Illustration : un autocollant antifa écrit en allemand sur le journal d’Anne Frank au Anne Frank Human Right Memorial à Boise, dans l’Idaho.
Par Soeren Kern – Gatestone
- Des preuves empiriques et quelques évidences montrent que les Antifas sont constitués en réseau, que ce réseau est mondial et qu’il est très bien financé. Leur organisation très horizontale comporte des dizaines et peut-être des centaines de groupes locaux.
- L’objectif à long terme déclaré des Antifas, tant en Amérique qu’à l’étranger, est d’établir un ordre communiste mondial. Aux États-Unis, leur objectif immédiat est de faire chuter l’administration Trump.
- La tactique préférée des Antifas aux États-Unis comme en Europe est d’obliger la police à réprimer leurs actes de violence extrême contre des biens publics et privés ; cette violence de la police serait la « preuve » que le gouvernement est « fasciste ».
- Les Antifas ne sont pas seulement officiellement tolérés par le gouvernement allemand, ils sont également payés pour lutter contre l’extrême droite. – Bettina Röhl, journaliste allemande, Neue Zürcher Zeitung, 2 juin 2020.
- « Par lâcheté, les Antifas masquent leur visage et gardent leurs noms secrets. Ils menacent constamment de passer à l’acte contre des élus et des policiers. Leur politique de destruction massive coute des sommes importants à la collectivité. » – Bettina Röhl, Neue Zürcher Zeitung, 2 juin 2020.
Aux États-Unis comme en Europe, la tactique préférée des Antifas est d’inciter la police à réprimer leurs actes de violence extrême contre des biens publics et privés ; la « preuve » serait ainsi apportée que le gouvernement est « fasciste ». Photo : une personne âgée fuit après avoir été brutalement battue par des Antifas de Rose City le 29 juin 2019 à Portland, en Oregon. (Photo de Moriah Ratner / Getty Images) |
Le procureur général des Etats Unis, William Barr, a accusé les Antifas – un mouvement « antifasciste » – d’être à l’origine de la violence qui a marqué l’ensemble des manifestations consécutives à la mort de George Floyd aux États-Unis. « Les violences organisées et perpétrées par les Antifas et d’autres groupes similaires sont du terrorisme intérieur et seront traitées en conséquence », a-t-il déclaré.
Barr a précisé que le gouvernement fédéral disposait de la preuve que les Antifas avaient « détourné » des manifestations légitimes pour les transformer en « actes d’anarchie, en émeutes violentes, incendies criminels, pillages d’entreprises, destruction de biens publics, attaques contre des représentants des forces de l’ordre et des passants innocents, et même le meurtre d’un agent fédéral ». Peu auparavant, le président Donald J. Trump a demandé au ministère de la Justice des Etats Unis d’inclure les Antifas sur la liste des organisations terroristes.
A en croire, un certain nombre d’universitaires et de médias sympathisants des Antifas, classer un mouvement contestataire aussi flou et aussi faiblement structuré dans la catégorie des organisations terroristes relève de l’impossible. Mark Bray, apologiste américain des Antifas et auteur de « Antifa: The Anti-Fascist Handbook » (Antifas : manuel de l’antifascisme), affirme que les Antifas « ne sont pas une organisation cohérente avec une chaîne de commandement unique ».
Des preuves empiriques et quelques évidences montrent que les Antifas fonctionnent en réseau, que ce réseau est mondial et qu’il est très bien financé. Leur structure organisationnelle, très horizontalisée, comporte des dizaines et peut-être des centaines de groupes locaux. Le ministère américain de la Justice enquête actuellement sur un certain nombre d’individus liés aux Antifas pour faire apparaître les structures de l’organisation.
Aux États-Unis, l’idéologie des Antifas, leurs tactiques et leurs objectifs, n’ont rien de nouveau ; ils sont la copie des Antifas d’Europe, soit des groupes dits antifascistes qui sous une forme ou une autre, ont été actifs, presque sans interruption depuis quasiment un siècle.
Qu’est-ce que les Antifas ?
Le mouvement Antifa est un mouvement insurrectionnel transnational qui, au moyen d’actions d’une extrême violence, s’efforce de renverser la démocratie libérale. L’objectif avoué à long terme des Antifas, tant en Amérique qu’à l’étranger, est de remplacer le capitalisme mondial par un système communiste mondial. Dans l’immédiat, les Antifas américains se sont donné pour but de renverser l’administration Trump.
Les Antifas considèrent l’application de la loi comme un pilier de l’ordre établi. Aux États-Unis comme en Europe, la tactique préférée des Antifas est d’obliger la police à réprimer leurs saccages de biens publics et privés apportant ainsi la « preuve » que le gouvernement est « fasciste ».
Les Antifas affirment s’opposer au « fascisme », un terme péjoratif qu’ils utilisent pour discréditer ceux qui ne partagent pas leurs croyances politiques. Le dictionnaire Webster définit le « fascisme » comme « un système totalitaire incarné par un dictateur qui met en œuvre un nationalisme agressif, une politique militariste et souvent aussi raciste ».
Les Antifas eux, s’en tiennent à la définition marxiste-léniniste qui assimile le fascisme au capitalisme. « La lutte contre le fascisme est gagnée quand le système capitaliste a été brisé et qu’une société sans classe a été instaurée », indique le groupe allemand Antifa, Antifaschistischer Aufbau München.
L’agence allemande de renseignement intérieur BfV, dans un rapport spécial sur l’extrémisme de gauche, note que :
« La lutte des Antifas contre les extrémistes de droite est un écran de fumée. Leur véritable cible est « l’État démocratique bourgeois » qui, dans leur vision du monde gauchiste, accepte et promeut le « fascisme » comme une forme possible de gouvernement. A en croire les Antifas, le « fascisme » demeurerait enraciné dans les structures sociales et politiques du « capitalisme », ce qui les amène tout naturellement à lutter pour l’élimination du « système capitaliste ».
Matthew Knouff, auteur de An Outsider’s Guide to Antifa : Volume II (Les Antifas vus de l’extérieur, le Guide : Volume II), explique l’idéologie Antifa ainsi :
« Les Antifas définissent le monde comme une bataille entre le fascisme, le racisme et le capitalisme – trois forces fondamentales toutes connectées entre elles. Pour les Antifas, le fascisme est l’expression finale, voire une étape du capitalisme lequel est défini comme un système d’oppression ; le racisme est un mécanisme oppressif lié au fascisme. »
Dans un essai intitulé « What Antifa and the Original Fascists Have In Common », (« Ce que les Antifas et les fascistes authentiques ont en commun »), Antony Mueller, un Allemand professeur d’économie dans une université du Brésil, a décrit l’anticapitalisme militant des Antifas comme un antifascisme qui peine à dissimuler son propre fascisme :
« La gauche s’est approprié le concept de libéralisme pour lui donner un sens qui est aujourd’hui à l’opposé de sa signification d’origine et les Antifas utilisent une fausse terminologie pour dissimuler leur véritable agenda. Ils se disent « antifascistes » et désignent le fascisme comme leur ennemi, mais les Antifas sont d’abord et avant tout un mouvement fasciste.
« Les miliciens Antifas ne luttent pas contre le fascisme, ils sont les authentiques représentants du fascisme. Le communisme, le socialisme et le fascisme sont unis au sein d’un registre anticapitaliste et anti-libéral.
« Le mouvement Antifa est un mouvement fasciste. L’ennemi de ce mouvement n’est pas le fascisme mais la liberté, la paix et la prospérité. »
Aux origines idéologiques du mouvement Antifa
Les origines idéologiques du mouvement Antifa remontent à l’Union soviétique d’il y a un siècle. En 1921 et 1922, l’Internationale communiste (Komintern) a développé la tactique dite du Front Uni pour « unifier les masses populaires par l’agitation et l’organisation » … « au niveau international et dans chaque pays » contre le « capitalisme » et le « fascisme » – deux termes présentés comme interchangeables.
Le premier groupe antifasciste au monde, Arditi del Popolo (Les Audacieux du Peuple), est italien ; il a été fondé en juin 1921 pour résister à la montée en puissance du Parti fasciste national de Benito Mussolini, lui-même institué pour empêcher une éventuelle révolution bolchevique en Italie. Une bonne partie des 20 000 communistes et anarchistes d’Arditi del Popolo a rejoint plus tard les Brigades internationales pendant la Guerre civile espagnole (1936-1939).
En Allemagne, le Parti communiste allemand a créé le groupe paramilitaire Roter Frontkämpferbund (Ligue des combattants du front rouge) en juillet 1924. Le groupe a été interdit en raison de son extrême violence. Une grande partie des 130 000 miliciens a poursuivi ses activités dans la clandestinité ou dans des organisations locales de remplacement comme le Kampfbund gegen den Faschismus (Alliance de lutte contre le fascisme).
En Slovénie, le mouvement antifasciste TIGR a été créé en 1927, à la chute de l’Empire austro-hongrois, pour résister à l’italianisation des régions à dominante slovène. Dissous en 1941, TIGR était spécialisé dans l’assassinat de policiers et de militaires italiens.
En Espagne, les Milicias Antifascistas Obreras y Campesinas (Milices antifascistes ouvrières et paysannes) créées par le Parti communiste, ont été actives dans les années 1930.
Les Antifas modernes tirent leur nom d’un groupe appelé Antifaschistische Aktion (Action antifasciste), fondé en mai 1932 par les staliniens du Parti communiste d’Allemagne. Le terme « fasciste » qui signalait l’ennemi à combattre désignait en réalité tous les autres partis politiques pro-capitalistes d’Allemagne. Antifaschistische Aktion avait pour unique objectif d’abolir le capitalisme. Les 1500 miliciens du mouvement sont entrés dans la clandestinité en 1933, année de l’arrivée au pouvoir des nazis.
Une brochure en langue allemande – « 80 Jahre Antifaschistische Aktion » (« 80 ans d’action antifasciste ») – décrit dans les moindres détails l’histoire du mouvement Antifa depuis ses origines idéologiques dans les années 1920 jusqu’à nos jours. Ainsi, le document affirme que :
« L’antifascisme a toujours été fondamentalement anticapitaliste. C’est pourquoi le symbole de l’Antifaschistische Aktion n’a jamais perdu son pouvoir d’attraction … L’antifascisme est plus une stratégie qu’une idéologie. »
Après-guerre, le mouvement Antifa allemand a réapparu sous diverses identités ; il s’est incarné ainsi dans les différents mouvements estudiantins radicaux des années 1960 puis, dans divers groupes insurrectionnels de gauche actifs tout au long des années 1970, 1980 et 1990.
La Fraction Armée Rouge (RAF), plus connue sous le nom de Bande à Baader, était un groupe marxiste de guérilla urbaine qui a perpétré des assassinats, des attentats à la bombe et des enlèvements afin d’inciter à la révolution. Les membres du groupe Baader considéraient l’Allemagne de l’Ouest comme un reliquat fasciste de l’ère nazie. En trente ans, la RAF a tué plus de 30 personnes et en a blessé plus de 200.
Après l’effondrement du gouvernement communiste en Allemagne de l’Est en 1989-1990, il est apparu que la RAF avait été équipée, abritée et entrainée par la Stasi, la police secrète de l’ancien régime communiste.
John Philip Jenkins, professeur émérite d’Histoire à l’Université Baylor, affirme que les tactiques de la RAF ne diffèrent en rien des tactiques utilisées par les Antifas aujourd’hui :
« Leur campagne terroriste avait pour but de déclencher une réponse agressive de la part du gouvernement ; les membres du groupe étaient persuadés que cette réponse déclencherait un mouvement révolutionnaire plus large. »
Ulrike Meinhof, a clairement expliqué la relation que les gauchistes de la RAF entretenaient avec la police : « Le type en uniforme est un porc, pas un être humain. Nous n’avons pas à lui parler et nous aurions tort de lui parler. En revanche, il est permis de tirer. »
Bettina Röhl, journaliste allemande et fille d’Ulrike Meinhof, affirme que les Antifas d’aujourd’hui sont un prolongement de la Fraction Armée Rouge. La seule différence tiendrait au fait que, contrairement à la RAF, les Antifas ont peur de révéler leur identité. Dans un essai de juin 2020 publié par le journal suisse Neue Zürcher Zeitung, Röhl a également attiré l’attention sur le fait que non seulement le mouvement Antifa est officiellement toléré par le gouvernement allemand, mais qu’il est aussi payé par lui pour lutter contre l’extrême droite :
« La RAF a idolâtré les dictatures communistes de Chine, de Corée du Nord, du Nord-Vietnam, de Cuba ; aux yeux de la Nouvelle Gauche ces régimes étaient des modèles sur la voie du communisme …
« Le radicalisme de gauche qui fleurit en Occident et qui frappe brutalement aux portes de la Banque centrale européenne à Francfort à chaque sommet du G20 ou à chaque 1er mai à Berlin, a atteint le plus haut niveau d’intégration dans l’Etat, notamment grâce au soutien de quelques députés, journalistes et experts.
« Contrairement à la RAF, les Antifas n’ont pas de leaders connus. Par lâcheté, ses militants masquent leur visage et gardent leurs noms secrets. Les Antifas menacent constamment de passer à l’acte contre les élus et les policiers. Leurs dégâts matériels atteignent des montants insensés. Mais la députée Renate Künast (Verts) a critiqué devant les élus du Bundestag le maigre financement des groupes Antifa par l’État au cours des dernières décennies. Elle affirmait être préoccupée que « les ONG et les Antifas soient obligés de se battre pour obtenir de l’argent et que leurs contrats de travail soient des contrats à court terme qui courent d’une année sur l’autre ». Ces propos ont été applaudis par Alliance 90/Les Verts, la gauche et certains députés du SPD.
« On peut se demander si le mouvement Antifa n’est pas une sorte de RAF officielle, un groupe terroriste payé par l’Etat sous prétexte de « lutter contre la droite ».
Le BfV, les services de renseignement allemands, explique la glorification de la violence par les Antifas ainsi :
« Pour les extrémistes de gauche, le « capitalisme » est perçu comme un fauteur de guerres, de racisme, de catastrophes écologiques, un générateur d’inégalités sociales et un facteur d’embourgeoisement. Le « capitalisme » n’est pas pour les gauchistes un simple mode d’organisation économique ; le capitalisme détermine le social et le politique et porte en germe des réorganisations sociales et politiques radicales. Anarchistes ou communistes, tous font le même constat : la démocratie parlementaire, forme bourgeoise de gouvernement, doit absolument être « surmontée ».
« Pour cette raison, les gauchistes ignorent ou légitiment les violations des droits de l’homme dans les dictatures socialistes ou communistes ou dans les États qu’ils estiment être menacés par l’Occident. Encore aujourd’hui, les communistes orthodoxes et les militants autonomes justifient, louent et célèbrent l’action terroriste de la Fraction Armée Rouge ou les terroristes étrangers de gauche qui se présentent comme les représentants de « mouvements de libération » ou même des « résistants ».
En Grande-Bretagne, Anti-Fascist Action (AFA), créé en 1985, a essaimé aux Etats-Unis. En Allemagne, l’Antifaschistische Aktion-Bundesweite Organisation (AABO) a été fondée en 1992 pour coordonner les efforts de petits groupes Antifa dispersés dans le pays.
En Suède, Antifascistisk Aktion (AFA), fondé en 1993, mène depuis trente ans des actions d’une violence extrême contre ses adversaires. En France, le groupe Action antifasciste, est connu pour sa farouche opposition à l’État d’Israël.
Après la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement du communisme en 1990, le mouvement Antifa a ouvert un nouveau front contre la mondialisation néolibérale.
Attac, créé en France en 1989 pour promouvoir une taxe mondiale sur les transactions financières, dirige désormais ledit mouvement altermondialiste qui, comme le Global Justice Movement, s’oppose au capitalisme. En 1999, Attac était présent à Seattle lors des violentes manifestations qui ont conduit à l’échec des négociations de l’OMC. Attac a également participé à des manifestations anticapitalistes contre le G7, le G20, l’OMC et la guerre en Irak. Aujourd’hui, l’association est active dans 40 pays, avec plus d’un millier de groupes locaux et des centaines d’organisations soutenant le réseau. La structure organisationnelle décentralisée et non hiérarchique d’Attac semble être le modèle utilisé par Antifa.
En février 2016, le Comité international de la Quatrième Internationale a jeté les bases politiques du mouvement mondial anti-guerre qui, comme les Antifas, accuse le capitalisme et le mondialisme néolibéral d’être la cause de chaque conflit militaire :
« Le nouveau mouvement anti-guerre doit être anticapitaliste et socialiste. Lutter sérieusement contre la guerre oblige à lutter pour mettre fin à la dictature du capital financier et du système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre. »
En juillet 2017, plus de 100 000 manifestants anti-mondialisation et Antifas ont convergé sur Hambourg pour protester contre la tenue du G20. Des émeutiers de gauche ont ravagé le centre-ville. Un groupe Antifa appelé « G20 Bienvenue en enfer » s’est vanté des méthodes utilisées pour mobiliser des groupes Antifa du monde entier :
« Les mobilisations au sommet ont été des précieux moments de rencontre et de coopération entre les groupes et réseaux anticapitalistes de gauche de toute l’Europe et du monde entier. Nous avons partagé des expériences et des combats, nous avons participé à des réunions internationales, nous avons été attaqués par des flics qui étaient soutenus par l’armée, nous avons réorganisé nos forces et riposté. Le mouvement antimondialisation a changé, mais nos réseaux perdurent. Nous sommes actifs localement dans nos régions, villes, villages et forêts. Mais nous luttons également au niveau transnational. »
Selon le rapport annuel des service de sécurité intérieure allemands :
« Les organisations gauchistes ont fait en sorte de sortir vainqueurs du débat public né des violentes manifestations qui ont eu lieu à l’occasion du sommet du G20. Avec des photos et des articles sur des violences policières présentées comme disproportionnées, ils ont promu l’image d’un État qui a déployé une sur-violence policière pour mettre en déroute des manifestations légitimes. Contre un tel État, ont-ils dit, la « résistance militante » n’est pas seulement légitime, elle est aussi nécessaire. »
La partie II de cette série examinera les activités antifas en Allemagne et aux États-Unis.
Soeren Kern est Senior Fellow du Gatestone Institute de New York.