Les députés tunisiens du bloc parlementaire communiste du Front populaire ont déposé un projet de loi interdisant toute relation avec l’État d’Israël et les Juifs d’Israël. Ils veulent infliger des sanctions pénales et financières à tous ceux qui ont des rapports avec les citoyens israéliens et criminaliser les contacts avec l’État d’Israël.
Les réactions d’indignation se multiplient parmi les Juifs tunisiens.
Cette loi va imposer une séparation entre les Juifs en Tunisie et leurs proches en Israël. Elle interdira le moindre contact entre ceux vivant dans ce pays musulman et dans l’État hébreu.
Des familles entières, parents et enfants, maris et femmes, frères et sœurs, seront interdits de visiter leur famille en Israël. Plus de 165.000 juifs tunisiens vivent en Eretz Israël.
Déjà, la grande majorité des membres de la génération qui a vécu dans sa chair la séparation avec ses proches en Tunisie est morte sans jamais avoir la chance de revenir voir ceux vivant en Tunisie ou récupérer leurs biens.
Pour les nonagénaires, voire les octogénaires qui vivent en Tunisie, cette nouvelle loi signifierait une séparation qui aura le goût amer d’une séparation presque à coup sûr définitive avec leurs enfants et petits enfants vivant en Israël.
Cette loi discriminatoire, si elle était adoptée, constituerait un grand triomphe pour les lobbies antisémites en Tunisie, sachant que les Tunisiens n’ont pas de conflit frontalier avec Israël.
Cette loi rappelle aussi les mesures prises en Corée du Nord par le régime communiste de Pyongyang, qui interdisent aux familles nord-coréennes de retrouver leurs proches en Corée du Sud. Les communications transfrontalières directes, lettres ou coups de téléphone, sont interdites depuis 1953.
Une initiative des partis communistes tunisiens
Le 5 janvier 2018 ont commencé en Tunisie les séances d’audition, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), relatives au projet de loi « sur la criminalisation de la normalisation des relations entre la Tunisie et Israël. »
Déjà 89 députés ont déposé une pétition pour accélérer les démarches de la discussion du projet. Ils ont jugé inconcevable d’entretenir des échanges avec les Israéliens «à un moment où le sang palestinien coule à flots».
Le Front populaire est une coalition politique antimondialiste regroupant douze partis politiques et associations d’extrême gauche et des nationalistes, ainsi que de nombreux intellectuels antisémites.
Le porte-parole de cette formation politique, Hamma Hammami, a dit que :
« L’adoption de ce projet de loi sera sans doute une réponse claire à l’appel du président américain Donald Trump à la normalisation entre les pays arabes et l’entité sioniste et à sa décision de reconnaître al-Quds comme capitale d’Israël ».
L’adoption de cette loi va permettre de rompre légalement et définitivement avec toute tentative de normalisation avec l’entité sioniste, faisant ainsi de la Tunisie le premier pays arabe et musulman à prendre une telle décision », a-t-il poursuivi.
L’assassinat de Mohamed Zouari était à l’origine de la normalisation avec l’entité sioniste et le Mossad» a-t-il indiqué, estimant indispensable de promulguer une loi qui inflige des sanctions à tous ceux ont des rapports avec elle.
Le chef communiste fait ici référence à un terroriste tunisien, sponsorisé par l’Iran et ses alliés, qui concevait des drones et des sous-marins téléguidés pour le compte du mouvement intégriste du Hamas, qui est placé sur la liste des organisations terroristes. Cet agent iranien a été tué, le 15 décembre 2016, par balles, devant son domicile, à Sfax, alors qu’il était dans sa voiture.
© Ftouh Souhail pour Dreuz.info.