Insultes, tags injurieux, harcèlement… les actes antisémites sont en recrudescence dans les facultés de médecine. Les doyens des facultés de médecine font part de leur inquiétude.
En octobre dernier, une étudiante en deuxième année de médecine à Bobigny a porté plainte après avoir fait l’objet d’un harcèlement à caractère antisémite. Plusieurs tags racistes et antisémites ont été découverts dans les Universités de médecine de Grenoble et de Créteil au cours des derniers mois. Les doyens prônent la tolérance zéro.
Le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facultés de médecine a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Pouvez-vous nous donner des exemples d’actes à caractère antisémite et raciste dans vos universités ?
Pr Jean Sibilia : « Il s’agit de tags personnalisés dans les facultés de Grenoble et de Créteil. Il y a aussi l’histoire de Bobigny, un harcèlement à caractère antisémite entre étudiants, ce qui est tout à fait nouveau. Et puis au sein de notre conférence, chaque doyen observe une recrudescence d’actes, comme par exemple des tags antisémites sur les tables des amphis. C’est intolérable. Nous ne sommes pas que des formateurs, pas que des coordinateurs de la recherche, nous sommes là parce que nous avons une responsabilité sociétale et on se doit de se rebeller contre ces actes et de porter certaines valeurs. »
- Est-ce que les facultés de médecine sont plus touchées que les autres ?
Pr Jean Sibilia : « On ne sait pas. Il n’existe pas d’observatoire qui permet de recenser précisément ces actes antisémites à l’université en général et dans les facultés de médecine en particulier. Nous avons l’objectif de le mettre en place. Les choses ont changé, il n’y a plus le bizutage « carabin » mais peut-être une relation intercommunautaire au sein des facultés qui est d’un autre ordre et que nous ne pouvons pas tolérer non plus. »
- Est-ce que vous allez mettre en place un recensement systématique des signalements d’actes antisémites ou racistes ?
Pr Jean Sibilia : « On a mis en place depuis un an, depuis le rapport sur les risques psycho-sociaux des étudiants, des « commissions bien-être » dans toutes les facultés de médecine. On aimerait s’appuyer sur ces commissions pour détecter tout acte d’intolérance, toute forme de harcèlement qu’il soit antisémite, raciste, sexiste, homophobe. Notre objectif c’est tolérance zéro sur tous ces actes. Si un étudiant ou un enseignant est victime d’un tel acte, il doit se signaler auprès du doyen ou de son référent. Nous sommes là pour protéger les étudiants et les élèves. »
- Existe-t-il des actions spécifiques pour lutter contre ces actes antisémites ?
Pr Jean Sibilia : « Nous sommes des pédagogues avant tout ! Par exemple en Alsace, nous avons ce terrible camp de concentration, le Struthof, nous envisageons d’organiser des visites sur place pour les étudiants en médecine. Nous envisageons également de « simuler » de façon théâtrale le procès de Nuremberg. Il faut faire revivre par ces événements-là des valeurs qui sont des valeurs éthiques et déontologiques fondamentales pour nous. »
Source www.francetvinfo.fr