Départ volontaire des Palestiniens vers la Jordanie : Arno Klarsfeld décrypte le plan de Trump pour Gaza

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TRIBUNE. Selon Arno Klarsfeld, la solution pensée par le président américain pour Gaza pourrait s’avérer raisonnable. Mais encore faut-il que le départ des Palestiniens soit volontaire, qu’ils soient généreusement indemnisés ou encore que la Jordanie accepte un tel plan, énumère l’avocat.

Arno Klarsfeld

Après la Seconde Guerre mondiale, près de dix millions d’Allemands ont été chassés de divers pays d’Europe centrale et orientale par les traités de Postdam et de Yalta. Nul ne leur a demandé leur accord. Pas plus qu’aux millions de Polonais chassés de terres fertiles pour des terres ingrates plus à l’ouest. Du jour au lendemain, ils ont été chassés du lieu où ils habitaient depuis des générations, sans la moindre compensation. Et au moment de la partition de l’Inde, là aussi, plus de dix millions de personnes ont dû changer de région. Les musulmans au Pakistan et les Hindous en Inde.

Et plusieurs centaines de milliers de Juifs ont été chassés des pays arabes après l’indépendance d’Israël et, pour eux, l’ONU n’a pas instauré un statut de réfugié transmissible sur plusieurs générations. Le problème moral est de savoir si le départ est volontaire ou non.

Plus de 70 % de Palestiniens habitent en Jordanie

Si les Palestiniens de Gaza peuvent trouver une vie heureuse avec quelques dizaines de milliers de dollars par foyer et une maison confortable en Jordanie et, s’ils acceptent, cela me semble évidemment une bonne solution. Plus de 70 % de Palestiniens habitent en Jordanie, qui est cinq fois plus vaste qu’Israël et qui faisait partie de la Palestine mandataire. La Jordanie reprendrait alors le nom de Palestine, qui avait été le sien.

Une solution raisonnable… sous condition

Sur les deux millions de Gazaouis, plus de 70 % sont considérés comme des réfugiés, c’est-à-dire que leur statut international indique qu’ils veulent ou doivent revenir en Israël. Et ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne n’ont renoncé à cette demande de droit de retour qui ferait des Juifs une minorité en Israël. Donc Israël vivant cette solution est inenvisageable.

Reconstruire Gaza (déjà partiellement détruite deux fois par le passé) est envisageable, mais le Hamas ne voulant pas abandonner son souhait d’anéantir Israël, guerres et destructions recommenceront jusqu’à ce que, peut-être, Israël tombe définitivement. Quelques générations de Palestiniens seront sacrifiées, mais après tout pour les leaders palestiniens, ce n’est pas grave. Ils se disent : « Nous avons déjà chassé les croisés, nous ferons de même avec les Juifs. » Ils se disent aussi que l’alliance d’Israël avec les États-Unis ne sera pas éternelle.

Donc oui, je pense que si le départ est volontaire, si les Palestiniens de Gaza sont généreusement indemnisés, si la Jordanie accepte, si l’accueil en Jordanie s’y fait dans de bonnes conditions, si l’on donne à ces Palestiniens la possibilité de s’intégrer véritablement, si la Jordanie reprend son nom de Palestine et si, enfin, l’Arabie saoudite bénit l’accord, alors oui, ce que préconise Trump est une solution raisonnable. Comme Alexandre avec le nœud gordien, quand il n’existe aucune solution possible, il aura tranché.

JForum.fr avec www.lejdd.fr

1 Commentaire

  1. Un départ volontaire c’est très bien. Un départ forcé, c’est bien aussi.
    Vu l’état de Gaza, le départ est de toute façon forcé. Quand le hamaSS aura été annihilé, les gazaouis n’auront en fait plus le choix que la valise. Bien heureux sont-ils, compte-tenu de leur attitude, qu’on ne leur demande pas de choisir entre la valise et le cercueil.

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