Des propos antisémites ont été relevés sur la page Facebook du maire de Bezons selon Avocats sans frontières qui a porté plainte. Un juge d’instruction est saisi.
L’épisode de l’allée de la Nakba (« catastrophe » en arabe) à Bezons continue de provoquer des remous. Cette plaque en mémoire de l’exode des Palestiniens installée début juin par le maire de Bezons puis enlevée sur ordre du préfet avait déclenché un tollé. La polémique pourrait se prolonger devant les tribunaux.
L’association Avocats sans frontières a déposé une plainte en date du 25 juin auprès du procureur de la République de Pontoise, pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance la religion juive. Le document que nous avons pu consulter vise des propos relevés sur la page Facebook du maire PCF de Bezons, Dominique Lesparre, qui ont été tenus par son fils.
Un juge d’instruction a déjà été saisi
Dans un contexte de menaces et d’insultes proférées à l’encontre du maire et de son fils, après l’installation de la plaque, ce dernier réplique dans les commentaires en désignant les Juifs : « qu’ils viennent ces porcs ». Il ajoute : « Moi aussi je connais des fondus. En plus s’ils savent que c’est un youpin, ça va être le feu » écrit-il, employant également le terme de « youde » dans un autre commentaire.
La plaque avait été rapidement taguée puis retirée dès le lendemain. Le préfet avait demandé la « dépose immédiate de la plaque ».LP/M. Len. La plainte a été rapidement suivie d’effet. Le parquet de Pontoise, saisi d’une autre plainte du BNCVA (bureau national de vigilance contre les actes antisémites) a ouvert une information judiciaire contre X pour provocation à la haine raciale ou religieuse et menaces de délits aggravées en raison de l’appartenance de la victime à une prétendue race ou à une religion. Un juge d’instruction est saisi.
« Il n’y a aucun doute sur le caractère antisémite des propos », estime Me Siksik, l’avocat d’ASF. « Ces commentaires sont restés suffisamment longtemps sur cette page publique pour que quantité de gens les lisent ou répondent. »
Le maire se dit victime de menaces
« Ce sont des mots qui étaient employés pendant la Seconde Guerre mondiale », rappelle Me Rémi-Pierre Drai. « Tout n’est pas permis en matière de clientélisme ou du communautarisme. Ce qui nous choque, c’est l’utilisation de la situation au Proche-Orient à ces fins. Le préfet lui a rappelé pourtant le principe de neutralité. Nous notons que M. Lesparre n’a pas eu l’idée de proposer une plaque Simone Veil, car cela ne lui aurait rapporté strictement rien sur le plan électoral. » L’avocat rappelle qu’ASF « lutte depuis 35 ans contre toutes les discriminations et a déjà fait condamner Dieudonné, Alain Soral, Hervé Ryssen, des antisémites notoires. »
« Je ne suis pas responsable de ce qui est écrit sur ma page Facebook », se défend Dominique Lesparre (la Cour de cassation a confirmé le 17 mars 2015 la responsabilité du propriétaire d’une page Facebook, NDLR). « J’ai demandé à mon fils de retirer ses commentaires qu’il n’aurait jamais dû écrire », ajoute-t-il, refusant de s’expliquer davantage, sinon en soulignant être victime de menaces. « Je vis depuis plusieurs semaines dans la crainte la plus totale, un harcèlement permanent. Nous avons eu un colis piégé. » Après avoir annoncé qu’il porterait plainte contre ces agissements, le maire a renoncé. « On l’avait déjà fait et cela n’a servi à rien. La Justice ne me suit pas. Cela ne fonctionne que dans un sens. On a fait le choix de l’apaisement. »