- « La même semaine que la terrible attaque contre la mosquée de Christchurch, en Nouvelle-Zélande … plus de deux cents chrétiens ont été tués au Nigéria. Les médias n’ont quasiment pas évoqué ce massacre. Aucune marche n’a été organisée pour les chrétiens martyrs, les gouvernements n’ont pas fait sonner les cloches, et aucun tee-shirts ‘Je suis Charlie’ n’a été imprimé … Bref, personne n’a levé un sourcil ». – Fr. Benedict Kiely, Crisis Magazine, 4 septembre 2019.
- Les satellites de la NASA recensent les incendies en Amazonie, poussant les dirigeants de la planète à se mobiliser pour la protection de la forêt tropicale. Mais les satellites ne pistent pas les meurtres, les incendies ni les agressions de chrétiens, et leurs souffrances demeurent invisibles sur nos téléviseurs et dans nos journaux. Pour l’Occident, la persécution des chrétiens n’existe pas.
- Le Vatican et le pape François ont le choix : faire écho aux persécutions des chrétiens ou être accusés d’aveuglement volontaire … C’est à eux que le Vatican devrait consacrer son prochain synode.
Photo : Sobame Da, un village malien essentiellement peuplé de chrétiens, a été attaqué par des bergers Fulani en juin 2019. Plus de 100 hommes, femmes et enfants ont été massacrés. (Source image : Nations Unies / MINUSMA / Flickr) |
« Cette forêt amazonienne, qui est d’une importance vitale pour la planète, traverse une crise profonde en raison d’une activité humaine prolongée ou prévalent une « culture du gaspillage » et une mentalité extractiviste », a déclaré le Vatican.
« L’Amazonie est une région riche en biodiversité. Ses traits de caractère multi-ethniques, multiculturels et multireligieux, font de l’Amazonie un miroir de l’humanité. La défense de la vie, exige des changements structurels et personnels de la part de tous les êtres humains, de toutes les nations et de l’Eglise ».
Un synode des évêques de la région pan-amazonienne doit se réunir à Rome, du 6 au 27 octobre. Dans une interview à La Stampa, le pape François a déclaré que les « menaces qui pèsent sur les populations et le territoire amazoniens sont provoquées par des intérêts économiques et politiques des secteurs dominants de la société ».
Au programme du synode amazonien de Rome, on trouve des thèmes comme « la vie menacée », « inculturation et interculturalité », « extractivisme destructeur » et « peuples autochtones ». Il existe cependant un autre groupe de « peuples autochtones » dont la vie est « menacée » et qui vit sous la menace d’une authentique « annihilation » physique. Il s’agit des chrétiens persécutés. C’est à eux que le Vatican devrait dédier son prochain synode.
« Ils lui ont demandé de renier le Christ et quand il a refusé, ils lui ont coupé la main droite ; et comme il refusait [à nouveau], ils lui ont coupé le bras jusqu’au coude. Ne pouvant en venir à bout, ils lui ont tiré dessus au front, au cou et à la poitrine ». C’est en ces termes qu’un chrétien nigérian, Enoch Yeohanna, a rendu compte du meurtre de son père en 2014. Les violences commises contre les chrétiens nigérians ont été qualifiées de « cauchemar mondial ». Mais d’autres chrétiens, un peu partout dans le monde, vivent le même cauchemar.
« La persécution des chrétiens partout dans le monde est l’un des plus grands maux de notre temps », a déclaré Fr. Benoît Kiely, fondateur de Nasarean.org, un site Internet dédié à l’aide aux chrétiens persécutés. Il a ajouté :
« Les grands médias sont remarquablement silencieux sur les attaques contre les chrétiens. La même semaine que la terrible attaque contre la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande – un crime odieux et irrationnel – plus de deux cents chrétiens ont été tués au Nigéria. Aucune marche n’a été organisée pour ces chrétiens martyrs, aucune cloche n’a sonné à l’appel des gouvernements, aucun t-shirt « Je suis Charlie » n’a été imprimé … personne ne s’est indigné ».
Les terroristes de Boko Haram ont récemment coupé l’oreille de chrétiennes qu’ils ont kidnappé à la suite d’un raid nocturne dans une ville à majorité chrétienne au nord du Cameroun. L’organisation Barnabas Fund a expliqué que « les islamistes sont entrés de force dans des maisons du diocèse de Yagoua à Gagalari, ils se sont emparé des femmes, les ont traînées à la sortie de la ville, et là, ils leur ont coupé une oreille à toutes ». Toujours au Cameroun, quelques jours plus tard, un traducteur de la Bible, Angus Fung, a été massacré et sa femme a eu le bras coupé. Au Nigeria, un prêtre catholique, David Tanko, a été tué. Sa voiture et son corps ont été brûlés. Le mois dernier, un autre prêtre nigérian, Paul Offu, a été assassiné. L’année dernière, deux prêtres catholiques et 13 fidèles ont été victimes d’un attentat au Nigeria.
Au Burkina Faso, quatre chrétiens ont été assassinés pour avoir porté des croix. Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, évêque du diocèse de Dori, a raconté :
« Les islamistes sont arrivés et ont couché tout le monde face contre terre. Puis ils les ont fouillé. Les quatre personnes qui portaient des crucifix ont été assassinées en tant que chrétiens. Après, les islamistes ont averti tous les autres villageois que s’ils ne se convertissaient pas à l’islam, ils seraient également tués. »
Au Mali, des centaines de chrétiens, dont 433 enfants, « ont subi des attaques ou ont fui des extrémistes islamistes déchaînés ». En juin, 100 hommes, femmes et enfants, ont été massacrés à Sobame Da, un village à majorité chrétienne.
David Curry, président d’Open Doors, une organisation non gouvernementale (ONG) américaine qui tente de faire le point sur la persécution des chrétiens dans le monde, a défini les femmes chrétiennes comme « le groupe le plus persécuté au monde ». L’oppression et les mutilation qui frappent les femmes sont sidérantes. Au Nigeria, Boko Haram détient toujours une fillette kidnappée, Leah Sharibu. Elle aurait pu être libérée avec ses camarades de classe, mais Leah a refusé de renoncer à sa foi chrétienne. Des femmes chrétiennes sont également enlevées et asservies au Pakistan. « Chaque année, au moins un millier de filles sont kidnappées, violées et contraintes de se convertir à l’islam, voire d’épouser leurs bourreaux », a déclaré Tabassum Yousaf, avocat catholique associé à l’ONG italienne St. Egidio. En Égypte, où le phénomène est également récurrent, les femmes chrétiennes sont confrontées à une « épidémie d’enlèvements, de viols, de passages à tabac et de tortures ».
La plus célèbre de ces chrétiennes persécutées, Asia Bibi, a injustement passé près de 10 ans dans une prison pakistanaise pour « blasphème » – en grande partie dans une cellule pour condamnés mort – avant d’être libérée. En mai, elle a pu s’envoler vers le Canada pour rejoindre sa famille. Bibi a témoigné :
« Quand mes filles me rendaient visite en prison, je ne pleurais jamais devant elles. Après leur départ, je n’étais plus que douleur et chagrin et je pleurais seule. Je pensais à elles tout le temps, à me demander comment elles vivaient. »
Les satellites de la NASA savent observer les incendies en Amazonie, poussant les dirigeants mondiaux à se préoccuper du sort de la forêt tropicale. Mais les satellites ne rendent pas compte des meurtres, des incendies et des massacres de chrétiens, et leurs souffrances n’apparaissent pas sur nos téléviseurs et dans nos journaux. Pour l’Occident, la persécution des chrétiens n’existe pas. Le Vatican, le pape François, la hiérarchie ecclésiastique et les médias ont le choix : faire la lumière sur ces chrétiens persécutés ou être accusés d’aveuglement volontaire.
Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.