Le chef du FN à Lyon juge un mémorial des enfants juifs exterminés «trop politisé»

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LE SCAN POLITIQUE/VIDÉO – Le chef de file du FN en région Auvergne-Rhône-Alpes a estimé que la mémoire de la déportation transmise par le mémorial des enfants juifs d’Ysieu est «trop politisée», car elle porte trop à «la repentance». Avant de faire machine arrière dans un tweet.

Pour les élus du Front National, le fait de couper le financement des associations jugées trop politisées est un important levier d’économie pour les collectivités. Aux élections municipales comme aux élections régionales, les candidats du parti de Marine Le Pen ont promis d’assécher les aides publiques versées aux associations à l’engagement jugé trop marqué. Le chef de file du FN lyonnais Christophe Boudot, ex-tête de liste aux élections régionales, a estimé vendredi que le Mémorial des enfants juifs exterminés, géré par une association à Izieu (Ain), méritait de voir réduits ses subsides, car elle serait trop politisée…

Interrogé dans l’émission «Face à Face», sur la chaîne Télé Lyon Métropole, ce proche de Bruno Gollnisch a dit soutenir la décision de Laurent Wauquiez de couper la moitié des aides régionales distribuées à l’association par la région. Mais il l’a expliqué d’une manière toute personnelle. « Nous, nous l’aurions fait si nous étions au pouvoir. Parce que nous considérons que toutes ces choses mémorielles ne doivent pas être sur-subventionnées. Laurent Wauquiez est assez équilibré sur le subventionnement de toutes ces maisons mémorielles », a d’abord salué Christophe Boudot, avant d’ajouter: « Elle avait un budget très important, trop important à mon avis ».

Des ressources trop élevées au goût du frontiste, visiblement désireux de voir défendue une autre lecture de l’histoire de la déportation: « Je crois que nous, nous avons toujours voté contre ce genre de subventions, car ça aboutit toujours à une forme de repentance, toujours la même », a-t-il lâché. L’élu régional ajoutant: « Je ne suis pas opposé du tout à subventionner la question mémorielle, il en faut. Mais je crois que la Maison d’Izieu était trop politisée, un peu “too much”. On s’en est servie pour faire acte de repentance, toujours ». S’il ne le précise pas explicitement, on comprend que « la repentance » dont il s’agit concerne l’implication de l’État Français du maréchal Pétain dans la déportation massive des Juifs de France pendant la seconde guerre mondiale.

En fin d’après-midi, l’élu a publié un message Twitter pour s’excuser.  «Mal informé sur cette question, j’ai commis une erreur d’appréciation. Je tiens à m’en excuser », a-t-il écrit. Entre temps, plusieurs responsables politiques avaient réagi. « La nausée se confond avec l’indignation face à de tels propos. Le minimum serait que Marine Le Pen l’exclue », a confié au Scan le porte-parole du PS Razzy Hammadi. « Les vieux réflexes restent incrustés dans l’ADN du FN, un parti nostalgique de Vichy, marqué par le sceau de Jean-Marie Le Pen », a complété Meyer Habib, député UDI des Français établis hors de France.

Wauquiez n’évoque pas de politisation du mémorial

Un peu plus tôt dans l’émission, ce lieutenant de Marine Le Pen – qui l’accompagnait ce vendredi dans son déplacement à Clermont-Ferrand – soutenait la bataille engagée par Fabien Engelmann contre l’antenne de Hayange (Moselle) du Secours populaire, une autre association jugée elle aussi « trop politisée ». « Normalement ce genre d’associations ne peut pas être politisée, on demande de la neutralité pour recevoir de l’argent public », a fait valoir Boudot. Avant d’ajouter: « On l’a vu aussi à Lyon dans d’autres officines, souvent ces officines se transforment en officines politiques ».

Ce n’est pas la première fois que les propos de Christophe Boudot, un orthodoxe au sein du FN, frappent les esprits. En novembre 2015, le magazine Lyon Capitale l’interrogeait sur sa vision de l’histoire. « La droite nationale s’est séparée en deux en 1940. Mais beaucoup de pétainistes étaient germanophobes. Mais le dire, c’est défendre les pétainistes. Je ne suis pas nostalgique de Pétain. Comme une grande partie des Français, j’aurais été pétainiste en 1940, mais je serais rentré très vite dans la résistance », détaillait le cadre du parti de Marine Le Pen. « Si j’ai parlé de Pétain, c’était surtout comme symbole anti-allemand et en pensant au sauveur de Verdun », avait-il tenu à préciser au Scan, dénonçant le piège d’un « journaliste politisé ». Christophe Boudot a reçu la pré-investiture du FN pour les prochaines législatives.

De son côté Laurent Wauquiez n’a pas du tout invoqué la dimension « politique » de la mémoire transmise à la Maison d’Izieu, mais plutôt des contraintes budgétaires. Le président de région avait annoncé vouloir couper 40.000 euros de subventions au mémorial avant de faire marche-arrière devant le tollé provoqué. «Oui, la Région fait des économies et l’assume après tant d’années de gaspillage de l’argent public. Mais la région ne le fait pas sur n’importe quoi, et ne le fera pas sur la transmission de notre mémoire», écrivait-il sur Facebook le 21 mai dernier. Rien à voir donc, avec une «repentance» politisée.

Source www.lefigaro.fr

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