Le coût de la retenue israélienne à Gaza
Editorial : Au cours des six derniers mois, le Hamas a compris que les Israéliens ne comprenaient que la force et ils ont mené une série de réalisations que ce pays, avec sa politique de retenue, n’a pas réussi à empêcher. Israël ne doit pas parvenir à un accord sous le feu et sans d’abord rétablir sa dissuasion.
La dissuasion de l’Opération Bordure Protectrice a duré trois ans et huit mois. Les dirigeants politiques n’ont pas profité de cette période de calme pour conclure un accord convenable avec le Hamas, ce qui a été sa principale erreur.
Au cours des six derniers mois, le Hamas a compris que les Israéliens ne comprenaient que la force et que cela marchait très bien pour le groupe terroriste. Si la réaction israélienne ne change pas à la suite d’un incident grave comme les tirs de roquettes mercredi matin, la situation ne fera que s’aggraver.
Le 29 mars, le Hamas a décidé de changer d’équation et il a réussi : d’abord avec la “Marche du retour” à la frontière, les émeutes violentes, le lancement de ballons incendiaires et explosifs, les combats qu’ils ont initiés, et dernièrement, les infiltrations de masse en Israël.
L’armée et le gouvernement n’ont pas traité correctement ces cas problématiques : ni les ballons, quand ils n’ont pas arrêté leurs lanceurs dès le début ; ni les combats, où l’armée israélienne a mis fin à ses activités sans succès opérationnels. En outre, malgré les infiltrations, Tsahal n’a pas rétabli l’interdiction faite aux Palestiniens d’entrer dans la zone tampon de 300 mètres jusqu’à la frontière.
Au cours des six derniers mois, le Premier ministre, ainsi que le ministre de la Défense, ont été principalement occupés à proférer des menaces dont le contenu s’est avéré vide. Ce sont ces menaces creuses qui ont permis à la situation de se dégrader à ce niveau.
Les tirs de roquettes, mercredi matin, ont surpris à la fois Tsahal et les responsables politiques. Ils étaient tous occupés à préparer l’arrivée du chef des services de renseignement égyptiens Kamel Abbas dans la bande de Gaza, à Ramallah et à Jérusalem, afin de résoudre le problème, encore non conclusif, du cessez-le-feu.
Le Hamas affirme qu’il n’est pas responsable des tirs de roquettes sur Beer Sheva et dans le centre d’Israël. Mais seules deux organisations de la bande de Gaza étaient en capacité de lancer mercredi le genre de roquettes – le Hamas et le Jihad islamique. Les dommages causés sont considérables et inhabituels car cette roquette contenait plus de 20 kilogrammes d’explosifs.
Les lanceurs de la roquette l’ont fait de manière calculée. Ce n’est certainement pas le résultat d’une frappe de la foudre, comme le prétend le Hamas, mais bien du fait que quelqu’un souhaite remporter une autre victoire avant l’accord potentiel que celui-ci espérait également obtenir. Il était donc commode que ce quelqu’un apparaisse également comme celui qui cherche à arrêter l’escalade.
Israël ne doit pas permettre cette situation et il faut donc une réponse – avant qu’Israël n’accepte un arrangement. Les attaques de représailles de mercredi n’étaient pas aussi importantes que cela, en dépit des vidéos publiées par Tsahal. Le seul terroriste tué est le résultat de la neutralisation d’une cellule qui tentait de lancer des roquettes contre le conseil régional de Hof Ashkelon.
Lecteur vidéo
Entre-temps, certains dirigeants du Hamas sont entrés dans la clandestinité et l’organisation a évacué ses postes de commandement afin de limiter la capacité de Tsahal à procéder à des éliminations ciblées.
Tsahal a présenté au Cabinet de sécurité des opérations de différents niveaux, mais il est clair que l’armée et les responsables politiques manque du genre de ruse par laquelle Israël a excellé lors des Opérations Plomb Durci et Bordure Protecrice. En 2008, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a ordonné d’ouvrir les points de passage frontaliers de Gaza malgré les tirs de roquettes interminables. Le lendemain, il a également ordonné de frapper des dizaines de cibles du Hamas. En 2012, Barak et Netanyahu se sont rendus sur les hauteurs du Golan pour une photo afin de détourner l’attention des médias sur la Syrie, tandis que l’armée de l’air menait une attaque pour l’éliminer contre le commandant du Hamas, Ahmed Jabari.
Cela fait six mois que la politique de retenue de Netanyahu et Lieberman ne fonctionne pas. Il n’y a aucune raison de croire que s’ils continuent sur la même voie maintenant, cela va soudainement porter ses fruits.