L’Attaque au couteau perpétrée à la prison d’Alençon-Condé-sur-Sarthe par le délinquant converti Michaël Chiolo et sa compagne islamiste Hanane Aboulhana, relance le débat sur les prisons-passoires et « fabriques » de terroristes islamistes.
Comme de coutume, les deux « martyrs » Chiolo/Aboulhana ont crié « allahou Akbar » en perpétrant leur assaut funeste. Et comme de coutume, nous avons affaire à des profils connus des services que l’on aurait pu neutraliser si l’on s’en était donné les moyens. Condamné en première instance en 2014 puis en appel en 2015, Michaël Chiolo aurait basculé dans le radicalisme pro-terroriste en 2015 entre ses deux procès. Sa fiancée Hanane Aboulhana, 34 ans s’était également radicalisée ces dernières années.
Chiolo purgeait une peine de 30 ans pour avoir séquestré puis assassiné, le 17 avril 2012, Roger Tarall, 89 ans, ancien résistant et survivant du camp nazi de Dachau, achevé par asphyxié après de longues heures de tortures. La double nature islamiste-radicale et ultra-violente de l’ex-voyou converti ne pouvait être ignorée : dès 2010, Chiolo avait affiché sur son blog sa conversion à l’islamisme radical ainsi que son nouveau nom Abdel-Karim, et d’après l’expert psychiatre qui l’a évalué en 2012, après son meurtre barbare, l’individu présentait un « trouble de la personnalité grave de type dyssociale » sur lequel les psychothérapies sont « sans effet », et le « risque de récidive violente est majeure » chez ce genre d’individu d’une « grande dangerosité ».
Bien que parfaitement informée de la dangerosité de l’énergumène, l’administration pénitentiaire a laissé Hanane Aboulhana, sa compagne, elle-même ultra-radicalisée et portant burka et gants salafistes, rejoindre Chiolo dans « l’unité familiale » (UVF) de la prison sans même la fouiller. Il est vrai qu’en France, les fouilles systématiques sont interdites en prison, mais systématiques dans les stades de foot ou même dans certains magasins et aéroports ? Ce laxisme a permis à Hanane de faire rentrer dans l’UVF le couteau en céramique qui a blessé les deux surveillants. Plus incroyable encore, la maison d’arrêt d’Epinal a laissé Chiolo cohabiter durant quatre mois (octobre 2014-début février 2015) avec Cherif Chekatt, le fameux terroriste du marché de Noël Strasbourg qui a sévi le 11 décembre dernier… L’administration pénitentiaire a certes fini par les séparer, tant ils étaient devenus « trop proches », mais lorsque Chekatt a été placé à l’isolement, l’homme avait déjà fait des émules. Chiolo et Chekatt ont d’ailleurs pu échanger des courriers après leur « séparation ».
Chiolo et son épouse ont d’ailleurs perpétré leur attaque dans le but de « venger » la mort de Chekatt.
C’est pourtant dans un centre pénitentiaire ultra-sécurisé et aux frais de l’Etat que ce psychopathe idéologisé a pu tranquillement parachever sa radicalisation politico-religieuse. Chiolo/Abdel-Karim n’a d’ailleurs jamais été efficacement isolé durant ses détentions, y compris après sa nouvelle condamnation en 2015 pour apologie du terrorisme lorsqu’il avait imité et glorifié les tueurs du Bataclan.
Comme d’habitude, un personnage hybride délinquant/islamiste radical connu des services
Michaël Chiolo était parfaitement identifié par les services de renseignement pénitentiaires pour sa radicalisation islamiste et son nom figurait bien tant parmi les « fichés S » que parmi le Ficher de signalement et de prévention de la radicalisation terroriste (FSPRT).
Alain Tarall, le fils de la victime de 89 ans qu’il tortura et massacra froidement, se souvient bien de Chiolo qui, lors du premier procès, « tenait son chapelet musulman et souriait en le regardant » (Républicain Lorrain). Lors de la session d’appel, au tribunal de Nancy, Chiolo avait été encore plus virulent, menaçant juges et jurés. Apparemment, c’est bien lors de son incarcération en 2012 qu’il s’est radicalisé, d’abord dans maison d’arrêt de Metz, où « les milieux radicalisés lui ont tendu la main », selon ses avocats, puis dans d’autres prisons, dont celle d’Epinal, se faisant régulièrement remarquer par de « nombreux incidents de détention » : il aurait par exemple forcé des codétenus à boire huit litres d’eau par jour pour se « purifier le corps ».
A Nancy, il se singularisa par son prosélytisme agressif, ainsi qu’en témoigne la déléguée régionale FO pénitentiaire, Fadila Doukhi. Michaël Chiolo parvenait même à communiquer avec d’autres détenus, certains se plaignant même d’être harcelés.
Un profil « nazislamiste » pas si original que cela
On évoque parfois les convertis ex-communistes ou tiersmondistes devenus islamistes par haine de l’Occident, de l’impérialisme ou du sionisme, le cas du terroriste Carlos, ex-communiste pro-palestinien devenu « néo-wahhabite » pro-Al-Qaïda et pro-Daech. Avec Chiolo, on a plutôt affaire c’est cette fois-ci à un militant pro-nazi devenu islamiste par haine des Juifs et par goût de la violence extrême à la SS. Rappelons que ce Mosellan né en 1991 qui avait rompu avec son entourage depuis l’âge de ses 17 ans avant de devenir successivement SDF, braqueur, puis assassin, a été sympathisant nazi bien avant de devenir un islamiste radical.
Lors de son premier procès d’assises, en 2015, les juges avaient souligné son attirance pour le nazisme durant son adolescence. Des photos avaient été présentées montrant que Michaël Chiolo collectionnait les posters d’Adolf Hitler. Les avocats se souviennent d’un homme certes socialement désoeuvré, mais intelligent, cultivé et idéologisé, foncièrement fasciné par le mal et la violence totalitaire, jadis nazie, aujourd’hui islamiste-jihadiste.
A des échelons plus « gradés », ce genre de profil n’est pas si nouveau, car de Johannes Von Leers, l’ex-bras droit de Goebbels pour la propagande anti-juive, réfugié en 1945 en Egypte et devenu frère-musulman, à David Myatt, l’idéologue néo-nazi britannique devenu en 1999 Abdul-Aziz ibn Myatt et militant pro-Al-Qaïda, les passerelles entre le nazisme et l’islamisme sont constantes depuis les années 1930, sans oublier les puissants liens unissant le banquier du nazisme François Genoux, le collaborateur belge Léon Degrelle, Adolphe Hitler et le Grand Mufti de Jérusalem Al-Husseini. Mais revenons à notre sujet actuel.
Les limites du droit de l’hommisme et de l’empathie envers les prédateurs.
L’attaque jihadiste au couteau perpétrée par Chiolo et sa compagne contre deux fonctionnaires pénitentiaires n’a pas été commise par hasard dans l’unité familiale (UVF) de la prison d’Alençon, réputée pour sa modernité et sa haute sécurité, mais soumise, comme tous les centres pénitentiaires, aux normes ultra-protectrices des droits des individus et des familles.
Chiolo avait ainsi été rejoint par sa compagne, Hanane Aboulhana, dans « l’unité de vie familiale » (UVF), un dispositif qui permet non seulement à des détenus même dangereux de retrouver leurs compagnes et familles de 6 à 72 heures, mais qui « protège » les visiteurs et détenus des fouilles. Aussi fou que cela puisse paraître, une personne notoirement fanatisée, donc potentiellement dangereuse comme Aboulhana, 34 ans, portant le niqab et des gants, a pu entrer en prison sans être fouillée. Le couple Chiolo-Aboulhana a donc pu se procurer le plus simplement du monde des couteaux en céramiques, non-détectables par les systèmes de contrôle classiques français, à la différence des systèmes de portiques/scanners capables de voir tout objet mais que l’Administration et les règles européennes prohibent car trop « intrusives »…
Le couple se trouvait d’ailleurs dans l’unité familiale en même temps qu’un autre couple infernal : Mouhamad Dialo et Zoé Bouah, qui avaient obtenu le droit d’y séjourner 24h. Rappelons que Dialo, 31 ans, purge une peine de 12 ans de réclusion criminelle pour « association de malfaiteurs terroriste », qu’il a été condamné pour avoir séjourné en zone irako-syrienne, et que sa compagne, Zoé, 29 ans, convertie, a écopé en novembre 2018 de 2 ans de prison ferme pour « détournement de mineurs » et « association de malfaiteurs terroriste » pour avoir organisé le départ d’une adolescente en Syrie. Étonnamment, malgré cette condamnation pour un fait gravissime, Zoé n’a jamais été écrouée jusqu’à maintenant et elle rend tranquillement visite à son compagnon en toute liberté. Tout se passe donc comme si l’Administration faisait tout pour faciliter les contacts avec les personnalités dangereuses. Comme le tandem Chiolo/Hanane, ce couple est lui aussi inscrit au Fichier FSPRT.
L’incroyable perméabilité et inadaptation de nos systèmes pénitentiaires
Comme le rappelle Eric Dénécé, Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), il faut savoir que dans les prisons françaises, non seulement les fouilles systématiques sont interdites, mais « les appareils de brouillage des téléphones sont également prohibés alors qu’ils pourraient empêcher les détenus possédant illégalement des téléphones portables de communiquer avec l’extérieur puis les idéologues islamistes de fanatiser à distance ».
Concernant le manque cruel de places dans les prisons, dû également au manque de moyens empêchant de construire et mieux adapter les nouvelles prisons, Eric Denécé précise que « cela rend extrêmement difficile un efficace isolement réel et durable des détenus radicalisés dangereux et contagieux. « Le respect de règles européennes ultra-protectrices, les jurisprudences relatives à la sauvegarde des droits de l’homme, rendent la chose presque impossible.
Pourtant, il conviendrait de mettre en place des systèmes bien plus draconiens concernant les criminels endurcis et islamistes jihadistes. Hélas, aujourd’hui en Europe et en France, la protection des droits des prisonniers passe avant celle de l’intérêt général et de la Sécurité collective ». Concernant le fait, étonnant, que les gardiens ne soient pas armés, prérogatives réservées à des groupes d’intervention de l’administration pénitentiaire spécialisés, Dénécé estime que cela n’est pas forcément stupide, « étant donné le risque élevé de voir des détenus voler l’arme d’un surveillant ». Par contre, « on pourrait avoir plus d’effectif, mieux formés et équipés de Taser ou des bombes à gaz par exemple ».
Certes, on pourrait mieux couper les détenus de droit commun des radicalisés islamistes, en « les réunissant dans des prisons spécialisées de haute sécurité, mais la non-porosité totale est pratiquement impossible ». Hélas, conclut-il, « le prosélytisme islamiste en prison est pour l’heure presque impossible à endiguer, d’autant que pour nombre de détenus fragiles, l’adhésion au ‘clan’ islamiste radical en prison est une façon assez efficace d’obtenir une ‘protection’». S’ajoute à ces manquement et écueils décrits précédemment une fragilité psycho-idéologique de nos sociétés « multiculturelles » qui sont toujours à la recherche de « d’atténuants culturels », au nom d’une véritable culture de l’excuse propre à une civilisation complexée qui ne se pardonne rien à elle-même mais tout à ses ennemis déclarés dès lors que ceux-ci sont non-occidentaux, c’est-à-dire « exotiques ».
L’habituelle culture de l’excuse et du victimisme
« Hanane était intelligente, d’une grande gentillesse et très cultivée (…). Elle était naïve, elle a été manipulée par » Michaël Chiolo, a assuré une voisine de la compagne de Michaël qui l’a connue « au collège » d’Illzach, aux alentours de Mulhouse. Après que la police ait perquisitionné le domicile des parents de Hanane, plusieurs membres de la famille ont été entendus par la police, et comme d’habitude, c’est-à-dire comme après chaque nouvel attentat islamiste, les médias ont donné la parole à des proches, membres des familles ou voisins, qui ont rappelé que Hanane «était très gentille », que « l’islam n’a rien à voir là-dedans et qu’il s’agit de « personnes naïves et gentilles » manipulées.
C’est ainsi que l’une des voisines et amies de la jihadiste confie à un journaliste : « Moi, je suis musulmane et dans notre religion, rien ne dit qu’il faut faire du mal à quelqu’un ! (…) Nous les filles, on est fragiles, il suffit que quelqu’un nous bourre le crâne… (…). « J’ai croisé (Hanane) la semaine dernière, elle avait sa tenue musulmane (…) mais rien ne laissait paraître qu’elle allait faire quelque chose comme ça », confie la sœur de cette voisine. Le port d’une burka assortie de gants salafistes n’est pourtant ni courant en islam ni anodin. Les Aboulhana, grande famille de « cinq garçons et trois filles », sont « des gens sans histoire, ils vivent ici depuis au moins 25 ans, je n’ai jamais eu aucun problème avec eux », a témoigné, de façon anonyme une voisine de 80 ans ».
Pratiquant comme souvent « l’omertà de quartier », la vieille dame n’aurait relevé « aucun signe de radicalisation chez Hanane Aboulhana, rien en tout cas qui puisse expliquer son terrible passage à l’acte au côté de son compagnon. Quant à Olivier Golly, 34 ans, qui habite «depuis 10 ans» la maison qui qui jouxte celle des Aboulhana, il raconte que «c’était une famille discrète, plutôt amicale. Ils n’ont jamais été prosélytes», selon lui.
Deux sœurs qui ont connu Hanane au collège confient encore : «Elle a eu un moment de faiblesse (…). Elle a eu une fin qu’elle ne méritait pas, lâche l’une d’elle. La seconde glisse amèrement: « On est musulmanes. C’est des faits comme ça qui salissent notre religion…». Comme de coutume, les interviewés, qui ont connu la jihadiste, n’ont cessé de minimiser de la sorte le radicalisme de la « martyr » et ils ont même bien plus plaint la criminelle ainsi disculpée puis leur « religion ainsi souillée » que les victimes des jihadistes et leurs familles traumatisées à vie. En réalité, Hanane n’était pas une simple naïve qui aurait été islamisée par son petit ami converti radicalisé en prison. Non seulement elle portait déjà le voile avant de le rencontrer, non seulement elle s’était mise carrément à la Burka donc au voile intégral depuis quelques temps, mais on apprend que, comme tant d’autres avant elle, Hanane est « passée » par le sas radicalisant des Frères musulmans avant de tremper dans le salafisme jihadiste. Hanane a même travaillé plusieurs années auparavant au sein de l’Association des musulmans d’Alsace (Amal), affiliée à la fédération musulmane l’UOIF, donc aux Frères-musulmans. Ses parents ont été auditionnés en Alsace dans le cadre de l’enquête antiterroriste ouverte après les faits. Comme pour Chekatt, le terroriste de Strasbourg, un temps présenté comme « solitaire », « auto-radicalisé », ou comme pour Mohamed Mérah, en réalité fanatisé par sa mère et son frère, on finit par s’apercevoir que la « naïve » Hanane était encartée dans un milieu intégriste « institutionnel », celui des Frères, et que ce terreau idéologique favorable couplé à la solidarité ethno-confessionnelle islamique des quartiers, ont constitué des incubateurs, comme la prison a pu l’être pour son fiancé. Les Loups solitaires n’extistent pas, mais les virus idéologiques contagieux oui.
Source www.alexandredelvalle.com