Columbia cède : mesures sans précédent contre les manifestants – et expansion de ses activités en Israël

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L’université, théâtre constant de manifestations anti-israéliennes, a cédé à la pression de l’administration américaine et a annoncé une série de changements majeurs – en échange du retour des 400 millions de dollars de subventions qui lui avaient été retirés. L’université supervisera les études sur le Moyen-Orient, interdira les masques lors des manifestations et renforcera l’application de la loi sur le campus. De plus, elle reconnaît pour la première fois une baisse du taux d’inscriptions d’étudiants juifs.

Ynet – Daniel Edelson, New York 

L’université Columbia à New York a cédé à la pression de l’administration Trump et a accepté vendredi soir une série de mesures sans précédent en échange du rétablissement de 400 millions de dollars de subventions et contrats fédéraux qui lui avaient été retirés. C’est ce qui ressort d’une déclaration publiée par la présidente de l’université, la professeure Katrina Armstrong. La décision a été prise à la suite d’une pression intense exercée par Washington sur l’établissement, devenu ces derniers mois un lieu central d’affrontement entre partisans et opposants à Israël sur les campus américains.

L’université s’est notamment engagée à étendre ses activités académiques en Israël, à interdire le port de masques sur le campus et à exercer un contrôle indirect sur le contenu des programmes du département d’études du Moyen-Orient.

Dans sa déclaration, l’université évite de mentionner directement la demande controversée de l’administration américaine de placer sous supervision académique le département d’études du Moyen-Orient et le centre d’études palestiniennes. Cependant, elle annonce la nomination d’un nouveau vice-recteur chargé de procéder à un « examen complet » de tous les programmes régionaux, en mettant l’accent sur le Moyen-Orient. Celui-ci examinera les cours, les contenus pédagogiques, les processus de recrutement du personnel et l’approbation des nouveaux programmes.

La déclaration ne mentionne pas explicitement le professeur Joseph Massad, maître de conférences réputé pour ses critiques virulentes envers Israël, qui avait été ciblé par l’administration Trump.

« Intifada mondiale » : nouvelles violences de la part d’étudiants pro-palestiniens à Columbia

L’université a aussi annoncé plusieurs mesures visant à renforcer l’application des règles contre les manifestations violentes et les actions perçues comme menaçant la sécurité des étudiants juifs. Notamment, il a été décidé d’interdire le port de masques durant les manifestations – sauf pour raisons médicales ou religieuses – à la suite d’incidents où des manifestants masqués avaient commis des actes violents.

Les étudiants participant à des manifestations dans les bâtiments ou zones académiques seront considérés comme enfreignant le règlement et pourraient faire l’objet de sanctions disciplinaires, y compris suspension ou expulsion. L’université ne précise pas si elle appliquera la demande de l’administration Trump de suspendre ces étudiants pour plusieurs années.

En outre, Columbia a annoncé le recrutement de 36 nouveaux agents de sécurité qui auront des pouvoirs élargis, y compris celui d’arrêter et d’expulser physiquement des personnes du campus si nécessaire. Ce changement intervient après des critiques de l’administration Trump selon lesquelles l’université n’avait pas pris de mesures suffisantes pour prévenir les émeutes, notamment l’occupation du bâtiment Hamilton en avril 2024.

L’établissement a également adopté la définition de l’antisémitisme formulée par un groupe de travail interne créé en août 2024. Cela répond aux exigences du gouvernement, qui a accusé Columbia d’inaction face aux incidents antisémites depuis le 7 octobre 2023. Tous les étudiants, membres du corps enseignant et employés devront désormais suivre une formation obligatoire sur la discrimination et l’antisémitisme.

Extension des activités en Israël et nouvelles politiques

Columbia s’est aussi engagée à élargir ses activités académiques à Tel Aviv. Son centre académique en Israël lancera de nouveaux cours et initiatives au cours du deuxième trimestre 2025. Cette décision est perçue comme un geste envers les soutiens d’Israël, dans le contexte de la supervision accrue sur les études du Moyen-Orient.

L’université prévoit également de développer un programme éducatif pour les écoles primaires et secondaires, abordant entre autres l’antisémitisme et le dialogue interculturel.

Elle s’est aussi engagée à revoir sa politique d’admission afin de garantir des processus équitables et d’examiner les baisses d’inscriptions parmi les étudiants juifs et afro-américains. C’est la première fois que l’université reconnaît une baisse du nombre d’inscriptions d’étudiants juifs, en lien avec les manifestations sur le campus.

Un autre volet des nouvelles mesures concerne l’adoption d’une politique de neutralité institutionnelle – similaire à celle mise en place à Harvard – qui interdira à l’administration de prendre position publiquement sur des sujets politiques controversés.

Le bureau pour l’égalité institutionnelle recevra aussi de nouvelles prérogatives de supervision des organisations étudiantes, notamment la possibilité de leur retirer des financements, de les suspendre ou de leur retirer la reconnaissance officielle si elles enfreignent les règles. Cela vise notamment les groupes étudiants pro-palestiniens comme « Students for Justice in Palestine » ou « Jewish Voice for Peace », dont les branches locales ont déjà été suspendues par l’université.

Bien que l’université ait évité d’employer un langage suggérant explicitement qu’elle a cédé à la pression politique, il est clair que cette déclaration vise à signaler à l’administration Trump son respect des conditions qui lui ont été imposées.

Réactions contrastées

Les réactions dans le monde académique oscillent entre soutien aux mesures prises pour garantir le retour du financement fédéral, et critiques pointant un abandon des principes face à une ingérence gouvernementale sans précédent.

Le professeur israélien Gil Zussman, chef du département de génie électrique et électronique de l’université, a déclaré : « Espérons que les problèmes sur le campus soient enfin résolus et que nous puissions nous concentrer sur l’enseignement, la recherche et le soin aux patients. Je suis particulièrement heureux de voir le projet de centre mondial à Tel Aviv. »

Le consul général d’Israël à New York, Ofir Akunis, a salué ces mesures : « Je félicite l’université pour avoir pris des mesures dans la bonne direction. » Selon lui, « du niveau sans précédent de violence, de haine et d’incitation au printemps 2024 jusqu’aux décisions récentes – on voit un changement positif. La liberté d’expression est une pierre angulaire de toute démocratie – la violence et les émeutes en sont le contraire. »

Soutien au Hamas – et risque d’expulsion

Par ailleurs, l’administration Trump a annulé le visa étudiant de Momodou Tall, doctorant de 30 ans et leader de la protestation pro-palestinienne à l’université Cornell, en raison de ses « appels à la destruction des États-Unis et de son soutien à la résistance du Hamas ».

Selon les autorités de l’immigration, après l’attaque du 7 octobre, Tall a salué « la résistance palestinienne » et appelé ses partisans à l’imiter. Ses avocats confirment que le gouvernement lui a demandé de se présenter devant les services d’immigration à Syracuse, New York, pour entamer une procédure d’expulsion. Tall possède la double nationalité britannique et gambienne et est l’arrière-petit-fils du premier président gambien, Dawda Jawara.

Ses partisans affirment qu’il militait pour un dialogue ouvert malgré des désaccords profonds. Les services de l’immigration, quant à eux, soulignent qu’il a publié des messages hostiles aux États-Unis et à Israël, affirmant que « l’ennemi, c’est l’impérialisme américain, et que tout ennemi de l’Amérique est un ami pour lui ». Il aurait également déclaré à des étudiants juifs qu’« il n’y a pas d’autre voie que l’élimination totale du sionisme – physique et mentale ».

Ce n’est pas la première fois que Tall risque de perdre son visa. Il avait été suspendu deux fois par Cornell l’an dernier pour des « actions de protestation perturbatrices », avec avertissement que cela pourrait entraîner l’annulation de son visa. Plus tard, il avait pu reprendre ses cours au semestre de printemps – mais uniquement à distance.

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