DOCUMENT BFMTV – Alors que le verdict du procès d’Abdelkader Merah est attendu ce jeudi, Yaffa Monsonego, dont la fille de huit ans a été tuée par Mohamed Merah en mars 2012, prend la parole pour la première fois.
Elle prend la parole pour la première fois. Yaffa Monsonego, mère d’une des victimes de Mohamed Merah lors de la tuerie d’Ozar Hatorah, s’est confiée en exclusivité à BFMTV alors que doit être rendu ce jeudi le verdict du procès d’Abdelkader Merah, frère du tueur, par la cour d’assises spéciale.
Sa fille Myriam, âgée de huit ans et cinq mois, était à l’école Ozar Hatorah, dont son père était le directeur, lorsque le 19 mars 2012, Mohamed Merah a fait irruption et l’a abattue d’une balle dans la tête, à bout portant, aux côtés de trois autres victimes.
« Depuis cinq ans et sept mois, presque six, (…) la douleur est la même, si ce n’est pas plus. C’est comme si on nous avait coupé un pied, on ne peut pas marcher », confie-t-elle.
Yaffa Monsonego et son mari ne se sont pas rendus au procès d’Abdelkader Merah. Une démarche au-dessus de leurs forces, pour des parents qui ont « les pieds coupés ».
« Si je puis dire, c’est pour ça qu’on n’est pas venus (au procès). (…) On n’a pas de pieds pour aller là-bas », déclare-t-elle le souffle coupé.
« Je lui ai dit ‘au revoir’, je ne croyais pas que ça allait être la dernière fois »
Le 19 mars 2012, la mère a laissé Myriam partir avec son père, directeur de l’école Ozar Hatorah.
« C’est trop dur, le coeur est plein. […] C’est la seule fois où je l’ai laissée partir avec son père à l’école. Je l’ai accompagnée dans la voiture, c’est sûr que je l’ai embrassée, je lui ai dit ‘au revoir’, je ne croyais pas que ça allait être la dernière fois », murmure-t-elle.
Et Yaffa Monsenegro d’ajouter en parlant de sa fille: « C’était la joie de vivre, et on lui a arraché la vie ». La mère de la jeune Myriam, qui vit toujours près des lieux de l’attaque, affirme avoir encore du mal à entrer dans l’école où son enfant a été tuée: « Je n’arrive pas à ouvrir le portail. Je ne peux pas faire le code pour entrer. Et des fois, je peux attendre une demi-heure jusqu’à ce que quelqu’un vienne et m’ouvre la porte », témoigne-t-elle.
Si elle n’a pas du tout assisté au procès, Yaffa Monsonego assure faire « confiance à la justice française ». « J’espère qu’ils vont faire leur travail comme il faut, qu’on n’oublie pas (les victimes). Ce n’est pas la peine de dire les mots de l’assassin, ce sont les victimes dont on doit se rappeler », implore-t-elle.