Chiara Mastroianni a remis la mention spéciale du jury du Festival de Cannes à Elia Suleiman, réalisateur originaire de la ville israélienne de Nazareth que tous les médias ont présenté comme un « cinéaste palestinien ».
Le film primé, nous dit-on à travers la presse, est un récit autobiographique. D’après l’Agence France-Presse (AFP), « “It must be heaven” met en scène un double du réalisateur joué par lui-même, appelé “ES”, qui promène son regard étonné et contemplatif sur le monde. Cet homme, qui vit en Palestine, décide de quitter sa terre natale à la recherche d’un pays d’accueil, et va voyager à Paris et New York. »
Allociné explique de même que le personnage principal « fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. »
Télérama confirme : « Le réalisateur palestinien et son double, E.S. à l’écran, s’exilent de la Palestine à New York, en passant par Paris. »
Quelle « Palestine » notre personnage fuit-il ?
Dans un second article, Télérama nous en dit plus :
Dans It Must Be Heaven, le cinéaste palestinien ou, plutôt son personnage d’observateur muet du monde, quitte Nazareth et ses citronniers pour aller voir ailleurs si le ciel est moins lourd à porter. L’enfer est en Palestine, c’est donc que le paradis doit être autre part : quelque part à l’Ouest. De Paris à New York, E.S. va donc trimbaler son canotier et ses expressions de cinéma muet, tel un Buster Keaton siroteur d’arak, répondant à l’absurdité de l’époque par une inaliénable élégance (la palme du plus beau pyjama de la compétition lui revient sans conteste).
Nazareth, en Palestine ?
Elia Suleiman est né en 1960 à Nazareth dans une famille d’origine grecque orthodoxe. Quand on lui demande d’où il vient, rapporte Indewire, il répond « de Nazareth » avant de clarifier : « Je suis palestinien ».
Elia Suleiman a tout loisir de ne pas s’identifier au pays qui l’a vu naître et de s’inventer une autre identité. Mais la réalité est la suivante : y compris lorsqu’ils sont membres de minorités, les habitants de Nazareth sont israéliens.
Depuis 1948 en effet, Nazareth fait partie du territoire israélien internationalement reconnu.
Nazareth, au centre de la Galilée dans le nord d’Israël.
La ville, haut lieu du christianisme puisque Jésus y aurait passé sa jeunesse, abrite notamment la Basilique de l’Annonciation. Elle est aujourd’hui habitée par 70% d’habitants musulmans et 30% de chrétiens, ce qui en fait la plus grande ville non juive d’Israël.
Musulmans et chrétiens disposent de tous les droits conférés aux autres citoyens d’Israël : on les désigne généralement comme des Arabes israéliens parce qu’ils s’expriment en arabe (même si les familles grecques comme celle d’Elia Suleiman ne sont pas véritablement arabes). Il n’y a aucun doute sur leur nationalité : ce sont des citoyens israéliens.
En janvier 2019, InfoEquitable avait obtenu de Télérama l’insertion d’un correctif après un article qui prétendant que Nazareth était « pétrifiée par l’occupation israélienne ». Le magazine s’excusait pour l’erreur et confirmait que Nazareth faisait « évidemment partie intégrante d’Israël ».
Et voilà que Télérama raconte maintenant que quand Elia Suleiman quitte Nazareth, il s’exile de la Palestine ?
Le mensonge répété à l’unanimité
Cette fois, Télérama n’est pas seul. C’est l’ensemble de la presse francophone qui a « palestinisé » l’identité de Nazareth en effaçant l’appartenance de la ville à l’Etat juif.
LCI parle d’une « séquence d’ouverture en Palestine » et d’une scène où le personnage principal observe son voisin « depuis le balcon de sa maison à Nazareth » avant de décider d’émigrer.
Slate nous entretient des vilénies commises devant le personnage de l’auteur par « ses compatriotes de Nazareth, la ville arabe où il est né » et explique que le film dit « l’oppression israélienne, les fantasmes guerriers et machistes si bien partagés chez les Palestiniens, et les mesquineries de nos frères humains. On est dans la réalité très concrète d’un pays où une grande partie de la population subit le joug violent et insidieux des maîtres du pouvoir ».
Et tous les titres que nous avons consulté (parmi lesquels France télévisions, Le Monde, Le Journal du Dimanche, Le Figaro, Le Temps – pour qui « Nazareth, c’est la Palestine telle qu’elle devrait être » !) ont qualifié Eila Suleiman d’acteur / réalisateur / cinéaste palestinien…
Les médias faillissent à leur devoir en prenant pour argent comptant la fable identitaire du réalisateur.
La haine d’Israël primée ?
En plus de falsifier son identité, le lauréat de Cannes dont les médias ont fait la promotion est un contempteur d’Israël.
On connaissait le « Mandela palestinien » (le terroriste Marwan Barghouti) et la « Jeanne d’Arc palestinienne » (l’activiste Ahed Tamimi qui soutient elle aussi le terrorisme), il y a désormais – l’AFP fait partie de ceux qui le disent – le « Buster Keaton palestinien ».
Dans Le Monde, le lauréat de Cannes révèle son mépris pour le pays qui l’a vu naître. Il exhorte les lecteurs à entreprendre un boycott dont l’appel est pourtant illégal en France : « boycottez les produits Isaréliens, ne venez pas à Tel-Aviv aussi longtemps qu’Israël bombardera des populations civiles, mais ne vous en prenez pas aux artistes. » Pas suicidaire, il se dit donc toutefois opposé au boycott des films israéliens (après tout, il pourrait potentiellement en pâtir).
Des populations civiles bombardées ? Cela ressemble étrangement à ce qu’Israël vit régulièrement lorsque les mouvements islamistes de Gaza envoient des roquettes sur le pays.
Et sur son compte Twitter, le natif de Nazareth qui sait parfaitement que tous les Israéliens disposent des mêmes droitsquelles que soient leurs origines prétend qu’Israël pratique l’apartheid…
Subterfuge lucratif
Il se pourrait bien que se déclarer palestinien soit surtout un moyen de s’ouvrir la porte à toutes sortes de soutiens.
Dans une vieille interview, l’Israélien Elia Suleiman confirme sa réelle nationalité : « Lorsque je suis en Israël, ils me demandent : « Comment pouvez-vous vous déclarer palestinien, alors que vous vivez à Nazareth, en Israël ? Et que vous avez un passeport israélien? » Je réponds : « Oui, c’est le foutu passeport que vous m’imposez ! » » ; un peu plus loin, Elia Suleiman révèle comment et pourquoi il est devenu « palestinien » (avec un petit coup de pouce du Consulat de France dont on ne connaissait pas les compétences en matière d’attribution de nationalités étrangères) :
Au moment où je cherchais des sources de financement pour le film, on m’a envoyé vers le CNC (Ndlr. Le Centre national du cinéma et de l’image animée, qui octroie des subventions françaises). Arrivé là, je me suis entendu demander de préciser mon identité. Lorsque j’ai annoncé que j’avais une carte d’identité israélienne, le type m’a dit : « Désolé, allez voir les gens de votre gouvernement, et demandez-leur de l’argent ; ici, vous n’êtes pas considéré comme appartenant au Tiers-Monde. » J’ai répondu que j’étais palestinien, et le type m’a dit que ça ne faisait aucune différence quant aux cadres de financement prévus par l’administration. Je suis donc retourné en Israël, où je me suis adressé à ce diplomate qui joue dans mon film, en lui demandant de me fournir une attestation officielle du Consulat de France, établissant que j’étais bien palestinien et non israélien. J’ai fait modifier mon adresse de Nazareth, où je suis né, à Jérusalem-Est, où je vis désormais, de manière à accéder à ce statut qui n’a pas fait jusqu’à présent l’objet d’une réglementation internationale. Grâce à ça, j’ai pu être officiellement reconnu comme ressortissant palestinien, selon les normes en vigueur en France… De retour à Paris, j’ai donc pu brandir triomphalement mon petit bout de papier administratif, dûment signé et tamponné, grâce auquel le CNC m’a ensuite attribué l’aide prévue pour les ressortissants de Tiers-Monde…
Apparemment, être « palestinien », ça paie…