La période qui a suivi le milieu du mois d’avril a été marquée par de vives tensions entre Palestiniens et Israéliens, des émeutes à Jérusalem, des attaques contre des civils israéliens, et la mort de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh suivie de violences lors de ses funérailles.
Le canal en langue arabe de la chaîne publique française France 24 a présenté une multitude de contenus qui, pour la plupart, ne respectaient pas les normes journalistiques de base en matière d’exactitude et d’impartialité.
Détenue et exploitée par le gouvernement français via sa société France Media Monde, la plateforme arabe de France 24 a produit, du 15 avril au 15 mai, des dizaines de sujets d’actualité biaisés, accessibles sur son site web et sa chaîne YouTube. Les contenus les plus problématiques étaient rédigés directement en arabe, les reportages traduits en arabe à partir de contenus anglais ou français de France 24 faisant preuve de davantage de retenue.
Adoptant des points de vue nationalistes palestiniens et arabes en contradiction avec des faits bien établis, les reporters, animateurs et commentateurs arabophones de France 24 ont fait un usage intensif d’une terminologie biaisée et ont avancé des affirmations infondées que l’on ne retrouve pas dans les contenus français et anglais de la chaîne.
Le bilan problématique de France 24 en arabe, et la disparité entre sa couverture en arabe et son contenu en français et en anglais, illustrent un phénomène décrit par un diplomate saoudien, l’ambassadeur Dr Saud Kateb, qui a observé dans une interview de janvier 2022 :
Le problème, je l’ai dit [à maintes reprises], c’est que nombre de profils que les chaînes étrangères attirent, que les chaînes internationales [recrutent] pour leurs filiales arabes, ont des intentions, je veux dire, ils ont beaucoup d’arrières pensées. De ce fait, ils manquent grandement de crédibilité et poursuivent des objectifs bien particuliers.
Avec un profond parti pris qui pèse lourdement sur sa crédibilité, le commentateur des affaires israéliennes et intervenant régulier sur France 24 en arabe Khaled Gharabli a affirmé sur cette même chaîne qu’il n’y avait pas de « preuve scientifique concluante » de l’existence d’un Temple juif au sommet du Mont du Temple, malgré les nombreuses preuves historiques et archéologiques de cette existence.
Dans un second reportage sur le canal en arabe, le présentateur Dana Mansour a repris la calomnie palestinienne répandue selon laquelle l’incendie criminel de 1969 sur le Mont du Temple aurait été perpétré par un « colon » israélien (en fait, le coupable Michael Denis Rohan était un touriste chrétien australien mentalement perturbé).
D’autres mensonges sont apparus dans la couverture arabe de France 24 de cette période tumultueuse, notamment l’affirmation de la propagande du Hamas selon laquelle l’organisation détient « quatre soldats » en captivité (en fait, il y a actuellement deux soldats de Tsahal morts et deux civils israéliens atteints de troubles mentaux dans la bande de Gaza) ; et l’accusation infondée selon laquelle la guerre de 1948 a vu des « dizaines de massacres » perpétrés par des « gangs sionistes » contre des Arabes palestiniens.
Plus d’une douzaine d’autres articles en arabe de France 24 – pour la plupart signés de la correspondante à Jérusalem Laila Odeh – ont faussement qualifié les Juifs pacifiques qui se sont rendus sur le Mont du Temple / Noble Sanctuaire de Jérusalem de « colons prenant d’assaut la mosquée al-Aqsa ». Odeh a également qualifié le territoire israélien internationalement reconnu d’« occupé » ou encore de « territoires de 1948 » à quatre reprises au cours du mois en question. Ses collègues, parmi lesquels la correspondante à Gaza Maha Abu al-Kas, ont qualifié par trois fois des localités juives situées à l’intérieur de la ligne verte de « colonies », portant ainsi à sept sur un seul petit mois le nombre de fois où le radiodiffuseur public français a considéré Israël dans son intégralité comme illégitime.
Face aux multiples sollicitations de CAMERA Arabic demandant une couverture plus conforme aux pratiques anglaises et françaises (certes imparfaites mais toutefois nettement supérieures) de France 24, ainsi que le respect des principes de « rigueur » et de « vérification » énoncés dans la charte de la chaîne, la rédaction de France 24 en arabe a presque toujours manqué à ses responsabilités.
En termes de réactivité face aux appels publics au respect des normes professionnelles et à la correction des erreurs factuelles, France 24 en arabe n’est pas du tout au niveau des plateformes arabes des radiodiffuseurs publics britannique et allemand que sont la BBC Arabic et la Deutsche Welle en arabe. Le non respect de ses obligations publiques par France 24, conjugué au fait que les contribuables français financent entièrement des contenus en arabe que la plupart d’entre eux ne comprennent pas, constitue une grave atteinte à l’intérêt général.
Il faut espérer qu’une plus grande sensibilisation des citoyens français à ce problème permanent favorisera une surveillance renforcée de France 24 en arabe de la part de la direction générale de la chaîne.