Denis Charbit au bord de la crise de nerfs

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דניס שרביט

Par Jean-Pierre Lledo

Gémissements, geignements, lamentations, contradictions, lapsus, les auditeurs de la chaine d’information Qualita[1] ont eu droit à toute la panoplie de sa rhétorique souffreteuse, doublée d’une gestuelle dans tous les sens (que l’on pouvait deviner, l’entretien n’étant pas filmé).

Abonné israélien quasi exclusif, depuis des années, aux chaines françaises, radio et TV, pour prodiguer la Bonne Parole (de gauche et anti-Netanyahou), il s’était déshabitué à être contredit. Déstabilisé par des objections de bon sens, l’universitaire ayant perdu le contrôle de son discours, a laissé échapper quelques perles révélant les fondements de sa pensée.

L’entretien portait sur la proposition de Trump de relocaliser la population de Gaza, qui a jeté dans le plus grand effroi, la France philoaraboislamique, le monde musulman, et cette bonne gauche mondiale dont l’universitaire se veut le représentant israélien.

Ce dernier commence par se faire l’avocat des otages dont la vie serait menacée par cette « provocation » de Trump. Mais n’étaient-ce pas les familles d’otages elles-mêmes qui avaient remercié le nouveau Président d’avoir ENFIN frappé sur la table et menacé « de l’enfer » le hamas, s’il ne libérait pas tous les otages ? Et quelle différence avec l’administration américaine précédente, quand on a vu un Blinken se demander, en guise d’adieux, pourquoi le monde s’était accommodé de la prise de 250 otages, 250 crimes de guerre ! Mais là-dessus l’universitaire n’a aucun commentaire.

Son but réel est-il vraiment de s’inquiéter des otages, comme ses trémolos tentent de nous en persuader. Sur 15 mn, à peine 5 mn leur sont consacrées. Et durant 10mn sa véritable inquiétude concerne les falestiniens. « Ce qui me préoccupe c’est les palestiniens, c’est les otages… ». Ayant pris conscience de son lapsus, il inversera, en conclusion, la chronologie de ses inquiétudes. Mais durant ces 10’, son discours n’est rien d’autre qu’une nouvelle manifestation de l’instrumentalisation de la cause des otages par la gauche israélienne, dont le but manifeste depuis plus de deux ans est de faire chuter le gouvernement Netanyahou, fantasme explosé par l’élection de Trump.

Voyons donc qu’est-ce qu’a à nous dire celui qui a tant « d’inquiétude » pour les Falestiniens…

1 – La guerre et la proposition de Trump.

« Personne ne peut nier que le bilan est terrible… Une hécatombe que personne ne peut nier… On parle de 30 000 de civils et de combattants… ». Il rectifie aussitôt : « des terroristes du hamas… ». Un autre lapsus qui dit mieux que tout le lieu d’où parle l’universitaire…

Après quoi, il rajoute : « Et on dit à ceux qui voient leurs maisons détruites : « vous partez et ne reviendrez plus jamais »Ce sera une 2ème Naqba…. ».

Ainsi dans le bilan de l’universitaire, il n’y a ni le franchissement de la frontière par des hordes de massacreurs, ni les 250 otages, ni les plus de 800 soldats qui sont tombés pour notre survie collective, ni retournement du monde contre la victime, ni la violation du droit des otages au moins à une alimentation minimale, ni les sévices qu’ils ont subis dans le noir des tunnels durant plus d’une année, torture et abus sexuels, ni les vidéos de propagande, allant même jusqu’à obliger l’une des otages à se faire filmer… morte, ni la perversité des mises en scène de libération, ni le silence des organismes internationaux, à commencer par la Croix Rouge, ni la non-condamnation par l’ONU de l’utilisation par le hamas de boucliers humains, d’hôpitaux, écoles, mosquées, ni la complicité de l’UNRWA alors que le centre informatique du hamas avait été installé sous son siège à Gaza-ville…. !

Il est vrai qu’il y a peu encore, lors de la promotion de son dernier livre, il volait à son secours: « Les deux textes de loi votés par la Knesset sont effectivement une attaque en règle, de déclaration de guerre d’Israël à L’Unrwa qui est aujourd’hui la cible principale ».

Pas un mot d’indignation, pas une bribe de pathos donc par rapport à la violation des droits humains par le hamas… Son inquiétude est on ne peut plus, sélective. Il n’a qu’une seule crainte : que ses amis falestiniens subissent « une 2ème Naqba ». Ce qui veut dire aussi qu’il réprouvait aussi la première de 1948-49 ! S’enfuyant à l’appel de leurs dirigeants afin de faciliter les avancées des armées arabes, ou chassés par Tsahal pour complicité avec ces armées, 600 000 d’entre eux s’en allèrent vers les pays arabes environnants dont le but déclaré était de jeter les Juifs à la mer et d’anéantir le nouvel Etat juif, Voilà Mr l’universitaire, ce qui fut appelé « Naqba » par mimétisme avec « Shoah », afin de nazifier les Juifs et d’inverser la victimisation !

Est-ce un tel narratif mensonger qui depuis plus de 70 ans justifie actes terroristes, massacres, prises d’otages, guerres, que vous défendez ? Auriez-vous oublié les propos du premier Secrétaire Général de la Ligue Arabe tout juste créée, Abdul Rahman Azzam en Octobre 1947 ? « Cette guerre contre les Juifs sera une guerre d’extermination et un monumental massacre dont on parlera comme des massacres mongols du 13e siècle, ou des guerres des Croisés… Ce sera l’opportunité d’un vaste pillage… Il sera impossible de maîtriser le zèle des volontaires qui arriveront de tous les coins du monde…»[2].

Et aucune trace durant 15mn d’entretien, de ce zèle des populations de Gaza, participants à la prise d’otages et à la curée du 7 octobre, la célébrant même avec force loukoum, ne livrant durant une année et demie, aucune information qui aurait permis de libérer les otages ! Quelle tristesse !

2 – « La solution » de l’universitaire…

La formule de la « solution à deux Etats » « ayant été assassinée le 7 Octobre », comme vient de le déclarer le Président de la Knesset, et n’étant plus prononçable sans paraitre risible, au moins par un Israélien juif, notre universitaire choisit d’attaquer… Israël : « On ne veut pas résoudre politiquement le problème». Exit toutes les propositions israéliennes de partage de territoires (suicidaires pour Israël), de Rabin, d’Olmert et de Barak, pour n’évoquer que les dernières. Exit les refus, les intifadas et le terrorisme falestiniens, dont le 7 octobre fut le point d’orgue. Exit tous les discours de dirigeants de l’OLP expliquant que tous les mouvements falestiniens n’ont qu’une seule finalité : « from the river to the sea« , et qu’ils ne différencient que par les moyens de l’atteindre. Exit que la première force « politique » à Gaza comme en Judée Samarie est bien le hamas.

Emporté par son logos, l’universitaire tombe dans le piège que lui tend le journaliste : « Oui, le conflit est territorial… ! » Territorial le massacre du 7 octobre ? Territorial, le massacre de Hébron en 1929 ? Territorial l’aveu de Ben Bella : « Tant qu’existera Israël, moi Arabe je n’existerai pas. Et inversement… ». Pour ressortir du piège, l’universitaire sort brusquement de son chapeau sa « solution », une solution on ne peut plus farfelue : « On évacue Gaza parce que c’est un champ de ruines… Et en parallèle on crée un Etat palestinien en Cisjordanie. Là on est honnête… Là on est donnant donnant … ». « Donnant donnant », autrement dit « Win Win ». Quelle spectaculaire conversion au logos du businessman Trump ! Serait-il déjà, à son corps défendant, sous son emprise ?

Acculé par le journaliste, il concède du bout de sa lippe : « L’éradication du hamas est un objectif commun à nous tous… ». Mais en même temps, il réprouve la guerre : « Et qui va payer le prix, ce sont bien sûr nos enfants sur le front… »… Lapsus ou stratégie discursive bien pensée, il veille à se rectifier aussitôt : « Mais l’armée est faite pour ça et je ne peux que m’incliner ».

Car il nous l’a déjà dit : « La solution est politique… Un conflit se termine par des négociations, pas par l’extermination d’un peuple ! » Et voilà donc Israël à nouveau sur le banc de ses accusés ! C’est Israël qui extermine. Quelle honte ! De plus, Mr l’universitaire de l’histoire des idées, pourriez-vous nous dire par quelle négociation s’est terminée la guerre qu’Hitler avait déclarée ? Ne confondez-vous pas « négociation » et « reddition » ?

Après le massacre du 7 Octobre dont les auteurs n’ont été condamnés par aucune institution, Etat, parti, mouvement falestinien ou arabe, le monde arabo-musulman a perdu le droit d’imposer une coexistence judéo-arabe dont le terme est l’anéantissement d’Israël. Aucun peuple ne peut-être sommé d’être la proie d’assassins ad vitam aeternam. Un jour ou l’autre, il fallait bien en arriver à la rupture. Le plan Trump c’est le bon sens incarné, et ceux qui comme Barnavi, dans le passé, appelaient « les USA à nous aider à divorcer », devraient être aujourd’hui les premiers à l’applaudir.

Les assassins doivent être repoussés loin des Juifs. Hors de Gaza et hors de Judée Samarie. Revenir aux frontières naturelles, from the river to the sea, est la seule « solution » aujourd’hui. Le transfert de population n’a été inventé ni par Israël, ni par les USA. C’est une mesure extrême qui vaut mieux que des massacres à perpétuité suivies de sévères représailles… Compte tenu que les dits « falestiniens » partagent la même culture, la même religion et la même langue que les 22 pays arabes, que ces derniers fassent ce qu’Israël a fait durant les années 50, 60 et 70 : accueillir, absorber 800 000 Juifs chassés du monde arabe dont la plupart ne parlait pas l’hébreu, et qui en quelques générations ont pu accéder à de hautes responsabilités.

Un dernier mot

L’université ouverte de Raanana qui emploie depuis de nombreuses années cet « historien des idées », ne devrait-elle pas s’inquiéter que soit enseigné en son sein des discours qui se montrent plus inquiet du « malheur falestinien » que de la survie juive ?

Plutôt que de s’intéresser aux droits des assassins (comme par exemple de veiller à ce que les prisonniers arabes aient des fruits frais à chaque repas, ou que des soins médicaux allant au-delà des soins vitaux soient prodigués dans les hôpitaux israéliens aux terroristes de la No’hba, le commando du Hamas qui a commis les massacres du 7 octobre), ne devrait-elle pas enseigner le droit des Juifs à habiter cette terre en tant que peuple juif, comme cela est dit dans la Déclaration d’indépendance ?

En un mot, l’enseignement du déni étant le pire, cette université, comme bien d’autres en Israël, ne devrait-elle pas être expertisée ?

En tous cas Mr Charbit sachez que ce sont vos discours, ceux de la gauche, qui ont désarmé le peuple des Kibboutz le 7 octobre 2023, et qui ont été la cause de la paralysie de Tsahal les premiers jours. Vous et vos semblables aurez des comptes à rendre, au moins à votre conscience.

La Déclaration d’indépendance lue par Ben Gourion le 15 Mai 1948 commence ainsi : « ERETZ-ISRAEL (le pays d’Israël) est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance, créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle et fit don de la Bible au monde entier. ».

Elle se termine ainsi : « NOUS LANÇONS UN APPEL au peuple juif de par le monde à se rallier à nous dans la tâche d’immigration et de mise en valeur, et à nous assister dans le grand combat que nous livrons pour réaliser le rêve poursuivi de génération en génération : la rédemption d’Israël. CONFIANTS EN L’ÉTERNEL TOUT-PUISSANT, NOUS SIGNONS….».

‘’La rédemption d’Israël’’, vous avez bien lu Mr Charbit qui vous moquez aussi de ce mot-là et avez l’habitude de qualifier « d’extrême-droite messianiste » tous ceux qui qui ont le tort de s’opposer à votre idée assassine d’Israël comme « pays de tous ses citoyens » ?

Jean-Pierre Lledo, cinéaste, essayiste

[1] Entretien avec Daniel Haik. Qualita. 6 Février 2025

https://lphinfo.com/la-proposition-trump-un-coup-dur-porte-aux-familles-dotages-entretien-avec-le-pr-denis-charbit/

[2] Interview du 11 octobre 1947 dans le quotidien ‘’Akhbar al-Yom’’

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