Cultiver notre relation avec les enfants, par le rabbi de Kalov

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Ultra orthodox Jewish boys, pupils at the Poalei Menahem Talmud Torah, with their teacher, in the West Bank Jewish settlement of Beitar Illit, on August 7, 2013. Photo by Mendy Hechtman/POALEI MENAHEM/Flash90

Le rabbi de Kalov sur la paracha Behar Be’houkotaï

« Chacun retournera à sa famille » (Vayikra 25,10)

À une période où les enfants ne vont pas à l’école, mais se retrouvent uniquement à la maison avec leurs parents, comme les Chabbatoth et les jours de fête, les vacances, ou en période d’épidémie, que D’ préserve, les parents sont tenus d’exploiter ce temps à leur disposition pour renforcer leur relation avec leurs enfants, leur faire passer des messages de Tora et de crainte divine, développer leurs bons traits de caractère et le tout, dans une atmosphère agréable.

Mon ancêtre, rabbi Yissakhar Dov Rokéa’h de Linsk, m’a raconté que lorsqu’il était enfant, vers l’âge de 8 ans, il habitait dans la localité de Belz, où il étudiait en ‘havrouta avec le petit-fils du Rabbi de Belz. Tous les Chabbath après-midi, le rabbi interrogeait les deux enfants, puis leur donnait des fruits. Réfléchissons au fait qu’il était né en 1882, une période où le rabbi de Belz était déjà l’un des grands Sages de la génération, et pourtant, il consacrait de son temps précieux à s’occuper de ses petits-enfants pour les interroger avec leurs amis, dans le but de les éduquer et de les rapprocher de D’.

On relate qu’un grand Roch Yechiva n’avait pas réussi dans l’éducation de ses enfants, qui avaient abandonné la voie de la Tora, tandis que l’un de ses voisins avait très bien réussi dans ce domaine, et ses enfants étaient devenus des érudits en Tora. Ce grand maître en Tora relate lui-même que cela tenait au fait qu’il consommait rapidement son repas de Chabbath, pour retourner de suite après le repas au Beth Hamidrach pour y étudier. En revanche, son voisin partageait avec ses enfants le long repas du Chabbath, qui était ponctué de cantiques et de Divré Tora entre chaque plat.

On rapporte au nom de l’auteur du Divré Yé’hezkel de Sieniawa, que dans son rôle de père, il accomplissait lui-même la Mitsva de Véchinantam Lévanékha (Tu les inculqueras à tes enfants) et étudiait la Tora avec son fils ; cette étude a des vertus exceptionnelles afin d’ancrer dans l’esprit de l’enfant des propos de Tora. De ce fait, le Yétser Hara’, le mauvais penchant déploie d’innombrables efforts pour empêcher le père d’enseigner la Tora à son fils.

Outre le bienfait d’étudier avec ses fils, s’y ajoute le bénéfice de renforcer la relation entre le père et son enfant, qui, à notre époque, nécessite une amélioration, comme j’ai pu le constater au fil de mes conversations avec des pères et leurs fils dans le monde entier ces dernières années : quatre-vingt dix pourcent des parents n’ont pas de relation satisfaisante avec leurs enfants.

Dans ce domaine, le mauvais penchant investit de nombreux efforts pour entraver cette relation et instaurer la division entre père et fils. On constate malheureusement que cet acte du Satan réussit souvent, en particulier dans des périodes où les pères se retrouvent toute la journée à la maison avec leurs enfants, et encore plus lorsqu’il s’agit de périodes difficiles : de nombreux pères, mus par la colère, crient sur leurs enfants. Or la colère est un outil pédagogique inefficace et détruit cette relation indispensable entre le père et ses enfants.

Lorsqu’on adresse des reproches sous l’effet de la colère, ils ne sont pas acceptés. Nos Sages ont dit (Avoth 2,5) : « Un impatient ne pourra pas enseigner. » Dans le Séfer ‘Hassidim, figure l’histoire d’un Sage, qui demanda à changer d’enseignant en cours d’année, constatant que le premier professeur était colérique.

À l’époque où de nombreuses épidémies sévissaient, rabbi Chemouël Benveniste écrivit un ouvrage du nom de Ora’h Yamim, où il incite les pères à éduquer leurs enfants en période d’épidémie, tout en veillant à éviter la colère à tout prix. Il témoigne avoir vu de ses propres yeux que lorsqu’un homme frappe ses enfants sous l’effet de la colère en période d’épidémie, dans le sillage de ce défaut, il contracta cette maladie.

De même, rabbi ‘Haïm de Friedberg, le frère du Maharal, lorsque l’étude dans les Yechivoth cessa en période d’épidémies, composa ses ouvrages Séfer Ha’haïm et Iguéret Hatiyoul, qui traitent des récits du Talmud, afin d’encourager les élèves à étudier même en ces périodes.

Il convient à notre époque d’être encore plus méticuleux que par le passé pour éviter d’adresser des reproches avec impatience. À ce sujet, l’auteur du Pélé Yoets écrit que tout comme pour la guérison du corps, la nature de l’homme et la médecine ont changé, les traitements qui étaient efficaces dans le passé ne le sont plus à présent, il en va de même pour la guérison de l’esprit. Dans cette génération où l’insolence s’est accrue, les reproches sévères ne sont plus efficaces comme dans les générations précédentes.

Rabbi Chelomo de Radomsk, dans son ouvrage Tiféret Chlomo (Pirké Avoth 1,6), au nom des Tsadikim qui vivaient à son époque, explique qu’il ne convient plus d’adresser des reproches et des malédictions à cette époque. Il faut se montrer conciliant et aimable, afin de rapprocher autrui avec affection et développer ainsi sa crainte du Ciel.

Si le rabbi de Radomsk l’a écrit à son époque, c’est encore plus vrai à la nôtre, où les jeunes gens peuvent aisément communiquer avec des amis peu fréquentables, par le biais de divers outils technologiques. De ce fait, les pères doivent renforcer et entretenir la relation avec leurs enfants, en leur manifestant leur affection. Il faudra s’évertuer également à faire passer des messages de morale indispensables dans la joie et l’amour, en disant par exemple à son enfant qu’il ne convient pas à un garçon intelligent comme lui de se conduire ainsi, etc. Ainsi, le texte de nos Sages (Kohéleth 9,17) s’appliquera : « Les paroles des sages dites avec douceur sont mieux écoutées.»

Dans notre paracha, lors de la cinquantième année du Yovel, les Bené Israël, asservis, étaient libérés de leur activité professionnelle, et les Écritures nous mettent en garde : « Chacun retournera à sa famille » : chacun exploitera la période où il n’a pas de travail, pour revenir vers sa famille, c’est-à-dire cultiver une relation intense et positive avec les membres de son foyer, en étudiant avec les enfants et en les guidant sur le droit chemin dans une atmosphère agréable. Ainsi, il obtiendra une grande satisfaction et beaucoup de joie de ses enfants.

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