Brûlant débat d’école à Jérusalem…

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L’initiateur de ‘Hakhmé Lev, Betsalel Cohen

Un grand débat secoue actuellement la communauté orthodoxe de Jérusalem, débordant dans le fond dans l’ensemble du pays, dans la mesure où il est critique pour l’avenir du système éducatif orthodoxe.

Il s’agit de la création d’une nouvelle structure yechivatique, concernant les jeunes de l’âge de la Yechiva ketana (13-16 ans). Le rav Betsalel Cohen veut en effet obtenir un terrain de la part de la municipalité de Jérusalem pour y installer cette nouvelle structure, idée que la municipalité a acceptée avec un grand empressement. Toutefois, que cela soit à Bayith Végan, ou que cela soit à Ramath Chelomo, deux quartiers orthodoxes de la ville, la colère est très grande contre la municipalité : non seulement les institutions anciennes attendent depuis des années l’obtention de terrains pour leurs écoles, mais encore un nouveau groupe, allant dans une direction différente et contestatrice, va recevoir de suite un site ? Comment est-ce possible ?

Mais, au-delà des doléances ponctuelles des autres institutions, il ne fait aucun doute que le débat est de loin plus profond : Betsalel Cohen est un fruit des grandes Yechivoth, Kol Tora et Ponievezh, mais depuis plusieurs années, il rue dans les brancards et pense qu’il faut apporter aux jeunes également des connaissances en matières profanes, pour leur éviter de mal tourner par la suite et d’abandonner la pratique. De là, son projet, sous le nom de ‘Hakhmé Lev, de fonder une Yechiva tikhonith orthodoxe.

Pour nous, l’opposition à un tel projet est plus que surprenante : en France, un tel système n’est-il pas admis dans l’ensemble des communautés orthodoxes, et n’a-t-il pas reçu l’accord, en son temps, du rav de Brisk, le rav Yits’hak Zeèv Soloveitchik zatsal (lors d’un séjour en Suisse pour des raisons de santé) ? Et, de fait, c’est la structure que l’on trouve normalement partout, y compris à la Yechiva d’Aix-les-Bains ou au Raincy (avec, toutefois, la possibilité d’une voie « koulo kodech ») ?

Deux réponses à cela :

1/ En Erets Israël, la vision du monde orthodoxe est différente. Emanant du « vieux Yichouv », où l’étude et la pratique des mitsvoth occupaient une place prépondérante, et que, pour gagner leur vie – frugale et simple –, les gens acceptaient des métiers quelconques, d’un côté, et d’un autre, marqué par la Shoah et la destruction du monde des Yechivoth à l’étranger, l’ensemble de l’establishment rabbinique a admis que le point essentiel de l’éducation doit être mis sur la formation en Tora. C’est ce que les Grands de la Tora ont décidé, à partir du ‘Hazon Ich, du rav de Brisk (!) et de tous les autres rabbanim, jusqu’à ce jour.

Le résultat ? Une génération d’étudiants en Tora de qualité et de valeur, apportant à la communauté juive un développement inouï et incomparable, tel que notre peuple n’a plus connu depuis des siècles et des siècles ! Ce n’est pas qu’il ne s’agit pas là d’un sacrifice, d’un abandon des facilités de la vie, mais le fait est là, essentiel.

Comment vivent ces familles ? C’est un sujet en soi, mais disons simplement que l’aide divine à laquelle ils ont naturellement droit ne peut qu’échapper à ceux qui ne sont pas plongés dans ce milieu – laquelle n’a pas forcément besoin de passer par des dons du public, mais il est vrai qu’un public large et riche conçoit qu’il faut soutenir ce remarquable effort de notre génération. Hachem a permis à de grandes fortunes de se constituer, et nombreux sont les gens qui conçoivent qu’en effet, cette situation favorable doit les entrainer à soutenir les bastions de la Tora.

Tous les jeunes sont-ils faits pour cela ? Certainement pas. Mais de nombreuses structures se sont ajoutées avec le temps, permettant d’éduquer des jeunes qui ne sont pas faits pour l’étude à temps plein, ou pour permettre à d’autres, une fois leur cursus terminé, de se former en un temps plus que rapide à des métiers tout à fait convenables.

Ceci est la voie indiquée par les Grands de la Tora.

2/ Contre cela arrive un jeune et veut ouvrir une nouvelle voie, et fonder une école qui, a priori, propose des matières profanes en parallèle à celles de kodech. Ce genre d’initiatives n’est pas à prendre de soi-même dans le milieu orthodoxe.

Mais Betsalel Cohen a commis une autre erreur : il déclare de manière ouverte qu’il cherche à réformer le système, et à apporter une nouvelle option. Qu’il faille des institutions de complément pour des jeunes qui en ont besoin, ce n’est pas faux, et il y en a déjà un grand nombre. Une de plus n’aurait pas dérangé. Mais il faut savoir le faire dans la discrétion, celle d’une situation a posteriori. Cohen veut rentrer par la porte de devant, aidé en cela par une municipalité qui ne cache pas ses visées pédagogiques, voulant elle aussi (M. Barnet) réformer et rééduquer le public orthodoxe ! Ça, après les expériences du public orthodoxe face à Lapid et consorts, dont le précédent ministre de l’Education Nationale, cela ne passe pas.

De là le grand débat actuel. Est-ce que ‘Hakhmé Lév va pouvoir s’installer à Bayith Végan ou à Ramath Chelomo ? Peu probable, mais l’avenir le dira.

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