Le 22 octobre, la Chine a manœuvré à armes réelles dans le détroit de Taïwan. Cette opération belliqueuse fait suite à la simulation treize heures durant d’un blocus de Taïwan les 14 et 15 octobre. L’Armée populaire de libération, lors des manœuvres Joint Sword-2024B, a mobilisé le nombre record de 153 avions et 26 navires, dont le
Liaoning, l’un des trois porte-avions du pays. Photo : des marins et des avions de chasse sur le pont du
Liaoning dans la mer Jaune près de Qingdao, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine, le 23 avril 2019. (Photo de Mark Schiefelbein/AFP via Getty Images)
Le 22 octobre, l’armée de la République Populaire de Chine a manœuvré à armes réelles dans le détroit de Taïwan.
Cette opération belliqueuse a fait suite à la simulation d’un blocus de Taïwan organisé 13 heures durant, les 14 et 15 octobre. L’Armée populaire de libération (APL) lors de ces manœuvres militaires intitulées Joint Sword-2024B, a mobilisé un nombre record de 153 avions et 26 navires, dont le Liaoning, l’un des trois porte-avions du pays.
Les garde-côtes chinois ont également participé à cet exercice militaire de grande envergure. Comme l’a noté The Economist, la présence de garde-côtes autour de l’île de Taïwan était « sans précédent ».
Les garde-côtes chinois ont eux-mêmes indiqué qu’ils participaient à un « exercice pratique visant à contrôler l’île de Taïwan conformément à la loi fondée sur le principe d’une seule Chine ».
Les zones de manœuvre pour le Joint Sword-2024B se situaient à seulement 24 milles nautiques du littoral de Taïwan, soit une proximité sans précédent par rapport à tous les exercices militaires précédents.
Les observateurs ont considéré que la présence de la Garde Côtière, un corps de protection du territoire national, signifiait une accentuation de la revendication territoriale chinoise sur Taiwan.
Pékin soutient que l’île a été de tous temps, une part « inaliénable » de la Chine. Mais la République populaire n’a jamais contrôlé Taïwan. En fait, aucun régime chinois n’a jamais exercé une souveraineté indiscutable sur l’île. Chiang Kai-shek, le premier dirigeant chinois à exercer son contrôle sur l’île dans son intégralité, a pris le pouvoir en 1949.
Les responsables taïwanais ont déclaré à leurs visiteurs étrangers qu’ils s’attendaient à une mise en quarantaine de Taiwan dans les mois à venir.
« Avec Joint Sword, le Parti communiste chinois développe et finalise son concept de quarantaine pour Taiwan », a déclaré à Gatestone John Mills, un colonel à la retraite de l’armée américaine. « Ils savent qu’un blocus est un acte de guerre, alors ils jouent la quarantaine, sur le modèle de ce qui a été infligé à Cuba par le président Kennedy en 1963. »
« Quand les Chinois imposeront leur quarantaine, ils cibleront les cargaisons d’armes, comme les missiles Harpoon qui ont récemment été livrés », a déclaré Mills, qui a aussi été directeur de la politique de cybersécurité, de la stratégie et des affaires internationales au sein du Secrétariat à la Défense. « Ils viseront également les avions civils qui transportent des personnalités dont ils souhaitent s’assurer le contrôle. Il n’est pas exclu que les câbles sous-marins soient également coupés. »
Quand cette quarantaine aura-t-elle lieu ? Les avis sont partagés. Mills la situe pour sa part en 2024, ou peu après.
La quarantaine est une opération astucieuse de la part d’un pays comme la Chine qui n’est pas préparé à une guerre à grande échelle et qui ne souhaite pas lancer une invasion de Taïwan.
Pas préparé ? Xi Jinping n’a pas une immense confiance dans l’armée chinoise. D’autre part, une guerre contre Taïwan serait extrêmement impopulaire en Chine continentale et le régime chinois est extrêmement réticent à faire des victimes.
Ce que Xi Jinping tente est en réalité une opération d’intimidation. « Les manœuvres militaires représentent une menace qui attente à la perception que Taïwan a de sa sécurité. Il faut que le peuple taïwanais perde confiance dans son gouvernement et change le statu quo d’un Taïwan aujourd’hui séparé de la Chine », a déclaré Elizabeth Freund Larus, de l’Atlantic Council Global China Hub, à Fox News Digital.
« Ils mettent en place la très ancienne stratégie chinoise de ‘l’encerclement du point/attaque des renforts’ », a déclaré Chang Ching de la Société d’études stratégiques de la ROC, qui a examiné la trajectoire des navires russes et chinois avant Joint Sword-2024B. « La véritable cible, ce sont les États-Unis », a déclaré l’analyste taïwanais à Fox. Ils « s’entraînent à tendre une embuscade à la marine américaine au cas où elle se viendrait en aide à un Taïwan déjà pris en otage ».
Xi Jinping pense peut-être que Taïwan tombera comme un fruit mur au terme d’une simple quarantaine, qui n’est pas un acte de guerre. Mais si cette stratégie échoue, il pourrait décider un blocus total. L’armée chinoise a annoncé que Joint Sword-2024B pratique un « blocus des ports stratégiques ». Une quarantaine pourrait démarrer une chaîne d’événements menant à un conflit.
Un blocus ne pourra toutefois être efficace que s’il inclut le territoire souverain du Japon, à commencer par l’île de Yonaguni, le territoire habité le plus occidental du Japon. Les montagnes de Taïwan sont visibles depuis cette petite île au sud de Taipei. Le traité de défense mutuelle qui lie le Japon aux États-Unis implique qu’en cas de blocus par la Chine, il en résultera une guerre qui impliquera les États-Unis.
Si la quarantaine échoue, Xi Jinping ne pourra pas reculer. Aujourd’hui, les cercles les plus influents du Parti communiste chinois considèrent que la guerre est la seule réponse acceptable. Cette extrême hostilité laisse penser que quelque chose ne va pas dans la capitale chinoise et que le monde doit se tenir prêt à tout, partout et à n’importe quel moment.
La Chine est capable de l’inimaginable. Le 19 octobre, le régime a lancé une vaste opération de propagande destinée à valoriser la puissance militaire du pays. Cette campagne a eu lieu deux jours seulement après que Xi Jinping, qui est aussi président de la Commission militaire centrale du Parti, a inspecté la Brigade des Missiles de l’Armée populaire de libération.
Xi Jinping a exhorté les servants des missiles à – entre autres – renforcer leurs « capacités de combat ».
La Brigade des Missiles, qui a lancé un missile balistique intercontinental en direction d’Hawaï le 25 septembre dernier, gère l’ensemble du parc nucléaire chinois.
Les menaces implicites de Xi Jinping quant à une éventuelle utilisation de ces armes sont particulièrement inquiétantes. La question se pose : y-a-t-il jamais eu dans l’histoire un régime militant qui pratique des actes de guerre, menace constamment de faire la guerre sans passer à l’acte ?
Rien n’est inévitable, mais une dynamique de guerre presque irrésistible semble désormais en place.
Gordon G. Chang, auteur de Plan Red : China’s Project to Destroy America et The Coming Collapse of China, est Distinguished SeniorFellow du Gatestone Institute et membre de son conseil consultatif.