Yehoram Gaon, un chanteur et homme politique (né en 1939), intellectuel non religieux, mais parfois très proche du monde pratiquant, a eu des mots acerbes contre Lieberman : « Lorsque nous parlons de ‘cette page’ (la Guemara), que des milliers de Juifs étudient et mémorisent chaque jour, il convient d’abord d’enlever nos chaussures, à cause de son honneur, de son caractère unique et du fait qu’elle est la bougie perpétuelle de notre peuple. »
Hidabrout
Au cours de son émission à Gali Tzahal, le présentateur et diffuseur Yehoram Gaon a fait référence aux propos du ministre des Finances Avigdor Lieberman : « Ils mangent un sandwich, parlent politique, apprennent ‘cette page’ et rentrent chez eux. »
« Je veux parler de cette ‘page' », a déclaré Gaon, « qui est enseignée aujourd’hui au rythme d’une page par jour, par des centaines de milliers de Juifs à travers le monde, dans une étude qui dure environ sept ans et demi jusqu’à la fin de toutes les pages.
« Cette page » dont parle l’honorable ministre, est une page du Talmud écrit à Babylone, qui contient le commentaire de Rachi, fils d’Ashkenaz d’Allemagne et en plus la signification de notre rabbi ‘Hananel d’Afrique du Nord, avec des références à Maïmonide , fils d’Egypte, et ce n’est pas la fin (NDLR : Faudrait lui signaler les longs commentaires des Tossafistes français, mais bon…). Sur la même page, il y a aussi d’autres références au Choulchan ‘Arouch qui était rédigé en Erets Israel en plus des gloses du Rama, rabbi Moché Isserlis écrites en Pologne.
« Et c’est à propos de cette ‘quelle page’ que le ministre sur laquelle tout le monde juif a écrit et veut dire, la vraie grandeur de la page est le phénomène miraculeux que les gens voient comme un ‘mode de vie’ en l’enseignant. Oui, apprendre pour son propre bien.
Gaon a poursuivi en disant: « C’est le trait de génie auquel le peuple juif s’est adapté au fil des générations. Et qui préserve son esprit pendant des milliers d’années, et préserve ainsi son existence éternelle. Comme si nous disions que le moyen a fini par devenir aussi saint que le but. Quand l’enfant âgé de 3 ans, partout dans le monde, a commencé à apprendre, tous les enfants non-juifs autour de lui ont continué à jouer, parce que les parents de tous les enfants du monde à cet âge n’ont pas du tout compris le secret que c’est possible, et ce qui est écrit dans les Pirké Avoth, à cinq ans lui apprendre l’Ecrite sainte, est pris comme un ordre pour la vie.
« Et c’est le secret de la nation hébraïque, la nation qui connaissait la loi du ‘et tu l’as mémorisée pour tes fils’ dès le début de son ascension sur la scène historique.
« Il me semble qu’on a dit au Ba’al Shem Tov que lorsqu’ils l’ont vu enseigner la Tora à son fils d’un an, les élèves se sont interrogés sur le jeune âge du garçon et le rabbi leur a répondu : ‘Je suis en retard d’un an’. Dès sa création, le peuple juif a déjà reçu la recette pour assurer sa survie éternelle, ainsi que cela est déjà dit dans le livre de Yehochoua’ (Josuée) : « Ce livre de la Loi ne doit pas quitter ta bouche, tu le méditeras jour et
nuit afin d’en observer avec soin tout le contenu ; car alors seulement tu prospéreras dans tes voies, alors seulement tu parviendras à l’intelligence ».
« Quand les rois les plus fougueux du monde apprenaient comment utiliser l’épée et monter sur des chevaux, le roi d’Israël se vit ordonner de faire écrire un Séfer Tora. Je cite : « Quand il occupera le siège royal, il écrira pour son usage, dans un livre, une copie de cette Loi, avec l’aide des pontifes descendants de Lévi. Il restera par devers lui, car il doit y lire toute sa vie » (Devarim/Deutéronom 17,18-19).
« C’est ce que le roi est ordonné de faire, d’étudier, oui d’étudier, pas une page, plusieurs pages, et grâce à ‘cette simple page’ apprise au fil des générations, nous sommes ici dans le pays, et nous avons un gouvernement avec des ministres qui peuvent se permettre de parler de la page talmudique « juste une page », a attaqué Gaon.
« Nous ne sommes pas seulement appelés « les gens du livre ». C’est notre drapeau et la couronne de notre vie, et dans ce livre, appelé Talmud, plein de « quelques pages » abordant des milliers de sujets juridiques sans forcément apporter des conclusions, mais évoquant des discussions « lechem Chamaïm » (pour la gloire du Ciel). Et plus encore : le fait d’écouter la parole d’autrui de manière volontaire. Tout se trouve dans « cette page » et dans les autres pages, ouvertes et encourageant à réfléchir et à monter en flèche avec une pensée créative. Alors que la Bible est restée écrite, sans changement et sans que personne n’ait le droit d’y bouger une lettre, le Talmud vient et ajoute la Tora orale, et lui donne la vie », dit Gaon.
« Lorsque nous parlons avec méprit de « cette page », que des milliers de Juifs étudient et mémorisent chaque jour, il convient d’abord d’enlever nos chaussures, en raison de son honneur, de son caractère unique et du fait qu’il est la bougie perpétuelle de notre peuple », a conclu Gaon ses propos poignants.