Selon François Martin, membre fondateur du fonds de recherche amitié politique, la laïcité ou la République ne sont pas suffisants pour construire une culture et éviter la prolifération de philosophies exogènes à la nation.
Alors que les ouvrages se multiplient sur la progression de l’islam radical en France, les médias semblent à chaque fois redécouvrir ce sujet. Il y a quelques semaines, Barbara Lefebvre signait pour Valeurs actuelles un article sur la façon dont leurs médias découvrent, à chaque nouvel ouvrage publié, la progression de l’islam radical en France. Près de 16 ans après la publication choc des Territoires perdus de la République (l’ouvrage est sorti en avril 2004), que ce doit être dur pour la combattante et visionnaire qu’est Barbara Lefebvre que d’avoir le sentiment de voir se répéter sans arrêt les mêmes choses. Qu’il doit être frustrant de constater la « divine surprise » que semble être la parution du nouveau livre Les territoires conquis de l’islamisme de Bernard Rougier (avec, semble-t-il, « un accueil très enthousiaste dans les médias »), … ceci après la précédente « surprise » médiatique, et avant, certainement, la prochaine fois !
D’où vient cette cécité collective ?
En réalité, s’il faut bien s’interroger sur une chose, c’est sur la raison de fond de ce non-dit et de cette cécité collective, sidérants au demeurant, de nos intellectuels et « leaders d’opinion », et qui sont la véritable cause de l’expansion de l’islamisme. Il y a ici deux éléments à considérer. Christophe Guilluy, encore lui, avait d’abord apporté une première réponse, en disant que pour une nomenklatura aux abois, la répétition de mots ou d’idées éculés et auxquels personne ne croit plus, tout comme la répétition de « l’avenir radieux du socialisme » à l’époque soviétique, a plusieurs avantages essentiels. L’un est l’affirmation qu’il existe encore une unité sociale, une illusion de consensus largement partagé autour de ces idées, pouvant laisser à penser que n’existe pas la fracture sociale béante, que pourtant tout le monde voit. Miracles de la parole « magique » dans les systèmes totalitaires… Rappelons que si les systèmes autoritaires visent à interdire l’action, les systèmes totalitaires visent, eux, à interdire la pensée. A l’évidence, nous y sommes. L’autre, plus important, est celui de resserrer, autour de la répétition des mêmes mots, des mêmes mantras et autres “éléments de langage” (« pas d’amalgame ! », « faut-il parler avec Zemmour ? », etc.), le petit groupe des oligarques, médiatiques en particulier, afin de lui éviter qu’il explose, et qu’il perde au bout du compte ce qui l’intéresse et ce qu’il cherche à tout prix à conserver, à savoir ses intérêts et ses prébendes. Une sorte de « chant des Marines », en quelque sorte, pour se donner du courage face à la difficile tâche de maintenir le pouvoir lorsque tout le système s’écroule… On est loin de la puissante pensée de gauche, propre à transformer le monde !
“Appliquant Sun Tzu sans même s’en rendre compte, l’islam radical gagne sa guerre de la meilleure des façons : sans combattre.”
Dans tous les cas, cette impossibilité à « nommer l’ennemi » fait le lit de son entrisme et de sa conquête. Appliquant Sun Tzu sans même s’en rendre compte, il gagne sa guerre de la meilleure des façons : sans combattre. L’autre élément à considérer, c’est qu’on ne vaincra pas l’islamisme sans réhabiliter la culture chrétienne. Tous les historiens sans exception savent que notre civilisation est chrétienne. Or les notions de « république » ou de « laïcité » sont des constructions politiques ou des garde-fous sociaux, mais ne peuvent fonder à eux seuls une culture. On sait bien aussi que le projet politique laïciste poursuivi en grande partie, avant même la Révolution, par les Loges maçonniques, a contribué (même si Guillaume Cuchet, dans son excellent livre Comment notre monde a cessé d’être chrétien, montre que la modernité matérialiste et pacifiste, à partir des années 60, a bien « terminé le travail ») sinon à éradiquer complètement, du moins à fragiliser fortement la religion chrétienne, et, par ricochet, la culture.
On se retrouve ainsi dans la situation qui serait celle de biologistes persuadés qu’il faut éradiquer, en Méditerranée, les herbiers de posidonie, qui constituent l’écosystème naturel de cette mer, et sur lequel toute la faune s’appuie et se nourrit. Une fois engagée cette désertification, il ne faudrait pas s’étonner que prolifère la caulerpa taxifolia cette « algue tueuse », toxique et mortifère, ce qui est en effet le cas aujourd’hui. On ne modifie pas plus les écosystèmes culturels que les écosystèmes naturels sans conséquences. Il est indispensable de reconstruire l’écosystème culturel chrétien de la France si l’on veut éradiquer les philosophies toxiques Ce qui est intéressant dans cette affaire, ce n’est pas de pointer du doigt les responsables ou même les coupables, mais c’est de constater qu’il est indispensable de reconstruire l’écosystème culturel chrétien de la France si l’on veut éradiquer les philosophies toxiques, que ce soit l’islamisme tout comme, d’ailleurs, le consumérisme matérialiste qui nous détruit tout autant. C’est bien parce que notre nomenklatura au pouvoir refuse de « nommer l’ennemi », mais aussi parce qu’elle a tout fait pour désertifier notre écosystème culturel traditionnel, le livrant à toutes les « pollutions » et destructions exogènes, que nous ne parvenons pas à lutter aujourd’hui contre l’islamisme. A quand un véritable « aggiornamento » ?
Source www.valeursactuelles.com