2019 intitulé « Derrière le masque : la nature antisémite de BDS démontrée». Publié en ligne et sous forme imprimée par le ministère israélien des Affaires stratégiques et de la diplomatie publique, le rapport comprend, entre autres, une page de captures d’écran des réseaux sociaux des membres de l’organisation pour la Justice en Palestine, alliée au BDS et farouchement anti-sioniste. SJP a été fondée par Hatem Bazian, conférencier à Berkeley, qui est également représenté dans le rapport par ses propres publications antisionistes sur les réseaux sociaux.
Voici la séquence de messages dans laquelle celle ci-dessus apparaît, se terminant par deux commentaires lapidaires :
“Le monde serait tellement mieux sans l’homme juif.”
‘Lol, jetons les Juifs au four.’
‘Quelle est la différence entre un Juif et une pizza? La pizza sort du four.
Mettons le feu aux Juifs.
“Tuez votre sioniste local.” [sic]
L’utilisation de captures d’écran dans le rapport ajoute de l’authenticité à ses revendications. En voici une de Ali Abunimah, fondateur de la publication en ligne antisioniste The Electronic Intifada. Comme le souligne le rapport, “Abunimah accuse Israël d’empoisonner l’approvisionnement en eau des Palestiniens, allégation mensongère qui remonte aux accusations de crimes rituels antisémites du Moyen Âge, dans laquelle des Juifs étaient accusés d’avoir empoisonné les puits de l’Europe et tenus responsables de répandre la Peste en Europe :
Une collection complète d’attaques provenant des réseaux sociaux contre les Juifs et Israël aurait totalement submergé tout rapport, même s’il s’était limité aux messages d’étudiants et de professeurs, mais Behind the Mask réussit efficacement à rassembler des exemples tout-à-faits représentatifs. Plutôt que de documenter les centaines de livres, essais et éditoriaux antisionistes et antisémites rédigés par des professeurs du BDS et des responsables publics, le rapport se concentre sur la diffusion massive de tweets, de dessins animés et d’affiches qui sont distribués et rediffusés pour atteindre des audiences beaucoup plus vastes. Quelques-uns ont été abondamment débattus, comme le dessin caricatural d’avril 2019 distribué par le New York Times. Ce dernier caricature le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme un chien tenu en laisse par Donald Trump – une caricature pour laquelle le comité de rédaction du journal s’est excusé par la suite.
D’autres sont moins familiers, leurs messages haineux ayant été largement diffusés parmi des publics manifestant une sympathie prévisible pour ce type de clichés racistes. La force de ce rapport provient de la collecte de nombreux exemples au même endroit et de la reproduction de nombreux exemples en couleur. L’exemple suivant ‘créé par Ahmad Ashraf Ghareeb montre un Juif avec un nez crochu et tenant des clés, en tenue hassidique traditionnelle, se tenant au-dessus d’un enfant mort et d’un crâne tenant une fourche (diabolique) recouverte de sang’. Le bloc en pierre ou en ciment, ressemblant à une tombe dans un cimetière et écrasant les enfants, est étiqueté «1948» pour symboliser la fondation d’Israël et il est orné de deux étoiles pour David. Il a remporté un prix en espèces en 2010 dans le cadre d’un concours d’illustration sponsorisé par BADIL, une organisation qui soutient le mouvement BDS :
Behind the Mask regroupe ses expositions BDS sous trois chapitres : l’antisémitisme classique, l’inversion de la Shoah et le refus du droit des Juifs à l’autodétermination. L’analyse est claire, simple et toujours utile. Mais ce sont vraiment les exemples eux-mêmes qui en disent le plus. En tant que personne qui a étudié les tweets et les dessins anti-sionistes et antisémites pendant quelques années, j’ajouterais qu’il est clair qu’ils deviennent de plus en plus virulents.
Ils sont également de plus en plus intrusifs et agressifs. Et ils semblent très personnels quand ils arrivent dans votre boîte email ou sur votre compte Facebook. ‘Tuez votre sioniste local’ ne correspond pas à une abstraction. S’il s’agissait d’une affiche dans une rue sombre de la ville, je choisirais un autre itinéraire. Et je ne suis pas très à mon aise de savoir que des milliers de personnes impressionnables envoient et reçoivent ces messages. Nous savons que des meurtriers de masse à Pittsburgh et Poway, ont fait l’objet d’une telle haine. C’est le ventre sombre du mouvement BDS documenté de manière troublante dans Behind the Mask.
Certains semblent éprouver l’ivresse du triomphe en composant ou en partageant des slogans, des accusations et des vindictes antisémites avec d’innombrables amis, alliés et étrangers. En ce sens, les slogans et les dessins animés sont les mêmes textes et images interchangeables qui diabolisent collectivement Israël et tout Juif qui soutient le droit à l’existence de l’État juif. Les dirigeants du BDS cités dans le rapport sont tout aussi interchangeables que les malheureux adeptes de leur camp, certains très jeunes, qui adhèrent les yeux fermés au mouvement.
Quoi qu’il en soit, à quoi servirait-il de s’attaquer à la photo d’un ballon en forme de cochon géant marqué d’une étoile de David, flottant au-dessus d’un concert de l’ancien membre du groupe Pink Floyd, Roger Waters? Ou de critiquer les images du drapeau israélien qui remplacent l’étoile de David par une croix gammée? Ou de s’opposer à la caricature représentant un membre du Congrès américain comme une tirelire humaine (avec une fente dans le dos dans laquelle un bras orné d’un brassard en étoile de David dépose une pièce de monnaie)?
Les tweets et les dessins animés présentés dans Behind the Mask sont les associés aux efforts prétendument plus respectables du BDS pour délégitimer Israël. Ils ne demandent aucun changement de politique. Ils n’offrent aucune proposition de paix. Ils ne recommandent aucune action politique pour promouvoir le changement. Au lieu de cela, ils déploient des préjugés antisémites sauvages qui se sont infectés pendant des siècles et ils leur redonnent de l’influence et du pouvoir de persuasion, aujourd’hui.
Adaptation : Marc Brzustowski