par Benjamin Netanyahou
Première visite chez le Rabbi
Peu de temps après mon arrivée aux États-Unis en tant qu’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, j’ai reçu la visite d’un ‘Hassid Loubavitch qui avait été l’un de mes soldats lorsque j’étais capitaine de la Sayérèt Matkal, le commando d’élite de Tsahal. Il me dit « Il va y avoir un événement extraordinaire chez le Rabbi, il faut que tu viennes. » J’y suis allé. C’était la première fois que je rencontrais le Rabbi, le soir de Sim’hat Tora, en 1984.
Plus de 5000 ‘Hassidim se serraient dans la synagogue lorsque le Rabbi est entré pour le Farbrenguen lors duquel les discours du Rabbi et les chants des ‘Hassidim se succéderaient jusqu’au démarrage des « Hakafoth » à une heure tardive. Les gens qui étaient près de moi m’ont dit : « Approche-toi du Rabbi ! » Je craignais de le déranger, mais ils ont insisté. J’ai dit au Rabbi, « Rabbi, je suis venu te voir. » Le Rabbi m’a regardé et il m’a répondu : « Me voir seulement ? Pas discuter ? » C’est ainsi que débuta une conversation qui devait durer trois quarts d’heure.
Parmi les choses que le Rabbi m’a dites, il a prononcé la phrase suivante : « Tu te rends à la maison de l’obscurité, à l’ONU (à cette époque l’ONU était très hostile à l’égard d’Israël et nous la surnommions beït ha’hochekh, « la maison de l’obscurité ») ; mais tu dois te souvenir que, même dans la plus grande des obscurités, si tu allumes une petite flamme, celle-ci peut éclairer très loin. » Le Rabbi m’a également dit de me souvenir de qui je suis et de ce que je représente : Israël, le peuple juif. « Tu dois avoir une position ferme et fière, » a-t-il ajouté.
D’autres sujets furent abordés, mais je me rappelle de ce qui précède jusqu’à ce jour. Ce fut une rencontre émouvante, exceptionnelle. Le Rabbi n’a pas essayé « d’arrondir les angles » ou d’enjoliver les choses. Il m’a dit ce qu’il pensait, et ses paroles ont pénétré mon âme.
Je me suis efforcé d’agir dans cet esprit pendant mes années à l’ONU.
Affronter 119 membres de la Knesset
Au bout de quatre ans, j’ai décidé de rentrer en Israël et de rentrer dans la vie politique. Je me suis rendu auprès du Rabbi et je lui ai parlé de mes projets. Au début, le Rabbi s’y est opposé. Il disait que je remplissais une fonction importante ici. Lorsque je lui ai dit que je souhaitais rentrer au pays, il m’a dit, « Bon, si tu le veux vraiment… Mais rappelle-toi que tu devras te battre contre 119 membres de la Knesset. »
À cette époque, ces paroles semblaient bien exagérées, ou sonnaient comme une plaisanterie. Aujourd’hui je peux dire que c’est une très bonne définition de la fonction de premier ministre…
Nous sommes toujours restés en relation. Lorsque je venais aux États-Unis, je ne manquais pas de lui rendre visite. Quand mon fils Yaïr est né, j’ai reçu du Rabbi une magnifique lettre de bénédiction. Il y disait que Yaïr vient de Or, la lumière et il me bénissait pour que Yaïr illumine ma vie.
Ses positions en matière de sécurité étaient des plus fermes. Je pense qu’aujourd’hui la plus grande partie de la population d’Israël a compris la véritable teneur de notre conflit avec nos voisins. Mais, au cours des décennies précédentes, une seule voix s’est exprimée avec lucidité : la voix du Rabbi. Le Rabbi avait souligné l’importance de la terre d’Israël, tant du point de vue de l’importance que la tradition et l’histoire lui confèrent, que du point de vue de sa valeur stratégique en matière de sécurité.
Guerre contre l’assimilation
‘Habad-Loubavitch est aujourd’hui l’adresse pour les Juifs qui ont perdu leur chemin. À mon sens, la plus grande perte pour le peuple juif depuis la Shoah est le résultat de l’assimilation : après la guerre, nous étions 12 millions et selon les prévisions – même avec une croissance mesurée – nous aurions dû être aujourd’hui 24 millions. Où sont-ils tous ? Ils ont disparu. Non par une attaque matérielle, non par des fours crématoires, mais par la perte de l’identité juive et par les mariages mixtes. Le Rabbi avait souhaité que ‘Habad soit un pôle d’attraction qui attire les Juifs qui ont perdu leur identité. Je pense que ce sujet était capital pour lui, tout autant que le sujet de la sécurité d’Israël.
Le travail de ‘Habad en Israël est également extraordinaire. Bien qu’ici l’assimilation ne constitue pas le même danger, ‘Habad agit pour rapprocher les Juifs de leur héritage et de leurs origines. Les racines spirituelles sont aussi essentielles à la pérennité d’Israël que de pourvoir à ses besoins matériels.
Le message du Rabbi
Le message du Rabbi est vivant. Les valeurs qu’il a incarnées – l’amour du prochain, l’amour de la Tora et l’amour de la terre d’Israël – se sont avérées bien plus vitales que ce qui avait été supposé. Nous vivons à une époque des plus cyniques, dans laquelle les hommes pensent que tout dépend de la matérialité. Ils oublient parfois que ce qui nous unit ce sont les valeurs éternelles du Judaïsme, notre lien avec cette terre, notre foi en D’, notre tradition. Ce sont ces valeurs qui nous ont permis de revenir sur notre terre, et ce sont elles qui guideront notre avenir. Et c’est dans cet esprit qu’a agi le Rabbi.
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Source hassidout.org