Depuis le 7 octobre, quelles sont exactement les convictions d’Emmanuel Macron ?
On reconnaît, parait-il, ses amis dans l’adversité. On pourrait examiner cette proposition à l’aune de la déclaration d’Emmanuel Macron sur l’embargo qu’il souhaite sur les livraisons d’armes à l’Etat d’Israël, la seule démocratie du Proche-Orient, dont il se dit, au nom de la France, “l’ami indéfectible”.
Or la réalité et ses prises de position démentent cette affirmation. Quel ami souhaite en effet en entraver un autre dans sa défense pour sa survie ? La déclaration d’Emmanuel Macron au “Sommet de la Francophonie” était à la fois inopportune et indécente à deux jours de la commémoration anniversaire des pogroms/razzias du 7 octobre.
C’était de plus un coup bas et gratuit, le message étant destiné en réalité aux Etats-Unis, la France ne faisant que livrer des composants électroniques pour des armes défensives.
Néanmoins un vrai chef de l’Etat qui n’aurait pas dissous le corps des diplomates et qui aurait une vraie politique étrangère aurait pu tenir un discours churchillien, voire jupitérien, en se réjouissant pour un Liban débarrassé de Nasrallah et des chefs de la mafia terroriste du Hezbollah qui gangrène ce pays depuis des décennies.
Emmanuel Macron aurait même pu se féliciter que les responsables de la mort de 58 parachutistes français dans l’attentat du Drakkar (Nasrallah et Cie) en 1983 ne soient pas restés impunis – merci à Israël – et aient eu le sort qu’ils méritaient.
Dans ce souci d’impartialité auquel il semble tant attaché, Emmanuel Macron aurait également pu plaider pour l’entrée d’Israël dans l’Organisation de la Francophonie, ce qui a toujours été interdit à l’Etat hébreu – 800000 locuteurs francophones tout de même – en raison de la majorité automatique qui s’y oppose depuis des décennies.
Au lieu d’un discours courageux, Emmanuel Macron a donc délivré un discours de capitulation, renvoyant dos à dos Israël et les organisations terroristes génocidaires, et en réussissant même à ne pas nommer le Hezbollah ou le Hamas.
Emmanuel Macron est en réalité un authentique pacifiste de gauche : non seulement, pour lui, tout vaut mieux que la guerre – d’où l’appel incessant depuis un an à un cessez-le-feu qui permettrait de sauver la mise au Hamas et au Hezbollah. Mais de surcroit, il s’agit d’un pacifisme à géométrie variable : alors qu’Israël a été agressé au même titre que l’Ukraine, Emmanuel Macron s’est déclaré prêt à fournir des armes offensives contre la Russie et à “envoyer des mecs” en Ukraine – il aurait mieux fait de faire respecter les accords de Minsk signés lorsqu’il était secrétaire général de l’Elysée –, mais enjoint l’Etat hébreu à faire la paix, c’est-à-dire en définitive à déposer les armes.
Que des terroristes aient massacré des gosses qui dansaient ne compte pas ! Que des monstres sanguinaires abrutis par leur haine et le Captagon aient violé, mutilé, décapité ou brûlé des civils, y compris des bébés ne semble pas entrer en ligne de compte ! Que des otages aient été froidement exécutés ou croupissent dans les tunnels du Hamas ne semble pas être considéré comme il se devrait ! Que les organisations terroristes visent l’éradication d’Israël ne semble pas être traité par le pacifiste Macron avec l’importance qui s’imposerait pourtant, l’Histoire ayant démontré qu’aux volontés génocidaires succèdent invariablement des actes génocidaires !
Or, depuis le 7 octobre 2023, le locataire de l’Elysée louvoie : d’une volonté présidentielle d’une coalition contre le terrorisme à un renvoi permanent dos à dos d’un état démocratique et d’organisations terroristes, de l’absence présidentielle à une marche contre un antisémitisme qu’il ne fallait pas nommer à l’exclusion d’Israël du salon Euro-Satory, la politique d’Emmanuel Macron est pourtant très claire : il place la France du côté des organisations terroristes, qu’il prend soin de ne jamais nommer, tout comme sont passés par pertes et profits les 42 morts français au festival Nova qui sont invisibilisés par le pouvoir politique et médiatique. Mais il est vrai qu’en macronie depuis 7 ans, le prix de la vie humaine est peu de chose, dans un pays où, du fait d’une politique laxiste et irresponsable, les enfants meurent beaucoup de mort violente ! Alors que l’on sait très bien que la paix réelle passe par la victoire totale d’Israël face à des terroristes à missiles, l’alternative étant l’éradication de l’Etat hébreu, posons donc les questions qui fâchent : qui veut la victoire du Hamas et du Hezbollah ? Celui qui prône un embargo sur les armes à destination d’Israël ? Dans ce combat existentiel d’Israël qui met aussi en jeu une certaine conception de la civilisation et de l’humanité, où se situe exactement Emmanuel Macron à un moment où les héritiers politiques des Collaborateurs du passé n’hésitent pas à venir pleurer la mort des Nazis d’aujourd’hui ?
Cette façon apparente qu’a Emmanuel Macron de ne pas choisir ou d’établir une équivalence entre agressé et agresseur, entre démocratie et organisations terroristes est politiquement et moralement indéfendable dans une démocratie libérale. Le positionnement ambigu d’Emmanuel Macron sur l’antisémitisme qu’il a laissé prospérer depuis des années (plus de 300% depuis 2023) et sur Israël montre qu’il a choisi de ménager les antisémites et qu’il préfère se coucher devant les plus grands ennemis de la démocratie, épousant parfaitement l’inversion orwelienne des mots et des valeurs dont la Gauche a fait, depuis une dizaine d’années, sa marque de fabrique : un attentat n’est pas un attentat ; un islamiste n’est pas un islamiste ; un terroriste n’est pas un terroriste, mais un résistant ; l’agressé est l’agresseur et l’agresseur est une victime,… Par son absence à la manifestation contre l’antisémitisme, quel message envoie-t-il ? Par son absence de surmoi et son irritation contre Benjamin Netanyahou ayant abouti à l’exclusion d’Israël du festival EuroSatory, quel message envoie-t-il ? Dans les deux cas, le message délivré comme la politique qui s’en suit sont limpides : le discours antisémite et le boycott contre Israël porté par l’extrême-gauche et financé à partir de l’étranger depuis des années se trouve légitimé au plus haut niveau de l’Etat. Les non-choix d’Emmanuel Macron sont donc des choix bien compris par l’extrême-gauche propalestinienne à qui il donne objectivement des gages et par tous ceux, Juifs et non-Juifs, qui en sont la cible. Des choix honteux également parfaitement compris par ceux qui ont hué et sifflé le nom du Président lors du rassemblement du CRIF le 7 octobre 2024, précisément parce qu’il ne prend pas clairement position et qu’il ménage finalement les ennemis des causes qu’il prétend combattre, les actes antisémites augmentant parce que ni la doctrine politique ni la réponse pénale ne sont propres à dissuader ceux qui devraient l’être, laissant apparaître le macronisme pour ce qu’il est vraiment : une version édulcorée du mélenchonisme.
On ne sort, parait-il, de l’ambigüité qu’à son propre détriment. Au détriment de la France également, alignée sur des positions honteuses, immorales, et des valeurs et des positions politiques fluctuantes d’Emmanuel Macron qui en est la voix. Aucun homme politique ne s’est autant trompé que Churchill et pourtant, dans les moments décisifs, il a su être du côté de la liberté, de la démocratie et de l’honneur. Emmanuel Macron n’est ni de Gaulle, ni Churchill. Dans les temps difficiles qui pourraient s’annoncer, Emmanuel Macron nous dira qui il est vraiment !
Paru dans Tribune Juive
© Jean-Marc Lévy pour Israël Is Forever Alsace