Pourquoi les banques en Israël veulent savoir d’où vient l’argent des clients ?

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Les Israéliens qui tentent de transférer d’importantes sommes d’argent de l’étranger vers leurs comptes bancaires ont récemment rencontré des difficultés.

Un jeune homme, un des premiers investisseurs de Bitcoin, a déclaré au Times of Israel que lorsqu’il a essayé de rapatrier plusieurs centaines de milliers de dollars de revenus de Bitcoin de Gibraltar en Israël, sa succursale locale de la Banque Hapoalim a refusé d’accepter le virement bancaire.

Un agent immobilier qui vend des appartements haut de gamme à des immigrants et des touristes français s’est récemment plaint au Times of Israel que son entreprise rencontrait des difficultés parce que les banques avaient commencé à poser des questions sur la provenance de l’argent de ses clients.

La raison de ces changements, a déclaré la superviseuse des banques, Mme Hedva Ber lors d’une conférence en décembre, est que trois des principales banques israéliennes ont fait l’objet d’une enquête criminelle au cours des sept dernières années de la part du ministère américain de la Justice pour avoir prétendument aidé des milliers de citoyens américains à blanchir de l’argent et à échapper aux impôts – un phénomène assez dévastateur qui a suscité étonnamment peu d’attention de la part du public.

« Il y a vingt ans, les banques israéliennes ne demandaient pas aux clients d’où provenait leur argent et elles ne demandaient pas s’ils avaient payé des impôts ou non », a expliqué Mme Ber.

« Mais aujourd’hui, chaque fois que je me rends dans une banque, les employés n’ont qu’un seul mot à la bouche : conformité, conformité. Au cours des dernières années, nous avons indiqué aux banques que nous ne tolérons aucun risque en matière de conformité. S’il y a un doute, alors il n’y a pas de doute : n’ouvrez pas de compte [pour les clients à haut risque] et n’effectuez pas de transactions ».

La Banque Leumi a admis avoir commis des actes répréhensibles en 2014, reconnaissant auprès du ministère américain de la Justice qu’elle avait consenti à aider et faciliter la production et la communication de fausses déclarations fiscales à au moins 1 500 contribuables américains à l’Internal Revenue Service des États-Unis en cachant des revenus et des actifs dans des comptes bancaires offshore en Israël et ailleurs dans le monde.

Selon un communiqué de presse du ministère américain de la Justice, l’“activité criminelle” de la Banque Leumi a duré plus d’une décennie, de 2000 à 2011 au moins, période pendant laquelle la Leumi a également servi de « boîte postale » pour environ 2 450 comptes américains, les relevés bancaires étant détenus à l’étranger et non envoyés à l’adresse du client aux États-Unis.

Pour éviter les poursuites, la banque Leumi a accepté de payer 400 millions de dollars d’amendes aux gouvernements des États-Unis et de l’État de New York.

En attendant, les banques Hapoalim et Mizrahi font toujours l’objet d’une enquête du ministère de la Justice et on s’attend à ce que le nombre de clients concernés et le montant des amendes soient d’une ampleur similaire.

Pourquoi les Israéliens n’en savent-ils pas plus sur ces enquêtes ? Après tout, la fuite des Panama Papers de 2016, qui a identifié et couvert de honte les titulaires de comptes bancaires offshore, a donné lieu à des manifestations de rue dans le monde entier, à la démission du Premier ministre islandais et à d’innombrables enquêtes des autorités.

Depuis la crise financière de 2008, il y a eu une prise de conscience croissante dans le monde entier sur le fait que la plupart des citoyens les plus riches du monde ont recours à des systèmes de confidentialité offshore pour échapper aux impôts et aux lois de leur pays. Les personnes riches et sans scrupules ont eu recours à des sociétés offshore pour toutes sortes de choses, qu’il s’agisse de cacher des biens à un conjoint en cas de divorce, de cacher de l’argent aux créanciers ou de cacher de l’argent obtenu de façon malhonnête.

Si les Israéliens connaissaient les noms des personnes qui blanchissent de l’argent par l’intermédiaire des banques israéliennes, ils pourraient faire la lumière sur d’éventuelles pratiques corrompues et criminelles qui restent actuellement dans l’ombre. Alors pourquoi les enquêtes criminelles contre trois des plus grandes banques israéliennes sont-elles si peu connues du public ?

Selon David Shuster, avocat au sein du groupe International Tax Services du cabinet comptable new-yorkais Friedman LLP et directeur des Tax Controversy Services de ce cabinet, c’est parce qu’aucun des acteurs impliqués ne manifeste un intérêt particulier pour les feux de la rampe.

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