Mardi 13 mars, Donald Trump a limogé par tweet son secrétaire d’État Rex Tillerson, évoquant l’Iran parmi leurs désaccords : « Quand vous regardez l’accord sur le nucléaire iranien : je pensais qu’il était horrible, il pensait qu’il était OK », a-t-il déclaré dans une première réaction. Le président américain a adressé en janvier un ultimatum aux Européens pour qu’ils s’entendent avec l’Iran en vue de « remédier aux terribles lacunes » que comporte selon lui le texte, présenté par ses partisans comme une victoire de la diplomatie dans le domaine de la lutte contre la prolifération nucléaire. Il souhaite en effet davantage d’inspections et, surtout, la fin des limitations dans le temps – avec des échéances en 2025 et 2030 – des restrictions.
Directeur de l’Agence centrale du renseignement américaine (CIA) et partisan d’une ligne dure face à l’Iran, Mike Pompeo est considéré comme un « faucon ». Ses vues sur l’accord de Vienne de 2015 sont tout à fait en phase avec celles de Donald Trump. « L’Iran, le plus grand pays au monde qui parraine la terreur, est devenu un acteur encore plus audacieux et déstabilisateur au Moyen Orient », avait-t-il déclaré lors de l’audience de confirmation au Sénat en janvier 2017. Il a toujours entretenu des liens avec Israël. Il s’y est rendu en 2015, alors qu’il était encore membre du Congrès du 4e district du Kansas, pour s’informer sur des problématiques sécuritaires et visiter Jérusalem. « Les efforts de Netanyahou pour empêcher l’Iran d’obtenir des armes nucléaires sont particulièrement remarquables et très appréciables », a-t-il dit après avoir rencontré le Premier ministre de l’époque. Il avait également salué la « retenue admirable des Israéliens face à des attaques d’une cruauté indescriptible », se référent aux attaques terroristes palestiniennes, dont celles au couteau. Les États-Unis doivent « se tenir aux côtés de notre allié Israël et mettre un terme au terrorisme », avait-il déclaré alors.
En Iran, l’inquiétude n’a pas tardé à se faire sentir à l’annonce de l’éviction de Rex Tillerson. Selon le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, le renvoi du secrétaire d’État est une preuve de plus de la détermination des États-Unis à quitter l’accord sur le nucléaire iranien. « Les changements au sein du Département d’État ont été effectués à cette fin, ou du moins c’est l’une des raisons », a affirmé Abbas Araghchi, cité par l’agence Isna.
Selon toute vraisemblance, le 12 mai prochain, Donald Trump appliquera à nouveau les sanctions américaines contre Téhéran, levées dans le cadre de l’accord, si l’Europe n’arrive pas à obtenir plus de concessions de la part de Téhéran concernant son programme balistique et ses ambitions hégémoniques régionales. Sur ces sujets, Téhéran a opposé une fin de non-recevoir au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en visite en Iran, le 5 mars dernier.
L’arrivée de Mike Pompeo est donc de mauvais augure pour la survie de l’accord, même si mardi le commandant des Forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel, a déclaré devant une commission du Sénat qu’il partageait l’opinion du ministre de la Défense Jim Mattis et du chef d’état-major américain Joe Dunford qui considèrent qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de le conserver.
Source elnetwork.fr