Le directeur d’une école très connue de Jérusalem raconte qu’il y avait dans son quartier un vieux Juif au comportement tout à fait simple. Mais lorsque cet homme récitait le Birkath Hamazon, il priait comme un véritable ‘hassid (pieux), d’une façon qui ne correspondait pas à son comportement quotidien habituel.
Ce directeur d’école, pris de curiosité, s’est enhardi à lui poser la question suivante : « Quel est le secret de cette dévotion lorsque vous récitez le Birkath Hamazon, au point d’apparaître comme un autre homme ? »
Le vieux Juif lui a alors répondu :
« Lorsque j’avais 12 ans, j’étais élève dans une école de Pologne. Le Grand de la génération d’alors, rav Meir Shapira de Lublin (le fondateur du Daf Hayomi), est venu nous dire des paroles d’encouragement. A un moment, il nous a demandé : « Chers enfants, savez-vous quelle est la lettre de l’alphabet qui n’apparaît pas dans le Birkath Hamazon ? »
Il a alors cité le Baer Hétèv, un livre de Halakhoth dans ce qu’il écrit sur le Birkath Hamazon (O. H. § 185) : « J’ai trouvé pourquoi il n’y a pas de lettre « Pé final » dans le Birkath Hamazon ! Car quiconque récite le Birkath Hamazon avec concentration, ne sera jamais en colère ou en rage (NDT : mots hébreux écrits avec un Pé final), et jouira d’une nourriture exceptionnelle et abondante tous les jours de sa vie ». Et le Baer Hétèv de ramener des sources issues de l’introduction du Sidour de Vilna et du Tachbets ancien (§ 366).
Le rav Shapira a enjoint chacun de nous de nous engager à toujours réciter le Birkath Hamazon avec concentration. « Vous verrez tout le bénéfice que vous en tirerez, un véritable chèque signé par le Baer Hétèv. Vous n’aurez aucune souffrance, et en plus vous aurez une parnassa abondante tout au long de votre vie. »
Des années plus tard, je me trouvais devant les portes du camp d’extermination d’Auschwitz, devant le fameux tri désignant les êtres vers la gauche (menant à la chambre à gaz) ou vers la droite… Face à l’odieux ennemi nazi, je me suis soudainement souvenu des paroles du rav Shapira dans mon école, et je me suis dit qu’était arrivé le moment de faire « débiter » le fameux chèque. Et me voilà en train de prier mon Créateur : « Maître du monde, j’ai reçu une assurance du Tachbets et du Baer Hétèv, que quiconque récite le Birkath Hamazon avec concentration ne connaîtra jamais de souffrances. Ici, devant les portes d’Auschwitz, je Te demande humblement, Maître du monde, de me préserver de toute détresse et angoisse. » Alors même que je priais, on m’a désigné pour la file de droite, celle de la vie.
Les Nazis ont ensuite ordonné que chacun décline sa profession afin que leur officier nous affecte à une tâche. J’étais un jeune élève de Yechiva, et comme tel n’avait jamais travaillé ; je ne savais donc pas quoi dire. J’ai donc réitéré une prière émue à D’ : « Mon D’, j’ai reçu la promesse d’une parnassa abondante, et j’ai besoin de manger ici à Auschwitz. Mais je n’ai aucune profession à donner à leur officier… » Alors même que je priais, le gars qui se tenait derrière moi dans la file d’attente m’a dit : « Dis-leur que tu es cuisinier, et je t’aiderai ». C’est ainsi que je me suis retrouvé dans les cuisines d’Auschwitz, avec toute la nourriture possible autour de moi, alors que tous ici souffraient horriblement de la faim. » Le vieux monsieur a ainsi expliqué comment il avait vu se réaliser les promesses du Tachbets et du Baer Hétèv à l’intérieur même de l’enfer nazi d’Auschwitz…
Et avec ça, on ne réciterait pas le Birkath de toutes nos forces et de toute notre âme ???…