BDS tente de séparer la communauté juive d’Israël

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Pancartes lors d’une manifestation pro-BDS à New York suite à la décision américaine de déplacer son ambassade en Israël à Jérusalem. Photo: Reuters / Carlo Allegri.

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Les militants du BDS tentent de creuser les failles entre la communauté juive et Israël

En juillet, le mouvement BDS a accéléré ses efforts pour diviser la communauté juive américaine d’Israël et intensifier ses divisions internes. Deux incidents au cours desquels des participants de Birthright ont manifesté pour protester contre “l’absence d’informations sur l’occupation” illustrent la manière dont cette institution juive à succès unique subit des agressions, précisément parce qu’elle rapproche les Juifs américains d’Israël. La connexion juive à Israël est la dernière cible du mouvement BDS, en particulier pour les Juifs antisionistes.

Certains des développements les plus significatifs de l’action de BDS en juillet ont eu lieu dans l’arène juive. À deux reprises, les participants à Birthright ont quitté leurs tournées et se sont joints aux visites de groupes BDS. Il a été révélé plus tard que ces actions n’étaient pas spontanées, mais que les individus étaient membres du groupe pro-BDS IfNotNow. Dans un cas, Birthright a annulé les billets de retour des individus, les incitant à solliciter des fonds de l’organisme qui les télécommandait.

Malgré les incidents récents, les responsables de Birthright ont annoncé qu’ils ne n’opéreraient pas de contrôle fouillé des candidats. Cette décision démontre également les dilemmes impossibles que BDS crée au sien des institutions juives. Si le contrôle est effectué et que les candidats sont rejetés, l’organisation sera accusée d’exclusion et de censure. Si les candidats ne sont pas contrôlés, les groupes BDS continueront à exploiter et à chercher à renverser l’organisation de l’intérieur.

Les provocations ont abouti à des condamnations et à des applaudissements prévisibles, partagés selon les lignes politiques. En dépit de ses antécédents démontrés de réduction de la distance entre les jeunes juifs américains et Israël, on accuse simultanément Birthright d’être insuffisamment sioniste,  assez peu inclusif des sujets sensibles à l’antisionisme et parfois prisonnier des «donateurs de droite».

Par ailleurs, Israël a empêché un certain nombre de militants éminents du BDS d’entrer dans le pays, notamment une célébrité sud-africaine (le modèle Shashi Naidoo), un leader espagnol du BDS et un personnage américain du BDS, Ariel Gold. Le mannequin sud-africaine a ensuite été invité en Israël par le gouvernement, et elle a déclaré que le mouvement BDS lui faisait effectivement du chantage afin qu’elle exprime son soutien aux boycotts anti-israéliens.

Ces efforts ont révélé une nouvelle dimension de la stratégie juive du mouvement BDS – créant délibérément un problème politique pour le mouvement réformateur en alléguant que les actions d’Israël sont antidémocratiques. Cibler la branche politique la plus libérale du judaïsme américain, qui se sent déjà lésée à cause de son traitement par le rabbinat israélien et le gouvernement, est transparent – mais intelligent.

Dans l’ensemble, à commencer par les provocations du campus sur «Open Hillel», BDS s’est pleinement impliqué dans les problèmes très discutés des relations entre Israël et la diaspora, en tentant de saper les principales institutions juives. Celles-ci sont généralement exprimées en termes de prétendue aliénation des jeunes Juifs américains au “nationalisme” d’Israël, un comportement apparemment illibéral envers les Palestiniens, le traitement des Juifs non-orthodoxes et, plus récemment, l’adoption du projet de loi national définissant Israël comme juif.

Les critiques spécifiques à l’égard de diverses politiques peuvent très bien être fondées,  légitimes, telles que les protestations contre le rabbinat (affaire du Kotel, etc.). Mais la plupart des politiques israéliennes sont des réponses désagrégées (isolées) et ponctuelles à des situations contingentes, telles que l’absence de résonance historique ou culturelle pour le judaïsme réformé et conservateur, même parmi les Juifs sefarades et mizra’hi non religieux. Sans surprise, les médias traditionnels valorisent ce rejet d’Israël et du consensus juif américain par une petite minorité juive.

Alors que la gauche anti-israélienne intensifie ses messages, il n’est pas surprenant que les socialistes démocrates d’Amérique aient adopté une approche BDS, tout comme l’ Internationale socialiste.  La prise de contrôle rapide par les “socialistes démocrates”  (clan Sanders) a déjà un effet délétère sur le Parti démocrate et posera des problèmes importants aux juifs américains lors des prochaines élections.

La normalisation de la haine d’Israël et du BDS par «intersectionnalité» (solidarité entre les groupes prétendus “opprimés” : LGBT, Anti-racisme, minorités, etc.) et «wokeness» (l’Eveil “de conscience”) a également été démontrée par un article paru dans Teen Vogue, qui a accusé Israël de la vague de violence policière présumée aux États-Unis. Cette accusation touche maintenant un public de plus en plus jeune, en partie parce que des plateformes telles que Teen Vogue doivent continuer à trouver la perspective la plus complexe sur un éventail toujours plus large de questions afin de rester pertinente sur le marché des médias hyper-compétitifs.

La diffusion du message de BDS et de l’antisémitisme auprès de jeunes publics est complétée par l’expansion des programmes anti-israéliens dans les écoles secondaires et les collèges. Cela se produit par l’emploi de partisans du BDS en tant qu’enseignants, comme ce fut le cas dans les écoles privées d’élite de Philadelphie et de New York. l’utilisation de matériel pédagogique anti-israélien, comme à Newton, Massachusetts ; et par des partenariats directs avec des groupes islamiques et arabes, comme à San Francisco et à Los Angeles. Signaler la «tolérance» d’une école en célébrant l’Islam et en dénigrant Israël, a longtemps été un mécanisme d’alimentation pour BDS, qui réalise maintenant de nouvelles synergies avec les médias.

Il y a eu également plusieurs développements notables liés au BDS dans les universités. L’Université d’État de San Francisco a refusé de prendre des mesures contre un membre du corps professoral, Rabab Abdulhadi, qui a déclaré sur les réseaux sociaux que les sionistes n’étaient pas les bienvenus sur le campus et qu’elle avait honte des excuses présentées par le président de l’université aux étudiants juifs.

Abdulhadi reste directrice du programme d’études des ethnies et des diasporas arabes et musulmanes et conseillère de l’Union générale des étudiants palestiniens de l’école, précédant les Etudiants pour la justice en Palestine (SJP), qui orchestre le harcèlement des étudiants juifs et israéliens. Le refus de l’université de prendre des mesures, comme la retirer de son rôle de chef de file ou réduire le financement de son programme, crée un environnement d’apprentissage hostile aux Juifs.

Pendant ce temps, un juge fédéral a statué que le procès contre l’American Studies Association (ASA) pourrait se poursuivre. La poursuite allègue que les membres avaient secrètement prévu de prendre en charge l’organisation dans le but de renverser sa mission et d’adopter la ligne de BDS. La quête de soutiens similaires à ceux de l’ASA a été tentée dans de nombreuses organisations académiques par des partisans du BDS.

La tentative de rappel à l’intention du président nouvellement élu et du vice-président du gouvernement étudiant UC Davis a échoué. Les individus étaient accusés d’être “racistes, homophobes, sexistes, trans-antagonistes, sionistes, conservateurs, etc.” et d’avoir commis une fraude électorale. La section locale du SJP a ensuite publié un éditorial affirmant que la paix est impossible “tant que l’Etat d’Israël existe”.

Le leader du SJP à Tulane a également averti l’université de ne pas collaborer avec les institutions israéliennes, et un membre du SJP de Stanford a menacé de “combattre physiquement les sionistes sur le campus l’année prochaine.” Ces incidents sont un petit rappel du harcèlement et de l’intimidation régulièrement utilisés par les sections du SJP, mais aussi de leur vulnérabilité à l’embarras lorsqu’un tel comportement est rendu public.

Dans les nouvelles internationales, le plus important développement a été le rejet de la définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale Souvenir de l’ Holocauste par le Parti travailliste britannique, en faveur de sa propre version, qui exige de faire la preuve qu’un individu a une « intention antisémite. » La version du parti exclut les expressions virulentes d’antisionisme : le parti pris anti-israélien – y compris le fait d’assimiler Israël à l’Allemagne nazie – d’affirmer qu’Israël est intrinsèquement raciste et d’accuser les Juifs de double-allégeance par nature. Les observateurs ont noté que si les travaillistes avaient adopté la définition complète de l’antisémitisme, ils auraient été contraints de sanctionner ou d’expulser d’innombrables membres, y compris éventuellement le chef du parti, Jeremy Corbyn.

Le mouvement travailliste, soutenu par les organes dirigeants du parti dominés par le groupe antisémite et antisioniste de Corbyn, place les antisémites en charge de la définition de l’antisémitisme. À la différence de tout autre groupe minoritaire en Grande-Bretagne, les Juifs ne peuvent donc pas définir ce qui constitue un préjudice à leur encontre.

La position du parti travailliste a enragé la communauté juive britannique et a produit des protestations qui ont exprimé la crainte que Corbyn ne soit une ” menace existentielle ” pour la communauté. Le parti a rapidement censuré les membres critiques de sa nouvelle position. En revanche, les antisémites, à propos desquels de nombreuses plaintes ont été déposées depuis plus de deux ans, restent largement à leur place et ne risquent pas de changer. La décision a également provoqué une tempête d’abus antisémites à l’encontre de la communauté juive et de ses partisans pour leur “manque de loyauté” envers Corbyn et les travaillistes. Ces attaques comprenaient des allégations bizarres selon lesquelles le Mossad avait conspiré avec les éditeurs des journaux juifs britanniques en vue d’attaquer Corbyn. Les critiques avertissent que le parti travailliste est effectivement antisémite sur le plan institutionnel et que la Grande-Bretagne frôlera le désastre si Corbyn est élu Premier ministre.

La trajectoire qu’a prise le Parti travailliste continue d’être un avertissement ou signe avant- coureur, des développements en cours au sein du Parti démocratique des États – Unis, en particulier avec les nombreuses promotions de candidatures de personnalités anti-israéliennes tels que Alexandria Ocasio-Cortez et Ilhan Omar pour la Chambre des représentants, Maria Estrada pour l’Assemblée de l’Etat de Californie et Abdul El-Sayed pour le gouverneur du Michigan. La prochaine apparition d’Ocasio-Cortez aux côtés de la militante BDS, Linda Sarsour, lors d’une conférence islamiste est un signe inquiétant.

Par ailleurs, la Haute Cour de l’État espagnol des Asturies a déclaré que le boycott d’Israël par les municipalités et les États était inconstitutionnel. Après des poursuites judiciaires, les boycotts d’Israël ont été jugés illégaux et invalidés dans des dizaines d’Etats et de municipalités espagnols, mais de plus en plus de localités continuent à adopter des motions, plus récemment la ville de Valence et une ville voisine.

Le mépris des décisions de justice suggère que la haine d’Israël est une question supra-légale en Espagne, qui porte atteinte à l’état de droit. L’annonce par le ministre espagnol de la justice de son intention de rétablir la politique de compétence universellepermettant aux étrangers, notamment aux Israéliens, d’être jugés par des tribunaux espagnols, indique également que la politique étrangère espagnole sera alignée sur les normes supra-légales.

Enfin, le Sénat irlandais a approuvé un projet de loi criminalisant le commerce avec les “colonies” israéliennes. La législation exige de lourdes amendes et des peines de prison pour les personnes physiques et morales qui importent, vendent ou fournissent des services aux entités situées dans les “colonies”. Les observateurs de cette dérive irlandaise signalent que ce projet de loi est si vaste qu’il criminaliserait l’achat de souvenirs et les courses en taxi sur la “Ligne verte”. Plus concrètement, la législation mettra en péril les sociétés américaines basées en Irlande en les mettant en position de violation des lois américaines sur le boycott politiquement motivé des produits israéliens, ainsi que les règlements de l’Union européenne. Le projet de loi, qui a été salué par les Palestiniens et les partisans du BDS, y compris par le Hamas, doivent encore passer par d’autres niveaux de validation de la législature irlandaise.

Le Dr  Alexander  Joffe  est rédacteur en chef du groupe de surveillance de BDS pour le SPME  et boursier du Ginsburg-Ingerman au Forum du Moyen-Orient. Cet article a été publié sur SPME.org.

algemeiner.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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