Donc. Le régime de Bachar al-Assad a procédé à nouveau à une attaque chimique en Syrie. C’est avéré, et toutes les dénégations des habituels propagandistes n’y changeront rien. Ce n’est pas surprenant.
Bachar al-Assad a à son actif un nombre incalculable de crimes de guerre depuis le commencement de la guerre civile en Syrie. Cette attaque chimique a visé une zone contrôlée par des islamistes aussi répugnants que Bachar al-Assad, et il n’y a donc là pas un bon camp et un mauvais camp. Il y a simplement l’usage d’armes non conventionnelles et des civils visés délibérément. Il avait été dit au régime de Bachar al-Assad que toute utilisation de ces armes constituerait le franchissement d’une ligne rouge, et Donald Trump avait tracé cette ligne rouge il y a environ un an en réagissant à un précédent usage d’armes chimiques par le régime. Les Etats-Unis doivent réagir et réagiront. Vite sans doute. Ce sera peut-être chose faite quand paraîtra cet article.
Il ne peut être question de renverser Bachar al-Assad, car il n’y a personne pour le remplacer.
Il ne peut être question de le remplacer parce qu’il a éliminé toute solution de remplacement viable.
Il doit être question de lui montrer qu’une ligne rouge ne peut se trouver franchie impunément.
On doit ajouter que Bachar al-Assad a des complices. L’un de ces complices est Vladimir Poutine : que la Russie ait agi pour sauver le régime du criminel Bachar al-Assad est une chose, qu’elle ait agi en se comportant elle-même avec une brutalité criminelle (le siège d’Alep a été une abomination) et en tolérant l’usage d’armes chimiques par Assad est une autre chose. Vladimir Poutine tolère l’intolérable et montre qu’il est un être cynique, brutal et sans scrupules. Les sanctions existant contre la Russie de Poutine doivent être maintenues, voire renforcées. Poutine doit se voir confronté lui-même a une ligne rouge.
Un autre complice est le régime iranien. Celui-ci tient une large partie de la Syrie et le Liban voisin et entend faire de la Syrie et du Liban des terres islamistes depuis lesquelles menacer Israël d’une manière de plus en plus intense. Le régime iranien entérine tous les crimes du régime de Bachar al-Assad et y contribue très largement. Les sanctions américaines contre le régime iranien vont sans doute se renforcer. Il est vraisemblable que les Etats-Unis vont quitter l’accord abominable signé en juillet 2015.
Mais il y a d’autres complices. Les pays d’Europe qui continuent à commercer avec le régime iranien et qui ont reçu Hassan Rouhani il y a quelques mois, faisant comme s’ils ignoraient qu’il y a au dessus de lui le criminel abject et fanatique Ali Khamenei, sont eux aussi complices. Les voir s’indigner de l’usage d’armes chimiques par Bachar al-Assad constitue une démonstration d’hypocrisie obscène. Derrière Bachar al-Assad, il y a Hassan Rouhani et Ali Khamenei. Derrière lui, il y a aussi le Hezbollah. Il est à souhaiter que lorsque les Etats-Unis quitteront l’accord abominable de juillet 2015, ils prendront des mesures contre les entreprises européennes passant des contrats avec le régime iranien.
Au dessus de tout cela plane l’ombre d’un autre criminel sans qui tout cela n’aurait pas été possible, Barack Obama. Sans Barack Obama, il n’y aurait pas eu de départ des troupes américaines d’Irak et la libération des futurs chefs de l’Etat islamique, et il n’y aurait pas eu l’Etat Islamique qui a ravagé la moitié Est de la Syrie et la moitié Nord de l’Irak. Il n’y aurait pas eu le déclenchement de la guerre civile en Syrie, fomentée par les Frères Musulmans et le Qatar (500.000 morts à ce jour). Il n’y aurait pas eu un avertissement donné au régime syrien le sommant de se débarrasser de ses armes chimiques et l’abandon du contrôle de la destruction des armes chimiques en Syrie au régime syrien lui-même, à la Russie de Poutine, et à quelques pantins envoyés par l’ONU. Il n’y aurait pas eu une politique de non intervention américaine en Syrie qui a laissé le terrain libre à la Russie de Poutine et au régime iranien. Il n’y aurait pas eu non plus l’abandon du Liban au Hezbollah. Il n’y aurait pas eu le versement au régime iranien de 16000 milliards de dollars utilisés pour armer le régime de Bachar al-Assad et le Hezbollah. Il n’y aurait pas eu non plus, ce n’est pas dissociable, l’exode de millions de Syriens hors du pays et l’arrivée de plus d’un million de “migrants” en Europe grâce à Erdogan, qui a eu les mains libres pour faire de la Turquie une république islamique. Il n’y aurait pas eu le financement par l’Iran du Hamas à Gaza, et celui des milices Houthi qui ravagent le Yémen et sont chargées par l’Iran de s’emparer du Bab el Mandeb (qu’on attribue, en France, la situation au Yémen à l’Arabie Saoudite, qui combat les milices Houthi, et pas à l’Iran montre que la France se vend à l’Iran et que dans la presse française des penchants iraniens existent).
Il n’est pas possible de revenir au Proche-Orient d’avant Obama. Il est possible d’endiguer et d’asphyxier le régime iranien et de continuer à mettre en place l’alliance d’endiguement de l’Iran que constituent peu à peu l’Arabie Saoudite, l’Egypte, Israël, les émirats du Golfe (sauf le Qatar). Il est possible de montrer la ligne rouge à Bachar al-Assad et de lui rappeler qu’il est sur un siège éjectable, qu’il n’a pas été éjecté parce qu’il y a eu le désastre Obama, mais qu’il est un criminel sous étroite surveillance. Il est possible de montrer à Poutine qu’il y a une ligne rouge pour lui aussi.
Il est indispensable de soutenir Israël, et Israël a eu raison de frapper une base iranienne en territoire syrien. Israël a, pour cela, l’appui des Etats-Unis et Israël doit plus que jamais maintenir une attitude de dissuasion. Les protestations russes n’ont aucune importance. La Russie ne frappera pas Israël et ne laissera pas l’Iran frapper Israël : Poutine sait trop bien ce que seraient les conséquences pour lui. Il est, bien sûr, indispensable de soutenir l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi et l’Arabie Saoudite de Mohammed ben Salman.
Un autre acteur régional regarde attentivement ce qui se passe : l’islamiste Erdogan en Turquie. Le message qui va être envoyé à Bachar al-Assad s’adresse à lui aussi. Il doit impérativement voir des limites à ce qu’il peut faire : qu’il combatte les factions kurdes du PKK (Partiya Karkerên Kurdistan) est une chose, qu’il massacre est une toute autre chose.
D’autres acteurs sur la planète regardent attentivement eux aussi. Kim Jong Un en Corée du Nord, et Xi Jinping en Chine. Montrer qu’une ligne rouge ne peut être franchie impunément est leur adresser un message fort dans un contexte où il s’agit de pousser la Corée du Nord à se dénucléariser et de montrer à la Chine les limites qu’elle ne doit pas franchir.
Barack Obama a laissé un monde en très mauvais état à son successeur.
Les Etats-Unis n’ont aucune faction à soutenir dans le cauchemar syrien. Ils défendent quelques positions kurdes, pas d’autres dès lors qu’elles sont infiltrées par le PKK. Ils peuvent veiller à ce que l’Iran ne menace pas Israël, appuyer les actions de dissuasion israéliennes, poursuivre l’action d’endiguement et d’asphyxie de l’Iran, montrer des lignes rouges à Bachar al-Assad, à Poutine, au régime iranien. Cela fait partie de la doctrine Trump. Et il est plus que jamais salubre que Donald Trump soit à la Maison Blanche. Il est très salubre que Mike Pompeo soit désormais Secrétaire d’Etat, et que John Bolton soit Conseiller National-de Sécurité. Il est très salubre que Binyamin Netanyahou soit Premier ministre d’Israël en ces moments de turbulence.
© Guy Millière pour Dreuz.info.