Décès du rav Alain Meyer zal, de Marseille

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Rav Alain Meyer zal

L’un des membres importants de l’une des familles juives achkenazes les plus marquantes de la communauté française est décédé : il s’agit de rav Alain (Acher Avraham) Meyer zal.
Il est né en pleine guerre, en 1941, à Cusset près de Vichy où s’étaient réfugiées plusieurs familles alsaciennes dont les Bloch et les Schwob. Ses parents, Dr Raymond Meyer et Claire née Ettlinger, maintenaient leur mode de vie religieux malgré la menace allemande. Le père, qui était aussi Mohel, répondait à l’appel des familles qui voulaient circoncire leur bébé et se déplaçait avec courage et dévouement.

De retour à Strasbourg après la guerre, en tant que parents soucieux de la qualité de l’éducation juive qu’ils souhaitaient donner à leurs enfants, n’hésitèrent pas à envoyer le jeune Alain (il avait tout juste 10 ans !) à Gateshead (alors la capitale du judaïsme européen), suivant les traces de son grand frère Marc (Moché) de 3 ans son aîné.

À l’âge de 12 ans, il rejoignait Aix les bains où il jouit de l’influence de rav Chajkin qui lui témoigna de l’affection et le fit rentrer dans le cercle proche de sa famille.

Plus tard, il rejoint la Yechiva de Gateshead où il se rapprocha de rav Moché Schwab zatsal, le Machgia’h de la Yechiva (directeur spirituel) à cette époque.

Par la suite il apprit la vérification du Cha’atnez, ainsi que la Che’hita. Il finira par se perfectionner dans ce domaine à Aix les bains auprès de rav Messaoud Gabay.

Il pratiqua la Che’hita pendant quelques années à Metz, alors qu’il habitait Strasbourg, encore avant de se marier en 1967 (5727) avec Mlle Miriam Schonberg de Londres.

Pendant ses heures de libre, il fréquentait le Collel de Strasbourg.

Peu de temps après que leur première fille naquit, ils suivirent le rav Philippe Kohn zatsal à Marseille, faisant ainsi partie du groupe pionnier qui opéra un changement révolutionnaire dans le judaïsme de cette deuxième plus grande ville de la France.

C’est aussi là où sa famille s’élargit pour compter dix enfants bli ‘ayin hara’.

À Marseille il prit le poste d’enseignant, qu’il exerça pendant 35 ans, il brillait dans l’enseignement de la Michna, dont ses élèves se souviennent encore aujourd’hui.

Il pratiquait encore un peu de Che’hita, une fois par semaine, afin fournir de la volaille cacher lamehadrine pour la communauté du Collel.

Durant une cinquantaine d’années il mit au profit de la communauté du Sud de la France ses connaissances dans le domaine du Cha’atnez sans recevoir aucun salaire, jusqu’au moment où rav Moché Soloveitchik zatsal lui ordonna de commencer à prendre un salaire pour ce service si important, après qu’il eut arrêté l’enseignement dans le cadre de l’école.

Suivant cette période, il fut sollicité par beaucoup de parents pour qu’il donne des cours privés à leurs enfants, sachant qu’il avait une influence très positive sur eux.

Il faisait cela en fin d’après-midi après avoir étudié le matin et une partie de l’après-midi avec ses ‘Havroutoth.

En 2016 (5776), après avoir pris conseil chez les Grands de la génération, encouragé par sa femme et ses enfants, il fit sa ‘Aliya, se fixant à Kiryath Séfer où il rejoignit une partie de ses enfants et petits-enfants.

Là aussi il se fit un programme de Limoud avec des grands et des petits comme il avait fait tout au long de sa vie.

Cette dernière année, on lui découvrit un cancer pulmonaire métastasé qui toucha aussi la hanche, ce qui fit qu’en plus des douleurs qu’il subit pendant de longs mois, il se retrouva cloué à une chaise roulante pour les trois derniers mois de sa vie.

Il put cependant participer au mariage d’un de ses petits-fils, moins de deux semaines avant de quitter ce monde, et le lendemain il arriva aux urgences avec un manque respiratoire. Il fut hospitalisé et reçut des soins, mais sa situation s’aggrava rapidement et sa nechama pure quitta son corps le mercredi soir 4 Adar 2 – 5784 pour rejoindre ses ancêtres, pouvant être fier d’avoir transmis le flambeau à la génération suivante.

Les Juifs de tous âges et de tous horizons étaient naturellement attirés par la lumière qui émanait de son visage souriant et bienveillant.

Avec sa franchise et sa bonne humeur, il introduisait ces gens à la Tora, en partageant avec eux ce qu’il vivait lui-même de manière si authentique.

Il incarnait le Juif vrai et heureux de servir son Créateur avec simplicité et dévotion.

Il a avancé tout au long de sa vie à la lumière des Grands de la Tora, suivant fidèlement leurs conseils et leurs enseignements.

Il a mérité d’être la source d’inspiration de nombreux élèves de l’école du Collel qui ont compris et senti à travers ses cours, l’importance de l’étude de la Tora accompagnée de la crainte du Ciel.

Son dévouement pour le développement de l’étude des Michnayoth dans le système scolaire et dans le cadre du Siyoum Hamichnayoth annuel était bien connu.

La Tefila, était pour lui une expérience intense et pour laquelle il était prêt à bien de sacrifices.

Plein de bonté, il apportait son aide spontanée à tout moment sans jamais rien attendre en retour.

Il était effacé et modeste et en même temps ne tolérait pas de concessions dans le respect de la Tora et des Mitsvoth.

Il a transmis ses valeurs à ses enfants qui s’efforcent de suivre le chemin qu’il a tracé.

Tout ceci ne fut possible que grâce à la participation et au soutien inconditionnels de sa valeureuse épouse, discrète et dévouée.

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