De la pratique du « filibuster » à la Knesset

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Un filibuster est nommé en français obstruction parlementaire, ou פילבסטר en hébreu. Il s’agit d’une technique parlementaire visant à retarder le plus possible l’adoption d’une loi à l’aide des moyens réglementaires de la chambre. C’est aussi une tactique dilatoire qui consiste à prononcer délibérément d’interminables discours pour faire obstruction à un débat.

Cette technique a déjà été utilisée au Sénat dans la Rome républicaine antique. Aux Etats Unis, elle a été employée en 1953 par le sénateur Wayne Morse pour empêcher l’adoption d’une loi pétrolière par un interminable discours de 22 heures et 26 minutes.

En cette fin d’année civile, c’est ce que l’opposition a fait pour entraver l’acceptation d’une loi interdisant à la police de présenter au public ses conclusions dans les dossiers qu’elle a étudiées. La séquence a été fêtée durant plus de 50 heures, quand l’opposition a effectivement occupé la scène avec des discours plus ou moins liés à la question. Le tout pourquoi ? Bien entendu cette loi aurait pu aider Netaniahou, qui est poursuivi par la police à un certain nombre de titres, mais ce dernier a refusé que la loi ne le concerne, sûr qu’il est de son innocence. Mais il s’agit d’une utilisation généralisée d’enquêtes plus ou moins justifiées, par lesquelles des groupes d’intérêt parviennent à inquiéter des hommes politiques, et même à les faire démissionner, alors qu’en fin de parcours il arrive souvent que l’affaire se termine par un non-lieu. Cela a par exemple été le cas de Nééman, alors nommé ministre de la Justice, mais connu pour son opposition aux prérogatives que s’était accordées la Cour suprême. Fait surprenant : quelques jours après sa nomination, une enquête le concernant a été lancée, il a été « obligé » de démissionner, pour que finalement l’affaire se termine sans rien… Mais, en attendant, tout un groupe a gagné la partie, car cet inquiétant personnage n’était plus en lice.

C’est, pour l’opposition actuelle, un moyen bien sûr de s’en prendre aux personnes politiques qu’elle ne veut pas voir en place, même si par ailleurs la vox populi a fait un choix différent.

La démocratie, qu’on vous dit…

En l’occurrence, donc, la majorité a eu gain de cause, et la loi passe.

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