Avant que Guy Millière ne publie son compte-rendu du débat, j’hésitais à publier mon opinion, de peur qu’elle soit trop éloignée de la sienne, et que nos lecteurs soient perdus. Il se trouve que je suis assez proche de son analyse. Avec quelques nuances mineures.
Mon analyse repose sur les électeurs qui feront réellement l’élection. Qui sont-ils ? Les électeurs Républicains inscrits ? Non. Les MAGA ? Non plus. Les Démocrates activistes ? Encore moins. Alors qui ? Les indépendants, les hésitants, les Démocrates conservateurs bien informés qui savent que Kamala est une socialiste, et qui ne veulent pas d’une présidente socialiste, les gens peu informés et ceux qui vont rester chez eux plutôt que se taper 4 heures de voiture pour aller voter.
Et surtout, les Etats-clés. En anglais, l’expression est très parlante : “swing states”, Etats qui balancent tantôt démocrate, tantôt républicain. Ils sont 6 ou 7 en ce moment. Ce qui fait que les résultats de 43 ou 44 Etats sont prévisibles, prévus, et qu’ils n’influenceront pas les résultats.
Les sondages mentent, mais en regardant à la loupe, on peut déceler leur triche : elle se cache dans le nombre de personnes qu’ils interrogent dans chaque camp : avec plus de démocrates que de républicains, les résultats penchent en faveur de Kamala Harris. Un vrai miracle, je vous dis.
Pour que le débat puisse donner un avantage solide à Donald Trump, il aurait fallu que Kamala s’écroule comme s’est écroulé Biden : qu’elle bredouille, fasse des phrases creuses et sans fin, des réponses incompréhensibles, et des éclats de rire nerveux : tout ce qu’on l’a vu faire depuis 4 ans. Mais elle n’a pas fait de faux pas.
Le cas Kamala est une simple tromperie sur la marchandise
- Le recensement de ses votes a montré que Kamala Harris était la sénatrice la plus à gauche d’Amérique.
- Elle veut mettre en place une politique socialiste, et
- Elle se présente comme modérée jusqu’aux élections pour ne pas effrayer la population américaine.
Pour parvenir à cela, deux stratégies :
- elle n’accorde aucune interview, et lorsqu’elle en accorde, les journalistes sont de connivence et ne lui posent aucune question qui dérange.
- les médias ont effacé tout son passé et en ont fabriqué un autre, de toutes pièces.
Dans ce contexte, il n’existait qu’une seule personne au monde, et une seule occasion au monde, pour exposer aux 50 % d’Américains qui ne font pas du tout attention à la politique, qui est réellement Kamala Harris : cette personne est Donald Trump, et l’occasion, les débats présidentiels.
Il n’a pas totalement réussi à le faire. Mais il y aura peut-être un autre débat.
Réactions de la presse
Après le débat, les grands médias (alignés sur les démocrates) montrent des sondages qui donnent Harris gagnante. Les enquêtes sur internet montrent le contraire.
Voici les commentaires de médias de gauche sur le débat Trump-Harris
- Trump a exagéré les statistiques d’inflation sous Biden-Harris, citant des chiffres trompeurs sur l’économie. [les chiffres qu’il a cités sont réels]
- Mme Harris a été félicitée pour avoir mis l’accent sur la réforme de la police sans approuver le définancement de la police”. [Elle a appelé au définancement de la police]
- Fausses affirmations de Trump selon lesquelles il aurait sauvé la loi sur Obamacare (Affordable Care Act). [Il a effectivement abrogé les obligations d’Obamacare les plus liberticides et abusives]
- Mme Harris a souligné l’invitation controversée de M. Trump à rencontrer les talibans à Camp David. [Trump, dont la politique étrangère a été un succès, a toujours affirmé qu’il valait mieux tenter de parler à ses ennemis qu’entrer en guerre]
- M. Trump a été confronté à la vérification des faits pour avoir déformé les résultats des procès électoraux de 2020. [Des procès ont lieu en ce moment, mais les Indépendants et les hésitants n’ont pas envie qu’on leur ressasse la fraude électorale de 2020]
- Mme Harris s’est opposée efficacement aux accusations de M. Trump concernant la mauvaise gestion des relations internationales.
- Certains médias ont estimé que les interruptions constantes de M. Trump ont nui à la performance du débat.
- Mme Harris a été félicitée pour avoir discuté du contrôle des armes à feu et des droits reproductifs.
- La position de M. Trump sur le changement climatique a été qualifiée d’évasive.
- Mme Harris a été félicitée pour avoir gardé son sang-froid malgré les attaques de M. Trump sur son bilan.
- Mme Harris est sortie gagnante du débat, faisant preuve d’assurance et de concentration.
- Elle a réussi à mettre Trump sur la défensive dès le début du débat.
- La vice-présidente a dominé une grande partie de la soirée, utilisant efficacement ses compétences en matière de poursuites judiciaires.
- Trump s’est souvent éloigné des faits et a eu recours à des théories démenties.
- Mme Harris était bien préparée et a présenté ses arguments contre M. Trump plus efficacement que M. Biden ne l’avait fait en juillet.
- Trump a mordu à tous les appâts utilisés par Harris pour le déstabiliser.
- Harris a validé le choix des démocrates d’abandonner Biden comme candidat.
- L’incapacité de Trump à résister à l’appât de Harris s’est traduite par un comportement autodestructeur.
- Harris a habilement exploité les faiblesses perçues dans le caractère de Trump.
- Trump n’a pas réussi à lancer un assaut cohérent contre Harris ou à articuler une vision convaincante pour l’avenir.
- Harris a dominé le débat, faisant preuve d’habileté et d’assurance.
- Trump était souvent sur la défensive et a eu recours à des mensonges.
- La vice-présidente a réussi à appâter Trump, le déstabilisant.
- Mme Harris a présenté ses arguments contre M. Trump de manière efficace, surpassant le débat de M. Biden en juillet.
- Les réponses de M. Trump étaient souvent truffées de théories démenties et d’affirmations trompeuses.
Ce que disent les médias conservateurs
- M. Trump a été applaudi pour avoir souligné le soutien apporté par Mme Harris en 2020 au définancement de la police.
- La gestion de l’économie par Mme Harris a été critiquée, car n’a pas réussi à défendre efficacement les questions liées à l’inflation.
- La position ferme de Trump sur l’immigration a trouvé un écho auprès des commentateurs conservateurs.
- L’absence de Mme Harris lors du discours de M. Netanyahou au Congrès, considérée comme un affront majeur en matière de politique étrangère.
- Les conservateurs ont salué les critiques de Trump à l’égard des politiques énergétiques de Biden et Harris.
- La position de Mme Harris sur le contrôle des armes à feu a été qualifiée de trop extrême.
- L’accent mis par Trump sur les politiques commerciales de la Chine a été considéré comme fort par les experts conservateurs.
- Le bilan de Mme Harris en matière de sécurité des frontières a été scruté à la loupe, et Trump l’a vivement dénoncé.
- Trump a été félicité pour avoir dominé le débat sur les questions économiques.
- Les conservateurs ont critiqué le soutien de Mme Harris à l’annulation des prêts étudiants, estimant qu’il n’était pas réaliste [L’annulation a été rejetée par la Cour Suprême]
- Les républicains ont reproché aux modérateurs leur parti pris contre Trump lors du débat. Des accusations de partialité à l’encontre de Trump se sont fait entendre, avec des allégations de traitement “trois contre un”.
- Plaintes sur le fait que la vérification des faits ne s’est appliquée qu’à Trump et non à Harris.
- Des critiques à l’encontre des modérateurs qui n’ont pas contredit les faux commentaires de M. Harris sur certains sujets.
- Affirmations selon lesquelles la vérification inégale des faits a sapé la légitimité du débat.
- Affirmations selon lesquelles M. Harris avait l’avantage du terrain.
- La déception que les modérateurs n’aient pas interrogé davantage M. Trump sur sa vision du pays.
- Les critiques concernant l’accent mis sur des sujets brûlants tels que le 6 janvier et les inculpations pénales, et pas sur les sujets brûlants et embarrassants contre Kamala (inflation qui est passée de 1.4% sous Trump à 9%, arrivée de 12 millions de migrants illégaux sous l’administration Biden-Harris, insécurité dans les villes…)
- Trump sur les réseaux sociaux a dit qu’il s’agissait de son “meilleur débat”.