L’Iran menace Israël de déclencher une guerre à grande échelle, mais où Téhéran trouve-t-il l’argent pour financer ses activités terroristes contre Israël ? Les ennemis d’Israël – l’Iran, le Hamas, les Houthis et le Hezbollah – ont tous été durement touchés, perdant des soldats, des installations d’entraînement, des tonnes d’armes et des kilomètres de tunnels ; des personnalités importantes ont été assassinées. Pourtant, le régime des ayatollahs continue de bénéficier de sa source de revenus : les exportations de pétrole à grande échelle.
Les revenus pétroliers continuent d’affluer malgré les nombreuses sanctions imposées au pays depuis 2019 pour stopper ses exportations de pétrole. L’Iran contrecarre ces sanctions avec plus de 300 pétroliers immatriculés dans des pays étrangers, qui forment une « flotte fantôme ». Cette flotte désactive ou perturbe les systèmes de navigation et d’identification (AIS) et utilise de faux documents d’immatriculation.
Les sanctions de Washington et la progression de l’Iran vers le terrorisme
L’un des principaux défis des sanctions américaines est que les ventes iraniennes progressent à un rythme plus rapide que celui que les Américains peuvent sanctionner. Par exemple, au 18 juillet 2024, les États-Unis ont imposé des sanctions sur 48 navires, dont 41 pétroliers. Pourtant, Lloyd’s List note que depuis le début de l’année, le régime des ayatollahs a agrandi sa flotte fantôme avec des pétroliers totalisant 3,85 millions de tpl (capacité – unité de mesure du poids maximal qu’un navire peut transporter). Un pétrolier particulièrement petit transporte 50 000 tpl, et un particulièrement grand 550 000 tpl.
En juin dernier, l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait déclaré que si le gouvernement d’Ebrahim Raïssi avait pu vendre autant de pétrole ces dernières années, c’était grâce à l’échec de l’application des sanctions. En d’autres termes, les Iraniens profitent de la réticence de l’administration Biden à appliquer les sanctions, qui découle de la volonté de Washington de contenir la hausse des prix du pétrole.
L’Iran vend à la Chine et récolte le terrorisme anti-israélien
La demande de pétrole iranien provient principalement du plus grand importateur mondial, la Chine. Selon la société de surveillance du trafic maritime ARGUS, la Chine achète 85 à 90 % des quelque 1,5 million de barils par jour exportés par l’Iran. Selon l’organisation UANI, en juin, la quantité de pétrole a augmenté de 17 % par rapport à la même période l’année dernière. Depuis le début du mandat du président Biden en janvier 2021 jusqu’en décembre 2023, les revenus du régime des ayatollahs provenant des exportations de pétrole vers Pékin ont franchi la barre des 100 milliards de dollars.
La Chine renforce sa présence au Moyen-Orient, que ce soit en Arabie saoudite ou par le biais de contacts entre les factions palestiniennes, car elle y perçoit un vide et une faiblesse américaine. Les médias iraniens ont clairement indiqué que l’Iran était protégé des sanctions américaines grâce à la Chine.
L’économie iranienne est maintenue à flot
Les achats de pétrole chinois contribuent à empêcher l’économie iranienne de sombrer. La population iranienne se trouve toutefois dans une situation difficile. Le Centre iranien des statistiques a indiqué que 930 000 étudiants ont quitté le système éducatif iranien l’année dernière. Le Centre de recherche du Parlement islamique de la République islamique d’Iran a constaté que 15 % des enfants du pays doivent travailler, et que 10 % ne peuvent pas aller à l’école à cause de leur travail. L’année dernière, le ministère iranien de l’Intérieur a constaté que 60 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté.
D’autre part, le Fonds monétaire international (FMI) a constaté qu’en 2023, l’économie iranienne a progressé de 4,7 %, grâce à une croissance de 19 % du secteur pétrolier. L’année dernière, le taux de production iranien est passé d’un demi-million de barils par jour à 3,1 millions par jour. Dans le même temps, la production pétrolière iranienne ne devrait augmenter cette année et l’année prochaine que de 100 000 barils ; le FMI prévoit donc un ralentissement au cours duquel le PIB augmentera de 3,3 % en 2024 et de 3,1 % en 2025.
L’économie iranienne repose sur les produits pétroliers et a besoin de devises étrangères, comme l’ont démontré les sanctions imposées sous l’administration Trump.
Il s’agit d’une version modifiée d’un article initialement publié par le Centre des affaires publiques de Jérusalem.
AVIRAM BELLAISHE
Aviram Bellaishe est vice-président en charge de la stratégie, de la sécurité et des communications au Jerusalem Center. Pendant plus de 25 ans, il a occupé des postes de direction au sein du gouvernement en tant que spécialiste de la veille économique et du Moyen-Orient, expert en négociation et responsable de la coopération internationale. Il a été directeur israélien d’une initiative régionale de dialogue sur la coopération commerciale et économique dans les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et est actuellement membre du comité exécutif de MENA 2050.