Cour suprême: le profil des favoris de Donald Trump

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ÉTATS-UNIS – Le choix est d’une importance cruciale. Le président américain Donald Trump doit promouvoir ce lundi 9 juillet au soir un haut magistrat à la Cour suprême, après plusieurs jours consacrés à rencontrer des candidats conservateurs. Mariage homosexuel, discriminations raciales, peine de mort, controverses électorales, port d’arme, poids des syndicats: la Cour suprême tranche les plus grands débats de société aux États-Unis.

Il s’agit de remplacer le juge Anthony Kennedy, qui a surpris en annonçant le 27 juin qu’il prendrait sa retraite. Nommé en 1987 par Ronald Reagan, il a souvent joué un rôle d’arbitre entre quatre sages progressistes et quatre conservateurs. D’où l’enjeu contenu dans la désignation de ce nouveau juge.

La bataille s’annonce féroce au Sénat, qui devra ensuite confirmer le choix de Donald Trump par un vote à l’automne. Les Républicains n’y détiennent qu’une très courte majorité face à l’opposition démocrate qui redoute de voir basculer la haute cour fermement du côté conservateur, et pour des décennies: les candidats n’ont en moyenne qu’une cinquantaine d’années, ce qui pourrait assurer un ancrage à droite pendant très longtemps chez ces sages nommés à vie.

« C’est un groupe de juges très talentueux, brillants, conservateurs pour la plupart. Ils me plaisent tous », a déclaré Donald Trump au sujet de sa « short list » de juges. Quatre d’entre eux sont considérés comme les favoris du président américain. Et chacun dit quelque chose du virage conservateur qui s’annonce à la Cour suprême:

  • Brett Kavanaugh, un proche de George W. Bush
Juge à la cour d’appel de la capitale fédérale, instance réputée pour l’importance des dossiers qui y passent, il a commencé sa carrière dans la magistrature comme assistant d’Anthony Kennedy, qui prend sa retraite. Près de trois décennies séparent les deux hommes et, s’il est choisi par Donald Trump, Brett Kavanaugh deviendrait à 53 ans l’un des plus jeunes sages de la plus haute juridiction du pays.

Diplômé de la prestigieuse université Yale, il a démontré à de multiples reprises un conservatisme rassurant les républicains, notamment quand il s’est déclaré -il est vrai sur un motif technique- opposé à la loi Obamacare sur la couverture maladie universelle.

Il s’est fait connaître dans les années 1990 lors de deux scandales de l’ère Bill Clinton. Il avait mené une enquête dans l’affaire Whitewater, concernant des investissements dans l’immobilier du couple présidentiel. Plus tard, il a participé à la rédaction du rapport du procureur Kenneth Starr, portant notamment sur la relation extra-conjugale que Bill Clinton avait eue avec une stagiaire, Monica Lewinsky.

En arrivant en 2001 à la Maison Blanche, George W. Bush l’avait recruté comme conseiller juridique, avant de le nommer à la cour d’appel de Washington.

En 2012, le juge a fait partie d’un panel ayant annulé une mesure de l’EPA, l’agence fédérale de protection de l’environnement, visant à réduire la pollution de l’air entre les États.

Récemment, il a exprimé son désaccord avec une décision permettant à une adolescente entrée clandestinement aux États-Unis de se faire avorter. Ce catholique pratiquant, actif dans diverses associations religieuses, est marié et père de deux filles.

  • Thomas Hardiman, un farouche militant du port d’arme
Juge à la cour d’appel fédérale de Pittsburgh, en Pennsylvanie, il avait été finaliste en 2017 pour être nommé à la Cour suprême, Donald Trump choisissant finalement Neil Gorsuch. Pour cette deuxième possibilité offerte à Donald Trump de nommer un juge à la Cour suprême, et d’ancrer ainsi dans le conservatisme cette institution, Thomas Hardiman fait à nouveau partie des favoris.

Ancien militant républicain, solide conservateur, le juge Hardiman, 53 ans, a siégé avec la soeur de Donald Trump, la juge Maryanne Trump Barry, qui en aurait fait l’éloge.

Il s’est fait connaître en estimant par exemple que le premier amendement de la Constitution américaine n’autorisait pas les citoyens à filmer les policiers. Et, dans plusieurs dossiers concernant des condamnés à mort, il s’est rangé du côté des procureurs cherchant à appliquer le châtiment suprême.

  • Amy Coney Barrett, une défenseure de la religion
Si elle est nommée, Amy Coney Barrett deviendrait la seule magistrate conservatrice de la Cour suprême, les trois autres femmes de la haute cour étant progressistes.

La magistrate de 46 ans a grandi à Metairie, une banlieue de La Nouvelle-Orléans. Après avoir été élève d’un lycée catholique pour filles en Louisiane, elle a suivi des études brillantes dans une institution dépendant de l’Église presbytérienne dans le Tennessee puis à l’université Notre Dame, dans l’Indiana.

Elle est réputée pour ses articles de doctrine juridique, dans lesquels elle professe des opinions largement influencées, selon ses détracteurs, par ses valeurs religieuses traditionalistes. Si sa position sur l’avortement reste imprécise, difficile d’imaginer que les progressistes puissent compter sur elle pour défendre le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), une question qui sera déterminante dans la confirmation du candidat au Sénat.

Du côté de la Maison blanche, en revanche, le sujet n’est même pas sur la table: Donald Trump a d’ores et déjà indiqué qu’il ne demanderait pas aux candidats leur position sur le droit à l’avortement. Donald Trump a depuis son élection en 2016 notamment proclamé sa préférence pour des juges penchant contre le droit à l’avortement. Et l’a démontré avec une première nomination en 2017: celle du conservateur Neil Gorsuch.

  • Raymond Kethledge, un gardien de la Constitution

Cet homme de 51 ans a également officié comme assistant d’Anthony Kennedy à la Cour suprême, une fonction extrêmement prisée qui permet à un jeune magistrat de se familiariser avec les rouages du Temple du droit des États-Unis.

Il a grandi dans le Michigan, dans la région des Grands Lacs, État où il continue de siéger à la cour d’appel, après y avoir été nommé par George W. Bush en 2006.

Fervent militant de la libre entreprise et des droits individuels, notamment celui de la propriété privée et celui de porter des armes, ce conservateur a produit de nombreux écrits qui ont séduit la Federalist Society, l’organisation conservatrice qui a sélectionné les candidats à considérer par la Maison Blanche.

Le juge Kethledge appartient à l’école de jurisprudence américaine originaliste, qui soutient que la Constitution doit être interprétée conformément à son sens à l’époque de son adoption.

Source www.huffingtonpost.fr

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