Le constat est particulièrement inquiétant. Depuis environ un an et demi, les agressions à l’égard des juifs de Toulouse sont en forte hausse, notamment dans les quartiers dits difficiles, ainsi que dans la périphérie. «On constate un antisémitisme de voisinage qui se traduit par des insultes, des graffitis antisémites, une violence verbale et parfois physique. Les promoteurs doivent de plus en plus faire appel à des médiateurs sociaux», note Franck Touboul, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Midi-Pyrénées. Des actes de violence d’autant plus intolérables qu’ils sont dirigés vers des populations vulnérables ; généralement des personnes âgées, isolées et en situation de précarité. Depuis quelques mois, le Crif doit gérer une dizaine de dossiers de locataires «évoluant dans un environnement de plus en plus hostile qui les oblige à quitter leur logement et leur quartier». «Quand les gens nous appellent, ils sont dans une détresse totale. Certains ne sortent plus de chez eux», confirme Yves Bounan, président du Consistoire de Haute-Garonne. Lundi dernier, une commission a donc été créée par le Crif pour instruire chaque dossier afin que les personnes soient relogées le plus rapidement possible. De façon générale, les Juifs interrogés ont le sentiment d’une «agressivité latente». «Le fait d’afficher des signes religieux n’est pas sans danger. Dès qu’il y a une connaissance de l’appartenance religieuse, il y a des risques d’insultes. Les rabbins ne peuvent circuler au centre-ville sans se faire insulter ou cracher dessus. On s’oriente de plus en plus vers un judaïsme clandestin», note Franck Touboul. Un antisémitisme qui trouverait un terreau favorable dans l’islamisme radical. «Je déplore que nous n’ayons pas d’interlocuteur privilégié, de représentants musulmans pour aborder ces questions», souligne le président du Crif. Face à cette situation, une cellule juridique pour poursuivre tous les actes antisémites, faire des signalements au parquet et engager des poursuites a été mise en place il y a trois mois. Par ailleurs, la sécurisation de certains bâtiments a été renforcée, tout comme la formation des personnels. «Ça me coûte de le dire, mais je conseille aujourd’hui aux Juifs d’être particulièrement prudents et discrets pour éviter de subir des actes de violences», conclut Franck Touboul.
Le chiffre : 10
dossiers > de locataires juifs agressés. Depuis un an et demi, une «Alya de l’intérieur» est apparue : en raison de leur religion, des locataires toulousains subissent des insultes ou se font agresser. Ils sont relogés dans des quartiers «moins sensibles» avec l’aide du Crif.