Biden n’est pas Trump, mais il ne laissera pas compromettre la sécurité d’Israël
Sa rencontre en 1973 avec la première ministre de l’époque, Golda Meir, a été l’une de ses réunions les plus «importantes» de son histoire. Il est depuis un ami d’Israël.
Prenant le relais de Donald Trump, son administration aura de nombreuses décisions clés à prendre et des politiques à mettre en œuvre, dont beaucoup risquent de renverser celles mises en œuvre par l’administration précédente, en particulier la manière dont elle traite l’Iran et ses actions hostiles dans la région.
Alors, comment cela affectera-t-il Israël, principalement sur la sécurité?
Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, Biden a soutenu Israël et a été impliqué dans les négociations de 2016 entre les deux alliés qui ont cimenté un protocole d’accord (le MOU) de 38 milliards de dollars sur dix ans pour l’aide à la défense – le plus grand programme d’aide militaire de l’histoire des États-Unis.
Mais son soutien à Israël n’a pas commencé lorsqu’il était vice-président du président Barack Obama – il se considérait comme un sioniste et était l’un des plus fervents défenseurs de l’aide américaine à Israël depuis des décennies.
Il a raconté l’histoire de sa rencontre avec la Première ministre israélienne de l’époque, Golda Meir, en 1973, lors de son premier voyage à l’étranger en tant que sénateur âgé de 30 ans. Cette réunion, à peine 40 jours avant le déclenchement de la guerre du Yom Kippour, a été «l’une des réunions les plus marquantes de ma vie».
Après avoir visité Israël, il s’est assis auprès de Meir qui a expliqué pourquoi la situation de l’État juif était désastreuse.
Bien qu’impressionné, Biden aurait trouvé la réunion déprimante et quand Meir lui a demandé pourquoi il aimait quand même la raconter, «J’ai dit: ‘Eh bien, mon D’, Madame le Premier ministre’, et je me suis retourné pour la regarder. J’ai dit: ‘C’est l’image que vous brossez’. Elle a dit: ‘Oh, ne vous inquiétez pas. Nous avons ‘- je pense qu’elle ne m’a dit cela seulement qu’à moi.- Elle a dit: « Nous avons une arme secrète [NDLR : l’option Samson?-, dans notre conflit avec les Arabes : vous voyez, nous n’avons pas d’autre endroit où aller ». »
Près de 50 ans plus tard, la situation sécuritaire d’Israël n’est toujours pas parfaite. Bien que des accords de paix ont été conclus avec plusieurs pays arabes, il y a toujours des ennemis comme l’Iran et leur supplétif le Hezbollah ainsi que le Hamas qui ont juré de détruire Israël.
Israël considère l’Iran et son programme nucléaire comme sa principale préoccupation, et le Premier ministre « faucon » israélien Benjamin Netanyahou a trouvé des points majeurs d’accord avec l’administration Trump sur la façon de traiter la République islamique.
Alors que l’administration de Biden devrait être aux antipodes de celle de Trump, il a fait campagne et a juré de garantir l’avantage qualitatif militaire d’Israël et «l’engagement indéfectible de l’Amérique envers la sécurité d’Israël».
Depuis que l’administration Trump s’est retirée de l’accord avec l’Iran en 2018, les relations entre l’Iran et les États-Unis ont empiré. Bien que Biden ait signalé qu’il essaierait de ramener l’Iran dans l’accord nucléaire, il a également reconnu qu’il n’y a aucune garantie que l’Iran reviendrait au respect de l’accord.
Téhéran a non seulement continué à travailler sur son arsenal de missiles balistiques, mais des supplétifs iraniens comme le Hezbollah se sont également enhardis et ont renforcé leur implantation dans le Golan syrien.
Malgré ce que prétendent les partisans de Trump, l’Iran a étendu ses tentacules à travers le Moyen-Orient pendant son administration. Alors que l’aélimination ciblée du commandant de la force Qods du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Qassem Soleimani, a considérablement entravé les aspirations régionales de Téhéran, l’Iran est devenu un acteur dominant en Syrie, à tel point que si la guerre civile devait prendre fin, il est peu probable qu’on assite au départ des Iraniens de Syrie.
Israël mène sa campagne de guerre entre deux guerres contre l’Iran depuis 2013, frappant des milliers de cibles en Syrie, et selon des rapports étrangers en Irak voisin, afin d’empêcher la contrebande d’armes avancées au Hezbollah au Liban et l’enracinement de ses forces en Syrie où elles pourraient facilement agir contre Israël.
Téhéran a exclu de suspendre son programme de missiles ou de modifier sa politique régionale, souhaitant plutôt que la nouvelle administration américaine change sa politique. Mais bien qu’il ne soit pas aussi agressif envers l’Iran que son prédécesseur, Biden ne se montrera pas facile avec la République islamique.
La présence iranienne aux frontières nord d’Israël et son soutien continu aux groupes terroristes dans la bande de Gaza ainsi que ses programmes de missiles nucléaires et balistiques sont un autre problème auquel l’administration de Biden doit faire face.
Ce sont des questions clés pour la sécurité d’Israël.
Ces dernières années, l’armée israélienne a exploré l’éventualité d’une guerre future avec le Hezbollah, qui, aidé par l’Iran, a reconstruit son arsenal à quelque 130 000 roquettes et missiles visant le front intérieur israélien.
L’exercice le plus récent, Flèche meurtrière, qui a eu lieu il y a deux semaines, s’est déroulé après que l’armée a achevé plusieurs plans offensifs pour le front nord et visait à améliorer les capacités offensives de Tsahal à tous les échelons, du chef d’état-major aux troupes sur le terrain.
Israël ne veut pas d’une guerre avec le Hezbollah ou l’Iran. Il y a encore des millions d’Israéliens dans le nord qui n’ont pas accès à un abri anti-bombes et l’establishment de la défense a déclaré qu’une telle guerre serait dévastatrice.
Bien que Netanyahou ait maintenant perdu un bon ami à la Maison Blanche avec le départ de Trump, une confrontation totale avec les Iraniens et le Hezbollah est le pire cauchemar de Jérusalem et de Washington. Et les deux dirigeants feront tout ce qu’ils peuvent pour s’assurer que cela n’arrive pas.
Biden n’est pas Trump. Il consulte et écoute son équipe avant de prendre des décisions. Et cela, au bout du compte, est bon pour Israël.
Parce qu’être impulsif au Moyen-Orient n’est pas une stratégie gagnante.