Celui qui gère la nourriture, contrôle la bande de Gaza

13 novembre 2024

Contrôle humanitaire à Gaza : enjeux stratégiques et dilemmes pour Israël

Depuis plusieurs semaines, le nord de la bande de Gaza est le théâtre de combats intensifs entre l’armée israélienne (Tsahal) et le Hamas. Malgré des avancées militaires notables, comme à Jabaliya, bastion historique du Hamas, l’opération ne semble pas capable de garantir la libération des otages détenus ni de stabiliser durablement la région. Au cœur de ce problème complexe : la gestion de l’aide humanitaire, qui pourrait bien s’avérer être un levier stratégique crucial dans la dynamique de pouvoir à Gaza.

Les avancées de Tsahal ont permis de sécuriser des zones stratégiques en éliminant plus d’un millier de membres du Hamas et en neutralisant des points de lancement de roquettes. Néanmoins, bien que la situation militaire évolue, ces succès opérationnels restent insuffisants pour obtenir un changement politique durable dans la région. Pour éviter de revenir à la situation initiale, les experts estiment qu’il est nécessaire de trouver un modèle de gestion alternative pour Gaza. La stratégie d’Israël, qui consiste à entrer, frapper puis se retirer, permet au Hamas de se reconstituer entre chaque opération, menaçant la stabilité régionale à long terme.

La question de l’aide humanitaire, en particulier, joue un rôle clé dans cette dynamique. Après un premier accord concernant les otages, les flux de camions humanitaires ont repris vers Gaza, fournissant ainsi au Hamas une opportunité d’établir un contrôle sur les ressources essentielles. Ce contrôle sur l’aide internationale confère au Hamas un pouvoir non seulement logistique mais également financier, avec un apport estimé à des centaines de millions de dollars en six mois. Cette situation prive Israël d’un levier important pour exercer une pression directe sur l’organisation et pour encourager de nouvelles négociations pour la libération des otages.

La question de l’aide illustre un dilemme auquel le gouvernement israélien peine à répondre. D’un côté, certains responsables plaident pour un changement de régime dans Gaza, tandis que d’autres préfèrent maintenir un contrôle israélien pour éviter des alternatives potentiellement plus instables. Pendant ce temps, Israël continue d’apporter une aide humanitaire qui, paradoxalement, renforce le Hamas tout en poursuivant des opérations militaires coûteuses en ressources et en vies humaines.

L’influence des États-Unis pourrait cependant jouer un rôle décisif dans la recherche d’une solution. Le soutien américain pour une administration alternative de Gaza – par une force extérieure ou même une entreprise privée – est envisagé comme une option pour stabiliser la région sans laisser le Hamas profiter indéfiniment de l’aide humanitaire. Cela nécessiterait des décisions stratégiques et rapides de la part du gouvernement israélien, afin d’éviter de prolonger un conflit qui, pour l’instant, ne semble ni offrir de perspectives de paix ni garantir la sécurité des populations locales et israéliennes.

En définitive, le contrôle des ressources humanitaires pourrait s’avérer être un élément déterminant dans la gestion future de Gaza. Tant que le Hamas conserve cette mainmise sur l’aide et les vivres, il reste difficile d’envisager un retour des otages ou une stabilisation à long terme.