Nous voici en veille de Pessa’h, et l’impression générale des résultats des élections est que nous sommes fort loin d’être libérés…
Les deux parties de la société israélienne, les pro-Bibi et les Tout, sauf Bibi, se partagent les suffrages, et rien n’a changé à la suite de ce Xeme tour d’élections, sauf que finalement la seconde partie, les opposants à Bibi, ne sont majoritaires que s’ils tiennent compte du parti commun arabe, ce qui est tout de même assez inacceptable. Car, quand au contraire Netaniahou pourrait songer à faire tenir son prochain gouvernement sur le parti de Abbas, les dits opposants crient au scandale…
Or c’est finalement l’issue de ce jeu qui pourrait être choisie : tout le groupe qui gravite autour de Bibi, auquel s’ajouterait Bennet, puis Abbas, ce dernier passant d’un groupe inexistant, séparé juste présentement du parti unifié arabe, pour non seulement arriver en dernière minute à être accepté à la Knesset, mais en plus en devenant le groupe qui permet à Bibi de rester au pouvoir !
On imagine déjà combien cela va coûter !
Mais, d’un autre côté, cette démarche a tout de même quelque chose de légitime : Netaniahou vient juste de réussir à provoquer une révolution historique dont on n’a pas encore perçu la pertinence et l’importance, mais que l’Histoire devra considérer ! Il est parvenu à enlever toute légitimité à la lutte palestinienne pour arriver à ce que ce groupe n’ait plus d’importance et sa lutte soit considérée comme dépassée, et a amené, avec Trump il est vrai, à nombre d’entités nationales musulmanes à signer des accords avec Israël. Selon Netaniahou, d’autres sont encore en train de se rapprocher de cette conduite. Le tout, certes, par peur de l’Iran, mais le fait est là que ces pays ont abandonné la position traditionnelle fixée, figée devrait-on dire, depuis 70 ans, et ce faisant ont abandonné les Palestiniens à leur triste sort – surtout si ces derniers ne composent pas avec Israël, parce que s’ils l’acceptaient, ils arriveraient rapidement à avoir des droits et de l’aide qu’aucune autre tribu arabe ne connait dans la région…
Abbas s’appuie sur cette conception, et comprend très bien que jouer ce jeu ne peut qu’ajouter au bien-être et au confort de ses frères arabes, tout en devenant de plus en plus légitime. Du reste, c’est sur cette vision qu’il a gagné toutes ces voix arabes.
En vérité, donc, son jeu n’a rien d’illégitime, ni de sa part, ni de la part de Netaniahou, quoi qu’en disent ses opposants – mais s’il faut s’attendre à des arguments justes et corrects de la part des membres du bloc anti-Bibi…
Maintenant, il faudrait également que Smurtich et Bennet acceptent un tel jeu, ce qui n’est pas évident. Mais quelle est l’autre option : laisser un bloc anti-Bibi se « composer », et gérer le pays ? Est-ce mieux ?
C’est autour de ces interrogations que nous nous trouvons en veille de Pessa’h de cette année. La compréhension du monde orthodoxe est que seul Netaniahou est disposé à continuer à pratiquer un certain respect du statu-quo religieux et à réglementer les relations entre la voie parlementaire et la force juridique du pays, ce qui, pour le monde orthodoxe, est essentiel. Si un Lapid ou un Liebermann prenaient le pouvoir, c’en est fini avec tout cela, toute la pratique juive du pays s’effondre, le statu-quo est supprimé, le Chabbath totalement profané dans le pays entier, les conversions les plus légères acceptées, l’étude de la Tora remise en question, les familles nombreuses rejetées, et le reste à l’avenant. Le pays passerait officiellement sous la coupelle d’un groupe de juges libéraux et tyraniques, qui refusent la vox populi et ses choix parlementaires, au profit d’une conception allant totalement contre notre tradition et contre l’image d’un peuple juif vivant sur sa terre et respectant la Tora !
Les dés sont lancés, et tout est encore possible ! Que l’Eternel soit avec nous, et qu’Il fasse que nous arrivions à une délivrance de ces menaces actuelles dans le cadre limité qui est le nôtre, avant de nous mener réellement à la délivrance totale, sous la direction du Machia’h, le plus vite possible, de nos jours !