Décryptage : on a regardé pour vous « Passeurs » sur Arte

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Projeté le 24 mai dernier sur la chaîne culturelle franco-allemande, ce reportage est un parfait exemple de la propagande anti-israélienne.

A l’approche du 50e anniversaire de la guerre des Six-jours, la chaîne franco-allemande a diffusé le mardi 24 mai trois heures de reportages et de documentaires consacrés à Israël et à la question palestinienne.

Après un portrait en demi-teinte de David Ben Gourion, le père fondateur de l’Etat d’Israël, Arte s’est sans doute sentie obligée de « rééquilibrer » sa programmation en mettant à l’antenne deux reportages de propagande anti-israélienne.

Le premier est consacré à Jérusalem, sur lequel InfoEquitable reviendra tout prochainement.

Le second, « Passeurs », qui raconte la vie de ceux qui aident les travailleurs palestiniens sans papiers à entrer clandestinement en Israël pour y trouver du travail.

 

 

Pendant près d’une heure, ce reportage de pure propagande offre une vision à la fois caricaturale, insidieuse, déséquilibrée et injuste de la société israélienne, accusant les Israéliens de se comporter en négriers à l’égard des Palestiniens qui, à en croire la chaîne franco-allemande, seraient réduits en quasi esclavage (accusation collective, ce sont bien tous les Israéliens qui, pour Arte, sont coupables).

Présentation totalement aberrante, de surcroît. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent chaque jour en Israël et de la manière la plus légale et bénéficient de toutes les protections sociales prévues.

Mais comme tout Etat de droit, Israël doit lutter contre le travail clandestin et tente d’empêcher les Palestiniens sans papiers de venir travailler de manière illégale en Israël.

 

Des « experts » israéliens ? Non des militants d’extrême-gauche.

Dès les premières secondes, « Passeurs » fait intervenir un économiste israélien : Shir Ever.

 

 

Ce distingué « économiste » avertit d’emblée le téléspectateur. La société israélienne fonctionne sur le modèle du « système colonial » qui asservit les travailleurs palestiniens.

Shir Ever qui s’exprime à de nombreuses reprises dans le reportage considère que l’ensemble des Israéliens sont peu ou prou coupables. Il avance des chiffres : « En Israël un tiers des maisons ont été construites par des palestiniens » (d’où sortent ces statistiques ?) et délivre sa sentence : « Chaque famille israélienne propriétaire ou locataire profite de ce travail. » Tous coupables, on vous le dit !

Petite précision d’InfoEquitable : Shir Ever est l’un des principaux animateur de l’Alternative Information Center, un groupuscule d’extrême gauche dont le site internet affiche sans ambages des positions anti-israéliennes.

Shir Ever est par ailleurs un militant du boycott anti-israélien BDS. Il était dernièrement invité sur la radio catholique française RCF pour diffuser sa propagande haineuse (et illégale, au regard du droit français).

Un autre intervenant israélien intervient à son tour : Barak Kalir, professeur d’anthropologie (!) à l’université d’Amsterdam. Spécialiste de l’Asie. Installé depuis de nombreuses années aux Pays-Bas. Mais, avec Shir Ever, c’est le seul universitaire déniché par la chaîne franco-allemande pour mieux stigmatiser la société israélienne.

 

 

« Un demi-million de palestiniens dépendant économiquement du travail de ces clandestins », explique-t-il. Le reste est l’avenant : les Palestiniens sont des victimes et n’ont pas le choix. Les Israéliens sont les exploiteurs.

Bien entendu, une fois ces postulats posés,  Arte n’a pas jugé utile d’interviewer d’autres Israéliens qui auraient pu apporter un éclairage contradictoire. La cause est entendue !

Arte nous emmène ensuite dans le petit village palestinien de Jinba au sud de la Cisjordanie, un endroit ou la barrière de sécurité n’est pas encore construite, point de passage des travailleurs clandestins.

Commentaire :

Ceux qui ont les moyens de faire appel à un passeur tentent de trouver du travail sur l’un des nombreux chantiers en Israël.

L’armée israélienne patrouille régulièrement dans la zone : un danger permanent pour les 300 habitants du village.

Décryptage :

A quel « danger » Arte fait-elle référence ? Quelle est cette menace permanente qui plane sur les habitants du village… ? Châtiments, punitions collectives ?

Dans la pénombre du petit matin, Ali Jabarine, le chef du village de Jinba, intervient :

 

 

L’armée interdit aux gens de traverser la région. Elle ne veut pas qu’il y ait d’échanges de part et d’autre.

 

Le commentaire continue :

Les passeurs doivent emprunter les routes et les chemins qui traversent les villages bédouins. Ces villages frontaliers sont devenus le point de mire de l’armée israélienne. Les habitants se voient d’ailleurs reprocher d’apporter leur aide aux passeurs. (…) de tous les villages, Jinba est le plus proche de la ligne verte. Il est le plus exposé aux interventions de l’armée. Il y a 20 ans, Jinba comptait 800 habitants. Aujourd’hui, il en reste à peine 300.

 

 

Décryptage :

Qu’est ce qui est suggéré dans ce commentaire ? L’armée chasse-t-elle les habitants des villages ? Les a-t-elle tués ? Non bien sûr. Le reportage d’Arte ne va pas jusqu’à avancer de telles énormités. Tout est juste insinué.

Un matin, une patrouille de gardes frontières israéliens chargée de lutter contre les réseaux de trafic de travailleurs clandestins effectue une opération de contrôle dans le village.

 

 

Opération de routine. Pas un coup de feu n’est tiré. Personne n’est interpellé. Aucune violence ne survient. Pour Arte, c’est à nouveau l’occasion d’accabler les Israéliens.

Le chef du village, Ali Jabarine :

 

 

Un des soldats m’a dit que pendant la nuit, quelqu’un a volé des sacs au poste militaire. Ils mentent, bien sûr qu’ils mentent. Ils ont quelque chose en tête mais je ne sais pas quoi.

 

Paroles de passeurs

Mohamed Al Daïs, le passeur « professionnel »

Depuis 40 ans, il fait passer quotidiennement des travailleurs clandestins en Israël à bord de son 4×4.

 

 

Les clandestins risquent leur vie, mais ils n’ont pas d’autre choix pour survivre…

 

Décryptage :

Les clandestins « risquent leur vie » ? C’est bien ce qu’affirme Mohamed Al Daïs. Mais comment donc ? Les soldats israéliens leur tirent-ils dessus ? Font-ils des cartons sur les travailleurs illégaux ? Arte n’en dit pas plus. Mais c’est bien ce qui est suggéré de manière mensongère.

L’activité de Mohamed al Daïs est elle-même présentée comme « à haut risque ». Passeur récidiviste, il a en réalité été condamné à plusieurs reprises par les tribunaux israéliens et se trouve en liberté conditionnelle.

Il s’apitoie sur son sort :

 

 

Ces quatre dernières années, j’ai fini deux fois en prison. A chaque fois, ça m’a coûté 40.000 shekels d’amende. En plus, pendant les cinq mois où j’étais sous les verrous, je ne gagnais plus d’argent bien sûr. Je n’avais plus aucun revenu. Ma famille a vécu avec l’argent que j’avais mis de côté. C’était la seule solution. Mais ça leur a suffi seulement pour le strict minimum. C’est comme ça qu’ils ont survécu.

 

Un autre passeur soulève son T-shirt, comme s’il voulait montrer la trace d’une blessure (en fait, il n’y a rien…). La camera le filme complaisamment.

 

 

J’ai passé 3 mois en prison. Ils m’ont humilié. J’étais loin de mes enfants et ils ont eu faim. Qui aurait pu les aider ?

Il m’a enfoncé violemment son arme dans le ventre et l’a retirée. Après il m’a dit : « tu as compris la leçon ? Ne remet jamais les pieds en Israël. » Je lui ai répondu : «il faut bien que je m’occupe de mes enfants. »

 

Une fois en territoire israélien, les clandestins gagnent un chantier dans l’agglomération de Tel-Aviv.

 

Paroles de clandestins :

 

 

Avant, il suffisait de signer un procès verbal. Aujourd’hui, ils te coffrent directement. Ça devient de pire en en pire. Jeudi dernier ils ont coincé un de nos collègues.

 

 

Israël nous traite de terroristes. Mais on n’en est pas… Tout ce qu’on veut c’est travailler. On n’est pas des criminels; quand ils nous attrapent, ils nous mettent en taule. Entre deux et quatre mois. Parfois on doit payer une amende en plus. Regarde plutôt dans quelle situation on se retrouve. Dix ouvriers dans une voiture.

 

Décryptage :

Ce travailleur clandestin ne dit pas « Israël », mais « Yahoud », traduisez « les Juifs ». Ce terme, « Yahoud » revient constamment dans la bouche des Palestiniens interviewés. On l’entend distinctement à plusieurs reprises sur la bande son. Mais à chaque fois, Arte préfère traduire par des termes plus « politiquement corrects » : « Israël », « l’armée » ou encore « les soldats ». C’est sans doute plus efficace pour rendre les Israéliens collectivement responsables en gommant la haine des Juifs qui imprègne souvent la population palestinienne. Les téléspectateurs d’Arte n’auront en tout cas pas droit à la version exacte de l’interview. Falsification ?

 

Deux ou trois choses relevées sur les séquences tournées en Israël

L’équipe de reportage accompagne les ouvriers clandestins sur un chantier en Israël.

Commentaire :

Nous ne pouvons filmer l’activité sur les chantiers que de loin. Les ouvriers ont trop peur de perdre leur travail si jamais des gardes les surprenaient en compagnie d’une équipe de tournage.

 

 

Décryptage :

« Des gardes », vous avez bien lu, bien entendu. Il y aurait ainsi des « gardes », des gardiens… sur les chantiers de construction, pour surveiller les travailleurs palestiniens.

Il suffit de se promener dans les rues de Tel-Aviv où se trouvent aujourd’hui de nombreux chantiers pour constater que cette affirmation est une pure invention, un fantasme. Une fois de plus, sur le mode de l’insinuation, Arte suggère aux téléspectateurs que la société israélienne aurait organisé un système colonial, voir concentrationnaire, dont seraient victimes les Palestiniens.

 

Mahmoud Al Hattar

Il a « fait des études » de sciences politique à l’Université de ‘Hévron et n’a pas trouvé pas de travail. Pour gagner sa vie il fait des chantier – au noir – en Israël.

 

 

Tous les diplômés qui ne trouvent pas de travail dans les territoires palestiniens doivent aller travailler en Israël. les conditions de travail sur les chantiers sont très difficiles. On dort sur le site. Il n’y a pas de salle de bains. On reste dix jours sans se laver.

 

Décryptage :

A nouveau, une propagande insidieuse et mensongère. Selon Mahmoud Al Attar, « TOUS les diplômés Palestiniens au chômage « DOIVENT ALLER travailler en Israël » où ils sont réduits à un état de quasi-esclavage. Comme s’il s’agissait d’une loi imposée par Israël… Non, ils ne « doivent » pas y aller. Personne ne les oblige. Ils choisissent d’y tenter leur chance de manière clandestine alors qu’il existe des possibilités d’y travailler de manière légale.

… Et le commentaire d’Arte enfonce le clou : le seul avenir pour ces jeunes « qui font de bonnes études » en Cisjordanie est d’aller « poser des briques sur un chantier israélien. »

 

Retour à Jinba. A nouveau le chef du village, Ali Jabarine

 

C’est une région propice à l’agriculture, mais l’armée israélienne nous empêche d’acheter du matériel moderne. Le désert du Néguev s’étend sur plus de 350 km de long. Le territoire est vide. Leur armée pourrait s’entraîner là bas. Au lieu de ça, ils font leurs exercices militaires chez nous pour chasser la population locale.

 

 

… ET le chef parle à nouveau des « yahoud » qui veulent « détruire le village… »

 

 

Arte traduit à nouveau « l’armée » … C’est plus présentable.

Piqûre de rappel de Shir Ever, « C’est du colonialisme, » dit le militant BDS.

 

 

Il est clair que du point de vue technologique, Israël a les moyens de contrôler une frontière. Mais les autorités choisissent de ne pas le faire. Elles ferment les yeux, c’est leur politique. C’est comme ça que fonctionne une politique coloniale. On laisse les gens franchir la frontière. Qu’est ce qui caractérise un système colonial ? L’imprévisibilité. Même si vous êtes irréprochable, vous pouvez être arrêté du jour au lendemain sans que vous sachiez pourquoi. L’inverse peut se produire aussi. Vous violez la loi, mais les autorités ferment les yeux… Ce genre de pratique crée de la confusion de l’insécurité et de la peur. C’est comme ça que fonctionne un système colonial. »

 

En guise de conclusion, Barak Kalir élargit le champs des responsabilités. Et si les Juifs de France faisaient aussi partie des coupables ?

 

 

En Israël, le secteur du bâtiment connait un grand essor, alimenté par l’arrivée constante de Juifs. Cela a commencé en 1990 après la chute du rideau de fer quand un million de personnes sont arrivées en Israël en l’espace de 3-4 ans. Ce mouvement migratoire se poursuit aujourd’hui avec la nouvelle vague d’antisémitisme que connaît l’Europe. Israël tente d’agir en amont en incitant les Juifs d’Europe à venir. Ces dernières années, par exemple, beaucoup de Juifs français sont partis s’installer en Israël.

 

Ce ne sont là que quelques extraits. Mais le reste est à l’avenant. Un reportage à charge, diabolisant de manière insidieuse la société israélienne dans son ensemble, sans jamais donner la parole à un interlocuteur qui puisse apporter un point de vue contradictoire. En violation des règles de base du service public audiovisuel. C’était le 24 mai dernier sur la chaîne culturelle franco-allemande.

Source www.infoequitable.org

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