Dénis de justice…

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Par Jean-Marc Lévy, vice-Président d’Israël Is Forever Alsace

L’une des plus grandes avancées dans l’organisation des sociétés humaines civilisées a été de déléguer et de donner mandat à des personnes dûment formées et qualifiées d’assurer la sécurité des peuples et les missions de police, de rendre la justice, de légiférer ou de gouverner en leur nom. On en trouve déjà trace, il y a plus de 3000 ans dans la Tora écrite (Exode, paracha Yitro) où Yitro, beau-père de Moché, explique à son gendre tous les bienfaits et les avantages du management et l’intérêt de déléguer pouvoir et autorité.

En France, si les pouvoirs exécutifs et législatifs tirent leur légitimité du suffrage universel, il n’en va pas de même pour l’autorité judiciaire, les juges étant nommés administrativement. Au vu des fiascos judiciaires (affaire Outreau) et du naufrage de l’institution judiciaire (affaire de Viry-Chatillon, affaire Sarah Halimi), on pourrait préférer le système américain où les juges sont élus par le peuple et assument ouvertement leur orientation idéologique. Telle n’est pas la tradition de nos institutions, la justice étant rendue au nom du peuple, et selon une politique définie par le pouvoir exécutif et votée par le pouvoir législatif. C’est d’ailleurs la seule justification du statut des juges qui sont des fonctionnaires d’Etat : préserver l’indépendance et surtout l’impartialité de la justice en l’éloignant de toute idéologie et de toute influence.

Or, depuis plusieurs décennies, l’institution judiciaire a été trahie par ceux qui auraient dû la servir sans faille. Acquis idéologiquement aux thèses de la gauche et de l’extrême-gauche, les juges ne rendent plus la justice au nom du peuple français, mais selon un parti-pris idéologique : les délinquants et les criminels sont, par définition, des victimes de la société ; issus de l’immigration, ils seraient en plus victimes de la colonisation et victimes de discriminations en tous genres. Au nom de cette antienne, leurs délits voire leurs crimes seraient compréhensibles donc excusables. Cette inversion des valeurs a été théorisée dès les années 1970 par les « juges rouges » du syndicat de la magistrature et notamment par Oswald Baudot, substitut du procureur de Marseille et membre du syndicat de la magistrature qui, dans un texte célèbre écrit en 1974, haranguait ainsi les jeunes magistrats : « Soyez partiaux, écrivait-il. Pour maintenir la balance entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, qui ne pèsent pas d’un même poids, il faut que vous la fassiez un peu pencher d’un côté. (…) Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurances de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice ». Ce parti-pris est un fondement de la discrimination positive, c’est-à-dire la réparation de discriminations réelles ou supposées par une autre discrimination conforme à la bien-pensance, et motive depuis longtemps les décisions de justice basées sur la culture de l’excuse. Au nom de la harangue de Baudot, la fin justifiant les moyens, certains juges s’autorisent aussi à outrepasser la loi pour se payer une personalité, par exemple en violant la confidentialité de la relation entre un avocat et son client (affaire Sarkozy). Le laxisme judiciaire constaté par une majorité de Français provient également de l’inversion de la hiérarchie institutionnelle et des politiques qui, en dernier ressort, se soumettent à l’autorité judiciaire.

Le paroxysme du laxisme de cette justice « mur-des-cons » vient d’être atteint à la fois dans l’affaire de Viry-Chatillon, où en 2016, deux policiers avaient manqué de périr brûlés dans leur voiture suite à une tentative de meurtre en bande organisée et où le réquisitoire en appel a été plus « clément » qu’en première instance, aboutissant pour certains accusés à des relaxes ou à des peines typiques d’un simple délit. Le paroxysme du laxisme vient d’être atteint également dans l’affaire Sarah Halimi, où contrairement à la raison et à l’éthique, le meurtrier antisémite d’une vieille dame juive ne sera pas jugé. En 2021, dans un pays qui s’appuie sur une tradition de défense des droits de l’homme et qui prétend lutter contre l’antisémitisme, ces deux affaires conjuguent une grande barbarie auquel répond un grand laxisme, et ce message envoyé par la justice à la société est désastreux ! Car on comprend bien qu’au nom d’une circonstance aggravante (la prise de drogue) transformée opportunément en circonstance atténuante, les terroristes atteints d’une bouffée délirante opportune au moment de leur passage à l’acte pourraient ne plus être poursuivis ; quant aux criminels de guerre nazis dopés aux amphétamines (pervitine et  benzédrine), avec des experts psychiatriques aussi compréhensifs, ils auraient eu peu de chance d’être jugés et condamnés à Nuremberg !

Le besoin de comprendre commande alors d’interroger les partis-pris des juges et des experts tout au long de l’instruction, comme celui de l’alliance incestueuse médiatico-politico-judiciaire où règne en majesté un éternel deux poids deux mesures, et qui choisit ses victimes. Que font donc, par exemple, les soi-disant féministes qui sont, paraît-il, en pointe du combat pour la défense du droit des femmes et des violences faites aux femmes, et qui observent un silence assourdissant ? Ce « féminicide » antisémite ne mérite-t-il pas leur compassion et leur condamnation ? Apparemment pas ! Ce deux poids deux mesures qui est un néo-racisme guide aujourd’hui la justice dans un esprit qui n’aurait pas déplu à Vichy. On rappellera pour mémoire que l’institution judiciaire avait, à l’exception notable d’un seul magistrat Paul Didier, prêté allégeance et fidélité au maréchal Pétain, et appliqué, sans état d’âme, les législations d’exception qui transformaient les Juifs en citoyens de second ordre, et qui ont mis en œuvre l’exclusion, la révocation et l’interdiction d’exercer des magistrats juifs de la magistrature et des avocats des barreaux, institution judiciaire qui n’a jamais depuis exprimé le moindre regret ou « fait repentance »…

La réponse des avocats de la famille de Sarah Halimi à ce déni de justice scandaleux est survenue sous la forme d’une claque magistrale à la justice française : au nom de la sœur israélienne de Sarah Halimi, les avocats Mes Gilles-William Goldnadel et Francis Szpiner ont saisi en effet la justice de l’Etat d’Israël, compétente en cas d’atteinte de la vie d’un Juif commise à l’étranger. C’est une claque parfaitement méritée et une humiliation pour la France, qui ne sait plus ou ne veut plus juger certains criminels. Dans une France en voie de libanisation, on se souviendra que dans les pays musulmans, les dhimmis juifs et chrétiens ne pouvaient être ni témoins ni poursuivre en justice des musulmans. Alors la France est-elle vraiment devenue un tel pays ?

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