Est décédé l’un des plus anciens et des plus respectés rabbins d’Israël, le rav Sim’ha HaCohen Kook, Grand rabbin de Re’hovot pendant des décennies, apprécié par tous les milieux. Il avait l’âge de 92 ans.
Be’hadré ‘Harédim – Moshe Weisberg
Deuil dans le monde du rabbinat et de la halakha : de l’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem nous vient la douloureuse et triste nouvelle du décès du Grand rabbin Sim’ha HaCohen Kook, Grand rabbin de la ville de Re’hovot pendant des décennies, directeur de la Yechiva Maor Hatalmoud et rabbin de la synagogue ‘Hourva en Vieille Ville de Jérusalem.
Le rav Sim’ha HaCohen Kook était l’un des plus anciens rabbins d’Erets Israël. Depuis la mort accidentelle de son frère aîné, rabbi Chelomo, il a pris la relève en tant que rabbin de la ville de Re’hovot. Il était estimé par les Juifs du monde entier.
Il est né en 1930 dans la maison de Mandelbaum, fondée par son grand-père, feu le rabbin Sim’ha Mandelbaum, qui est devenue au fil des ans la mythologique « porte de Mandelbaum ». Son père, rav Refaël, un neveu du rav Avraham Yits’hak Kook zatsal, dont il était l’un des élèves proches, et sa mère, la rabbanith Bila Rachel, l’ont élevé avec beaucoup de soins.
La maison, qui était située à la frontière de la Jordanie et d’Israël, a d’abord été intentionnellement construite sur la frontière, afin de servir de continuum territorial entre la Vieille Ville et la Ville nouvelle. L’usine de textile familiale employait de nombreux habitants de la ville qui devaient faire face quotidiennement au danger des Jordaniens à l’extérieur et à la honte de la faim domestique. Chaque Chabbath, des dizaines de personnes mangeaient à la table familiale et considéraient la famille noble comme des sauveurs locaux.
Alors qu’il n’avait que sept ans, son père fut nommé rabbin de Tibériade. La famille y a déménagé et Sim’ha a étudié à l’école locale. Alors qu’il n’avait que treize ans, il fut envoyé à Jérusalem pour étudier à la Yeshiva de ‘Hévron, qui était située à l’époque dans le quartier de Gueoula. Le Roch Yeshiva, le rav Ye’hezkel Sarna, a très fortement rapproché le jeune homme de son cœur.
A un âge relativement jeune, il se maria avec une fille de la famille Kabalkin, l’une des familles les plus importantes de Jérusalem. Après plusieurs années durant lesquelles il s’est investi dans l’étude de la Tora à la Yeshiva de Kfar Haroeh, à la Yeshiva de Hévron et à la Yechiva de Slabodka, il a été appelé à diriger la Yechiva Merom Mitzion, plus tard Kiryat Noar, dans le quartier de Beit Végan à Jérusalem. Son équipe orthodoxe s’est investie à renforcer les garçons et les envoyer dans des grandes Yechivoth. Beaucoup de jeunes hommes qui ont étudié à la yeshiva pendant qu’il était à sa tête sont devenus d’importants enseignants de Tora au fil des ans.
De là, il a été appelé à la yeshiva Bené Akiva à Netanya. Pendant son séjour à Netanya, des liens étroits se sont établis entre lui et les ‘hassidim de Sanz. Le rav Kook est devenu un colocataire dans la résidence du Rabbi Ba’al Shefa Haïm de Sanz.
Lorsque le public religieux avait besoin d’être représenté dans les mairies, le Rosh Yeshiva n’a pas hésité à se présenter et même à se faire élire au conseil municipal. Dans ce contexte, il a combattu en faveur de la religion et a protégé le respect de la Tora dans la ville de façon intrépide et impartiale.
En 1971, son père, le rav de Tibériade, mourut. Il était tout naturel que le rav Sim’ha le remplace. Mais un autre drame survint alors : son frère aîné, rav Chelomo, a péri dans un accident de voiture. Il avait officié comme rav de la ville de Re’hovot et tout le monde lui avait prédit un grand avenir. Sa femme et deux de leurs enfants ont également été tués. Le rav Chelomo a laissé un immense vide. Ce fut rav Sim’ha qui prit sa place. Immédiatement après son investiture, il fonda une Yechiva à la mémoire de son frère sur la recommandation de rav Shakh. Pour la Yechiva, Maor Hatalmoud, où étudient actuellement plus de 500 étudiants, le rav se rendait à l’étranger plusieurs fois par an pour trouver des fonds afin de permettre son existence. Pour lui, la tâche la plus importante de sa vie est de tenir la Yechiva fondée en mémoire de son frère, « Maor Hatalmoud ».
Toute personne s’approchant de la pratique savait que la porte du rav de la ville lui est ouverte. Des maires, depuis des générations, y compris des représentants de partis laïcs de gauche, étaient également les bienvenus aux dîners de Chabbat chez lui.
Pendant de nombreuses années, le vendredi, peu de temps avant Chabbat, le rav se rendait dans les centres commerciaux municipaux et rappelait aux commerçants que Chabbath approchait et qu’ils devaient fermer leurs boutiques.
Mais ses combats ne s’arrêtaient pas là. Plus d’une fois, il a organisé une prière de Moussaf de Chabbath dans une rue de la ville, près d’un magasin ou d’un autre qui a décidé d’ouvrir ses portes le jour de Chabbath Kodech. « Nous ne protestons pas », disait-il à des centaines de fidèles. « Nous manifestons. Pour Chabbat. Pour la Tora. Pour D’. »
La période la plus turbulente eu lieu en 1993, lorsque l’athlète Ya’akov Sandler a été élu maire de Re’hovot. Alors que ses prédécesseurs au pouvoir entretenaient des relations normales avec le public religieux, Sandler a cherché à bousculer le statu quo. Il visait en particulier à permettre l’ouverture de centres de divertissement le Chabbath. Le rav Sim’ha a appelé les habitants orthodoxes à se rendre devant la mairie pour un rassemblement de prière et de protestation. Après quelques minutes, l’un des représentants a annoncé au public : « Le projet a été accepté – les magasins de la ville pourront ouvrir le Chabbath ! »
Rabbi Sim’ha n’a pas réfléchi à deux fois. Il est entré dans le bâtiment, monté dans la salle de réunion, s’est tenu à la place du maire et a proclamé au micro : « Au nom des fondateurs de la ville de Re’hovot, au nom des anciens et au nom de tous les habitants de la ville, nous méprisons la décision du maire d’autoriser la profanation publique du Chabbath. » Le rav Sim’ha a terminé son propos avec la chanson « ‘Outzou étza vetoufar », « vous lancez des projets, et ils seront repoussés », tandis que les hommes de la sécurité tentaient de faire taire l’agitation. Le maire s’est senti humilié et a exprimé sa colère face au comportement du rav.
Le Chabbath soir après l’incident, le maire a eu la surprise de voir un émissaire frapper à sa porte qui lui a remis un gobelet en argent, un magnifique talit et lui a transmis une bénédiction de Chabbat Chalom de la part du rav de la ville. Malgré la tension, peu de temps après, une amitié s’est développée entre eux, et le maire a été invité à un repas de Chabbat chez le rav. « Au début, le maire était en colère », nous raconte un militant vétéran, « mais il s’est vite rendu compte que le rav Sim’ha ne lui menait pas une guerre personnelle contre lui, mais qu’il agissait en fonction de sa vérité intérieure. Preuve en est qu’il l’invite à un repas de Chabbat, qu’il lui envoie à la maison un cadeau. Cette amitié – avec tous les maires successifs – a encouragé au fil des ans des réalisations de Tora et de la pratique des mitsvoth dans la ville. »