Les activistes palestiniens de l’organisation « Youth against settlements » disent former des jeunes dès l’âge de 12 ans à la « résistance pacifique » et se font passer pour des apôtres de la non-violence. Ils en sont loin.
« Youth against settlements » (« Les jeunes contre les colonies ») maîtrise parfaitement les codes de la propagande à destination des Occidentaux.
Les journalistes américains eux-même très complaisants du Washington Post étaient déjà allés jusqu’à donner au fondateur du mouvement, Issa Amro, le surnom de « Gandhi palestinien ». Ils n’avaient pas eu à solliciter leur imagination puisque le parallèle avait modestement été dressé par l’intéressé lui-même dans une interview au quotidien britannique The Guardian.
Un article dans La Croix explique maintenant comment Issa Amro et « Youth against settlements » (YAS) recrutent des jeunes « dès l’âge de 12 ans pour les former à la résistance pacifique ».
La correspondante de La Croix, Salomé Parent, relaie ces propos d’Issa Amro :
Si un enfant vient nous voir en disant qu’il a lancé des pierres sur un soldat, on repart de zéro. Il faut que les jeunes soient convaincus qu’il existe d’autres solutions, explique Issa Amro. La non-violence n’est pas juste une tactique, c’est aussi une culture.
Des dires appuyés par la journaliste, qui écrit « Youth against settlements préconise la prise de distance et la réflexion plutôt que la réaction immédiate » et met en évidence les propos d’une autre activiste du mouvement qui affirme que « la violence ne mène nulle part ».
« Résistance pacifique » ?
Voici quelques extraits de la page Facebook de YAS exhumés l’année dernière par le blog Elder of Ziyon.
Pour bien marquer son engagement pour la non-violence, YAS appelle ses jeunes à revêtir un masque, ramasser des pierres, et se rendre à Nabi Saleh, le fameux village où la famille Tamimi met en scène sa lutte contre Israël.
Tout ceci, bien sûr, sous la guise de « lutte contre l’occupation ». Mais parfois, les vrais sentiments ressurgissent, comme dans ce post où YAS a relayé de fausses citations antisémites du Talmud, inscrites sur un portrait de Juif religieux tiré de la page d’un photographe de mariages juifs, choisi pour diaboliser non pas les soi-disants « colons » mais bien tous les Juifs.
Quant à Issa Amro, voici ce qu’il confiait au magazine juif américain Tablet à propos du mouvement terroriste Hamas, dont la raison d’être est l’éradication de l’Etat juif :
Je ne suis pas d’accord avec eux sur certains points, mais je le suis sur d’autres. Le Hamas essaie de mettre fin à l’occupation avec leur méthode. Si l’occupation se termine, je n’accepterai pas du tout le Hamas. Mais tant que l’occupation dure, je ne peux pas leur dire de ne pas utiliser d’armes. Les colons ont des fusils. Les colons tirent. Les soldats tirent. L’occupation est le principal vecteur de la violence. J’ai besoin de mettre fin à l’occupation pour avoir de quoi convaincre mon peuple d’être non violent.
Comme le notait le site UK Media Watch, « le soutien supposé d’Amro à la non-violence ne peut pas être caractérisé, comme le voyait Martin Luther King, comme un impératif moral absolu, mais simplement comme une « méthode » légitime pour mettre fin à l’occupation. L’autre « méthode », tuer des civils israéliens innocents, semble être tout aussi valable aux yeux de cet activiste palestinien. »
Pour en savoir plus sur la fausse non-violence d’Issa Amro, le portrait complet dressé par la chercheuse Petra Marquardt-Bigman sur le site Legal Insurrection est une excellente référence.
« Arrêtez de boire le sang de nos enfants à Gaza, l’occupation d’Israël tue les vies de notre peuple », a déclaré Issa Amro en reprenant l’accusation de meurtre rituel utilisée par l’anti-judaïsme chrétien du moyen-âge pour exciter les foules contre les Juifs, réactualisée et toujours en vogue dans le monde arabe.
Salomé Parent parle dans son article d’une « tradition de violences qui s’est exprimée notamment lors des deux Intifada ». Elle n’ignore donc pas qu’une intifada est un soulèvement violent. Nous serions vraiment curieux de savoir comment elle interprète alors les appels répétés à l’intifada du « Gandhi » de Hébron :
Les rapports entre Juifs et Arabes à Hébron gérés par un accord de 1997 entre Israël et l’OLP
Déjà trompés sur le supposé pacifisme de l’organisation en vedette dans La Croix, les lecteurs ne sont guère mieux informés sur le contexte de la ville de Hébron.
Issa Amro vit à H2, la partie d’Hebron contrôlée par l’armée israélienne. 600 soldats s’y relaient jour et nuit pour assurer la sécurité des 800 colons qui y vivent, rendant les conditions de vie presque insupportables pour les 1 800 Palestiniens de la zone. De l’autre côté des checkpoints, à H1, plus de 100 000 personnes vivent sous le contrôle de l’autorité palestinienne.
« Hébron est un microcosme de la colonisation en Cisjordanie », juge Issa Amro.
Il faut rappeler que la présence juive à Hébron, site du tombeau des Patriarches, est très ancienne. La ville est restée célèbre pour le massacre perpétré en 1929 par des Arabes contre la population juive. Et entre 1949 et 1967, durant l’occupation jordanienne, tous les Juifs ont été expulsés de la ville. Ceux qui sont revenus vivent sous haute protection car la menace terroriste plane en permanence sur leurs vies.
En fait de colonisation, les rapports entre Juifs et Arabes à Hébron sont gérés par un accord entre Israël et l’OLP. Le site BBC Watch, qui a noté des déformations similaires sur la chaîne britannique BBC, note que « les Israéliens vivant à Hébron le font bien sûr selon les termes du Protocole de 1997 sur le redéploiement à Hébron qui a été signé par les représentants des Palestiniens dans le cadre des Accords d’Oslo, mais la BBC [comme La Croix, NDLR] a choisi d’omettre ce contexte dans sa représentation. » Remarquez la signature du représentant de l’OLP Saeb Erekat en bas de ce document.
De toute façon, parler de « colonisation à Hébron » n’est qu’un prétexte destiné à endormir les Occidentaux qui veulent bien croire que les activistes palestiniens se battent pour « deux Etats ». La carte figurant sur une version du logo de YAS dévoile que la Cisjordanie n’est pas l’objectif : la « résistance » veut une Palestine 100% arabe, « from the river to the sea » comme le chantent dans toutes les manifestations de soutien à la cause palestinienne ceux qui veulent éliminer l’Etat juif. Pour eux, Israël n’est qu’une grande colonie vouée à disparaître.
Endoctrinement
Le lecteur aura remarqué que nous nous étayons nos propos avec des références à des sites anglophones peu connus du grand public, et engagés comme nous pouvons l’être à InfoEquitable. Ces sites de qualité documentent chacune de leurs assertions. Ils sont nos sources parce qu’aucun grand titre de la presse francophone n’effectue le travail journalistique qui devrait les mener à dévoiler l’imposture derrière le portrait de ce Gandhi d’opérette, que La Croix n’est pas le seul média à relayer (Libération ou RFI ont parlé d’Issa Amro avec les mêmes éléments de langage autour du thème de la « non-violence »).
La Croix parle d’un « choix de résistance pacifique » de la part des jeunes et la correspondante du journal se félicite que l’association les accueille dès 12 ans parce que, selon Issa Amro, « les enfants sont plus réceptifs que les adultes, moins marqués par la situation ». On peut se demander si le « choix » de ces enfants n’est pas aussi fictif que la non-violence affichée. 12 ans, l’âge idéal pour être endoctrinés ?
Cette question ferait à notre avis un excellent sujet pour un prochain article dans La Croix faisant appel au sens critique sans lequel le journalisme est vidé de son sens.