Va, mon peuple, retire-toi dans tes demeures, et ferme les portes derrière toi ; cache-toi un court instant, jusqu’à ce que la bourrasque ait passé. (Isaïe 26 ;20)
Plus le temps avance et plus l’étau se resserre. Nous sommes aux limites d’un confinement total. Les lieux d’études et de prière sont désormais fermés. Que nous arrive-t-il ? Qu’est-ce que Hachem attend de nous ? Certains pensaient jusque-là que l’abnégation, voire l’entêtement, était la solution du problème actuel. N’est-ce pas ce que beaucoup de nos frères juifs ont fait durant la Seconde Guerre mondiale ? N’ont-ils pas poursuivi l’étude de la Tora et la prière publique au risque de leur vie ? Nous connaissons tous la réponse de rabbi Akiva à Papous ben Yehouda : nous sommes à l’instar des poissons qui ne peuvent pas vivre sans eau. Nous ne pouvons pas vivre sans Tora. Nous devons donc maintenir l’étude au péril de notre vie.
De plus, l’étude de la Torah ne protège-t-elle pas ? Nos sages ne nous ont-ils pas enseigné : « La Tora protège et sauve » ?
Et pourtant ! Hachem a fermé avec force nos synagogues et nos Yechivoth. Beaucoup de ceux qui ont persisté à prier en public sont tombés malades, que Hachem nous en préserve et les guérisse ! Nous vivons une période très troublante. Hachem nous pousse au confinement. Pourquoi ? Serait-Il en colère contre nous ? Rejette-t-Il notre service communautaire ? Les sages de la Michna s’interrogent sur le moment où l’on doit mentionner la pluie dans prière de la ‘Amida (machiv haroua’h ou-morid haguéchem). Selon rabbi Eliézer, nous faisons cette mention à la fin de Souccoth. Mais selon rabbi Yehochoua’, nous la faisons au début de Souccoth (cf. Ta’anith 2a). Rabbi Eliézer s’étonne de la position de rabbi Yehochoua, car « la pluie durant la fête de Souccoth est un signe malédiction. » Rachi cite dans son commentaire un passage de la Guemara Soucca : nous sommes dispensés de la mitsva de soucca lorsque la pluie abîme les mets. Nos sages comparent cela à un serviteur qui apporte une cruche d’eau à son patron, mais celui-ci lui jette la cruche au visage en signe de rejet. L’incapacité de respecter une mitsva signifie-t-elle un rejet de Hachem ?
Rav Eliahou Dessler explique à divers endroits le grand défi de notre exil : le bita’hon (la confiance en Hachem). Il ne s’agit pas d’une confiance superficielle, mais d’un profond sentiment de dépendance. Nous ne maîtrisons rien. Hachem est l’unique pilote et le seul grand patron. Cela semble évident, n’est-ce pas ? Pourtant, force est de constater que nous ne vivons pas, ou très peu avec ce sentiment. Ce n’est pas un reproche, mais une constatation. La preuve est l’angoisse dans lequel nous plonge cette situation difficile. L’absence de maîtrise nous terrifie. Car nous avions jusqu’à présent l’illusion de contrôler notre environnement. Nous pensions tous : « C’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras, qui m’a valu cette richesse. » Là encore, il ne s’agit pas d’un reproche, mais d’un constat. Hachem nous invite aujourd’hui à l’humilité. Il nous invite à nous recueillir. Et ce recueillement nous conduira très certainement à Lui et à la délivrance finale.
Que Hachem nous aide ! Qu’Il guérisse tous les malades et mette immédiatement fin à cette épreuve terrible et nous apporte la délivrance dans la joie !