par Judith Bergman – Gatestone
- Le Royaume-Uni a déchu de leur nationalité les djihadistes de l’EI afin de bloquer leur retour ; le gouvernement canadien lui, est prêt à mettre les moyens (et même les grands moyens) pour « faciliter » le rapatriement de ses nationaux.
- Les tentatives de déradicalisation ont échoué partout dans le monde. Ainsi, au Royaume-Uni, un récent rapport gouvernemental montre que la grande majorité des programmes de déradicalisation non seulement n’ont rien donné, mais se sont aussi révélés contreproductifs. ceux chargés de mener ces programmes «… ont refusé d’aborder certains sujets avec les djihadistes de crainte que les questions de race et de religion ne soient jugées discriminatoires ».
- En France, le seul et unique centre de déradicalisation du pays a fermé ses portes en septembre 2017 après un an de fonctionnement. Non seulement il n’a « déradicalisé » personne, mais trois stagiaires se seraient comportés comme si le centre était une « académie du djihad ».
Les Canadiens qui se rendent à l’étranger dans le but de participer à des actions terroristes – les djihadistes pour ne pas les nommer – bénéficient d’un « droit au retour » selon des documents gouvernementaux rendus publics par Global News. Mieux qu’un droit de retour, car « … même s’ils ont été engagés dans des activités terroristes, le gouvernement se fait une obligation de faciliter leur retour au Canada » indique clairement l’un des documents.
Selon les statistiques gouvernementales, 190 citoyens canadiens ont rejoint volontairement des groupes terroristes à l’étranger. Soixante sont revenus, mais la majorité se trouve encore en Syrie et en Irak. La police s’attend à un nouvel afflux de rapatriés au cours des deux prochains mois.
Contrairement au Royaume-Uni qui a déchu les combattants de l’EI de leur nationalité pour mieux empêcher leur retour, le gouvernement canadien est prêt à mettre les moyens (et même les grands moyens) pour « faciliter » le rapatriement de ses nationaux. Un Comité interministériel sur les rapatriés à haut risque (High Risk Returnee Interdepartmental Taskforce) a été mis sur pied qui, selon les documents du gouvernement canadien doit :
«…identifier l’ensemble des mesures qu’il est possible de prendre pour réduire les risques que ces personnes peuvent générer au moment de leur retour au Canada. Parmi les mesures envisagées, il y a la possibilité d’envoyer des agents à l’étranger pour recueillir des éléments de preuve avant leur départ ou les incarcérer à leur arrivée au Canada. »
Des agents infiltrés peuvent également être utilisés « pour nouer une relation avec le « passager à haut risque » (High Risk Traveller) afin de recueillir des preuves, ou le surveiller pendant son vol retour. »
Dans le langage orwellien désincarné du gouvernement canadien, les djihadistes canadiens partis en Syrie et en Irak commettre les crimes les plus odieux – torture, viol, meurtre – deviennent des « Rapatriés à haut risque » ou des voyageurs à haut risque ».
Le gouvernement est pleinement conscient des risques qu’il fait courir aux Canadiens. Les documents rendus publics indiquent clairement que « les RHR [rapatriés à risque élevé] peuvent représenter une menace importante pour la sécurité nationale du Canada ». Pourquoi le gouvernement du Canada prône-t-il le « droit de retour » de ces individus – alors que son obligation principale est de veiller à la sécurité des citoyens canadiens qui respectent les lois ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question.
Le gouvernement ne semble pas envisager non plus de poursuites contre ces terroristes. Fin 2017, le gouvernement Trudeau n’avait procédé qu’à deux mises en examen de rapatriés de l’Etat islamique. Le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale avait dit à l’époque : « Bien des pays se demandent comment passer de l’information à la preuve en vue de constituer un dossier d’accusation ».
Les documents décrivent les affaires de terrorisme comme « complexes et couteuses », obligeant à de difficiles enquêtes de terrain tout en observant une nécessaire prudence compte tenu « des preuves souvent insuffisantes à une mise en examen ». A l’évidence, le gouvernement devra « réduire la menace par d’autres techniques que la justice pénale. »
Parmi les moyens envisagés, il y a l’idée d’une « équipe d’intervention » qui entamerait « un dialogue avec le rapatrié et sa famille pour l’aider à sortir de son idéologie radicale et rompre avec son comportement passé… Même si les rapatriés ont été engagés dans des actions terroristes à l’étranger et qu’ils ont enfreint la loi, tous ne représentent pas une menace [sic] – ils peuvent aussi être des déçus de la cause » ou « … ne plus être attirés par la violence ».
Comment cela doit être réconfortant pour les Canadiens de voir leur gouvernement dorloter les terroristes de retour au bercail en rêvant qu’ils ont peut-être changé.
Les tentatives de déradicalisation ont tourné à l’échec quasiment partout. Au Royaume-Uni par exemple, un récent rapport gouvernemental a montré que la grande majorité des programmes n’a rien donné, mais qu’en sus, dans certains cas, ils se sont avérés contreproductifs tant ceux chargés de les mener à bien «… ont refusé d’aborder certains sujets de crainte que les questions de race et de religion puisse être jugées discriminatoires ». En France, le premier et unique centre de déradicalisation du pays a fermé ses portes en septembre 2017 après un an de fonctionnement sans avoir « déradicalisé » personne. Au contraire, trois stagiaires se seraient même comportés comme si le centre était une « « académie du djihad » ».
Le gouvernement canadien est prêt à déployer les grands moyens pour « faciliter » le retour des djihadistes canadiens. Pourtant les tentatives de déradicalisation menées dans différents pays occidentaux se sont souvent révélées inefficaces. En France, le premier et unique centre de déradicalisation du pays (photo) a fermé ses portes en septembre 2017 sans avoir « déradicalisé » personne. (Source de l’image: 28 minutes – Capture d’écran vidéo ARTE) |
Certains membres du gouvernement canadien sont évidemment conscients de la futilité de ces programmes de déradicalisation. En novembre 2017, Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique, a déclaré : « Il faut prévenir le problème avant qu’il ne surgisse … Une fois qu’une personne a vécu dans une zone de guerre, et qu’elle a été activement engagée dans des activités terroristes, il est rare qu’elle puisse reprendre une vie normale. »
Mais rien ne semble entamer la confiance du Premier ministre Justin Trudeau, qui continue de comparer les combattants de l’EI aux immigrants italiens et grecs qui se sont établis à Montréal dans l’immédiat après-guerre. Trudeau a dit : « Nous savons qu’une personne portée par une idéologie haineuse mais qui s’en est détournée peut représenter une voix extraordinairement puissante pour empêcher la radicalisation d’autrui ». Le Premier ministre à l’air d’ignorer que peu de gens rompent à jamais avec le djihadisme.
Il n’est pas exclu que le gouvernement Trudeau se préoccupe plus des djihadistes et des islamistes que du Canada. Début mai, le Toronto Sun a révélé que l’Association musulmane du Canada (AMC), qui a des liens avérés avec des organisations terroristes était destinataire de 10 allocations en provenance des aides canadiennes aux emplois d’été [1] pour financer ses activités en Ontario.
Selon le Toronto Sun, « AMC a fait don de 296 514 $ (230 000 euros) entre 2001 et 2010 » à IRFAN-Canada. Sur la période 2005 – 2009, « IRFAN-Canada a transféré environ 14,6 millions de dollars (12,2 millions d’euros) à diverses organisations associées au Hamas ». AMC et IRFAN-Canada sont considérés comme liés aux Frères musulmans. En 2014, le gouvernement du Canada, sous le Premier ministre Stephen Harper, a désigné IRFAN-Canada comme une entité terroriste.
Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau facilite le retour des terroristes de l’EI et finance des organisations islamistes qui elles-mêmes financent des groupes terroristes interdits. Alors, à qui le gouvernement canadien s’intéresse-t-il vraiment ?
Judith Bergman est chroniqueuse, avocate et analyste politique.
[1] Selon le site Web du gouvernement, Emplois d’été Canada (CSJ) subventionne les employeurs afin qu’ils créent des emplois pour les étudiants du secondaire et du postsecondaire. Les PME, les associations à but non lucratif, divers organismes du secteur public et les organismes confessionnels qui offrent des emplois d’été de qualité aux étudiants verront leurs dossiers pris en considération.