Une lettre révélée au Vatican a confirmé que le pape était au courant dès 1942 de l’extermination des Juifs dans les camps d’extermination. • Le Pape Pie XII a reçu des informations selon lesquelles 6.000 Juifs et Polonais étaient gazés chaque jour, contredisant les affirmations du Vatican selon lesquelles il n’en avait pas connaissance.
JDN – Dan Itach
Des documents révèlent que le Pape, pendant la Seconde Guerre mondiale, était au courant du gazage de milliers de Juifs. Une correspondance récemment découverte suggère que le pape Pie XII avait des informations détaillées provenant d’un prêtre allemand de confiance selon lesquelles jusqu’à 6.000 Juifs et Polonais étaient gazés chaque jour dans la Pologne occupée. Le document mine l’affirmation de longue date du Vatican selon laquelle le St-Siège ne pouvait pas vérifier les rapports diplomatiques sur les atrocités nazies pendant la guerre.
La lettre révélée a été envoyée par un prêtre allemand au secrétaire du pape. Il indique notamment que « 6 000 personnes, surtout des Polonais et des Juifs, sont tuées chaque jour dans les crématorium du camp d’extermination de Belzec en Pologne ». La lettre a été envoyée le 14 décembre 1942. Giovanni Cocco, l’archiviste du Vatican qui a découvert la lettre, a déclaré qu’il était impossible de savoir avec certitude que la lettre en question était parvenue aux yeux du Pape, mais qu’il était « certain à 99% qu’il était au courant de l’existence de la lettre ».
Le « Corriere della Sera » italien cite le célèbre anthropologue David Kretzer, lauréat du prix Pulitzer, qui affirme que « la nouveauté et l’importance de ce document viennent du fait qu’il est désormais certain que le pape Pie XII a reçu de l’Église catholique allemande des informations exactes et des informations détaillées sur les crimes commis contre les Juifs pendant cette période ».
Même si la nouvelle des atrocités commises par Hitler était parvenue au pape Pie XII avant cette lettre, la valeur des informations qu’elle contenait était particulièrement importante car elles provenaient d’une source ecclésiale fiable en Allemagne, du « cœur du territoire ennemi ». C’est ainsi qu’explique Giovanni Cocco, l’archiviste du Vatican qui a découvert la lettre. Selon lui, il n’existait pas de source plus fiable pour le pape qu’un ecclésiastique allemand, ecclésiastiques dont il se sentait « particulièrement proche », et son secrétaire personnel, son bras droit, le prêtre allemand Robert Leiber, en est un exemple.
Selon le monument de Belzec inauguré en 2004, un demi-million de Juifs ont péri dans le camp. Selon le site officiel du mémorial, jusqu’à 3 500 Juifs de Rava-Ruska avaient déjà été envoyés à Belzec au début de 1942, entre le 7 et le 11 décembre le ghetto juif de la ville avait été liquidé. « Environ 3 000 à 5 000 personnes ont été abattues sur place et 2 000 à 5 000 personnes ont été emmenées à Belzec », indique le site Internet.
La date de la lettre de Koenig est significative. La lettre indique la correspondance d’un prêtre considéré comme une source fiable de l’Église de l’Allemagne nazie, qui est arrivé au bureau de Pie dans les jours qui ont suivi l’évacuation du ghetto et après que Pie ait reçu plusieurs listes diplomatiques et visites de divers envoyés de gouvernements étrangers depuis août. Au cours de ces visites, le pape apprit que jusqu’à un million de Juifs avaient été assassinés en 1942.
La lettre est apparemment utilisée comme une « preuve irréfutable », la preuve la plus claire selon laquelle les historiens affirment que le pape Pie était au courant de l’Holocauste au moment où il se déroulait. Certains chercheurs ont déjà soutenu que Pie XII ne voulait pas affronter Hitler parce qu’il avait davantage peur du communisme, croyait que les nazis finiraient par gagner la guerre et voulait éviter de s’aliéner des millions de catholiques allemands ou de sympathisants nazis.