Autour de la table de Chabbath, n° 364 Vayigach – Illustration shutterstock
Dans notre paracha se conclut l’histoire de la vente de Yossef par ses frères. En effet, après avoir été nommé vice-roi d’Egypte, Yossef réussit avec beaucoup d’intelligence à faire venir tous ses frères. Et, lors de sa confrontation avec son grand frère-Yehouda, le tout puissant vice-roi (Yossef) se dévoilera. La nouvelle ébranlera grandement la fratrie car ils pensaient que Yossef était mort depuis longtemps : 22 ans s’étaient écoulés sans nouvelles de Yossef. De plus, le fait de voir leur plus jeune frère devenir le second d’Egypte prouvait que les rêves de Yossef étaient vrais, et donc qu’ils s’étaient trompés sur leur jugement. Ils avaient tout à craindre que Yossef se mette en colère contre eux et les punisse sévèrement. Mais immédiatement Yossef dira: « Ne vous attristez pas, car la vente que vous avez faite était voulue par Hachem afin d’assurer votre subsistance. » C’est-à-dire que Yossef explique que dans le fond, toute cette opération a été organisée des Cieux pour que durant les années de famine, Ya’akov et ses enfants puissent survivre en Egypte.
Le Or Ha’Haim (Beréchith 45.4) explique là-dessus quelque chose d’impressionnant. Dans l’ordre des versets Yossef annonce par deux fois : « Je suis Yossef« . Lorsqu’il se dévoile à Yehouda, et une seconde fois lorsqu’il voit ses frères reculer de peur. Le rav enseigne que la première fois il a signifié à ses frères qu’ils n’avaient rien à craindre de lui car il restait leur frère comme si rien n’avait été fait. Et lorsqu’il répéta : « Je suis votre frère que vous avez vendu », le rav enseigne que même au moment de la vente, il n’avait pas d’animosité contre ses frères. Dans le même ordre d’idée, Rachi (45,12) enseigne que Yossef n’avait pas de haine contre Binyamin (son plus jeune frère qui n’avait pas participé à la vente), de la même manière Yossef n’avait pas de haine vis-à-vis de tous ses autres frères !
Comment comprendre cette formidable chose: ne pas avoir des sentiments de vengeance contre ses frères qui lui ont fait tant de mal ? C’est à cause d’eux que le jeune Yossef à peine âgé de 17 ans a été vendu et s’est retrouvé tout seul dans les mains de marchands d’esclaves du désert. Loin de la maison paternelle, ses plus belles années, il les passera seul à travailler comme esclave dans une maison égyptienne, puis sera envoyé en prison durant 12 années (et on se doute bien qu’au pays du Sphinx, les conditions carcérales ne devaient pas être fameuses…). Le Zikhron Yossef répond que Yossef avait un très haut niveau de confiance en Hachem ! Car il savait que c’était D’ Qui Se tenait derrière tous les évènements mouvementés de sa vie. Le Sefer Ha’hinoukh explique la raison de la Mitsva de « ne pas se venger » ni d’avoir de rancune » vis-à-vis de son prochain : « Car un homme doit comprendre que tout ce qui se passe dans sa vie, depuis le bien jusqu’à la « difficulté » provient d’Hachem ! Et, bien que cela passe par son prochain, c’est aussi voulu par Hachem. Car rien n’existe sans la volonté du Créateur. Donc lorsque l’homme sera peiné d’une chose, il devra savoir que cela provient de ses propres fautes. Par conséquent, l’homme n’aura pas à se venger de son ami car cela provient en fait de lui-même (ses fautes) ! » Fin de ces paroles profondes, qui méritent d’être méditées! D’après cela, Yossef était rempli de la conviction que toute sa pénible histoire était voulue du Ciel, et donc il n’avait pas à en vouloir à ses frères. Seulement il y a lieu de rajouter que Yossef a vu tout le long de son pénible parcours que la Providence Divine ne l’avait pas abandonné. Car même au plus profond de la tourmente, Hachem lui envoya de nombreux signes qu’Il restait à ses côtés. Par exemple dans les geôles de Pharaon, Yossef était très apprécié du service de garde ou encore chez Potiphar, c’est Yossef qui était le major d’hommes attitré car il avait une grande réussite dans tout ce qu’il entreprenait. Donc sa confiance en D’ redoublait.
Toutefois, il reste à élucider un point encore dans le Or Ha’Haim, cette fois dans la paracha de la semaine prochaine: « Vayé’hi » (Beréchith 50,19). Là-bas est mentionné l’enterrement de Ya’akov Avinou à ‘Hévron en Israël. Au retour des fils de Ya’akov en Egypte, les frères imploreront Yossef de les laisser en vie en tant qu’esclaves car ils avaient peur de sa vengeance. Yossef leur répondra : « Vous avez pensé sur moi en mal (en me vendant) et Hachem au contraire a fait le bien ! » Le Or Ha’haim explique : « Yossef ne s’apprêtait pas à les punir mais il préférait laisser à Hachem le soin de les punir car il n’avait pas pardonné ! » C’est-à-dire que Yossef laissait la Providence divine juger l’affaire. Donc il existe une certaine difficulté : d’un côté dans notre paracha Yossef n’a pas d’animosité vis-à-vis de ses frères (car il a un très haut niveau de foi en Hachem), d’un autre, Yossef demande à Hachem d’être juge sur toute l’affaire ?! Le Zi’hron Yossef répond que s’il est vrai que Yossef savait que TOUT provenait de D’ : sa vente, son exil loin de la maison familiale etc. ; il reste que puisqu’il avait vécu beaucoup d’afflictions il fallait que ses frères lui demandent obligatoirement son pardon indépendamment de son niveau de foi en D’.
Ein yéouch ba’olam
Notre histoire véridique remonte à près d’un siècle en arrière en Europe Centrale. A l’époque les communautés juives orthodoxes étaient grandement chamboulées. La haskala (les mouvements libéraux) faisaient des ravages dans les populations juives, tandis que les idéaux socialistes, enflammaient une grande partie des jeunesses juive.
Dans une des familles typiquement juive ‘hassidique de ses années d’avant l’orage, vivaient en harmonie des parents avec leurs progéniture dans le respect de la loi ancestrale. Seulement une des filles avait fait le choix de s’écarter du mode de fonctionnement familiale, lo ‘alénou. La fille désirait vivre un autre mode de vie, moderne et « éclairé » propre aux idéaux libéraux. Le père était renversé d’une telle attitude et très attristé de perdre sa fille. Elle disait qu’elle ne tenait pas à suivre le cheminement de ses parents. La réaction du père sera catégorique, si sa fille ne veut pas suivre le mode de la famille alors elle n’a plus sa place sous son toit… La décision sera dure mais au final la jeune fille s’installera en dehors du foyer.
Notre père était proche d’un grand rav, l’Admor d’Ostin (petit-fils du rav Israël de Rozin, que son mérite nous protège). Cet homme était d’un niveau de sainteté tout à fait hors du commun et d’un grand niveau d’érudition dans la Tora. A l’approche des fêtes de fin d’année, notre homme décida d’aller voir son rav afin de recevoir sa bénédiction. Notre ‘Hassid avait l’habitude toutes les années de venir voir son rav et de lui écrire sur un papier une demande de bénédiction générale pour tous les membres de sa famille, sans préciser leur nom. Cette fois ci, le père écrivit tous les noms de ses enfants à l’exception du nom de sa fille qui avait décidé de chercher son bonheur à l’extérieur. L’Admor lira le papier et dira : « Un de tes enfants n’apparait pas ! Pourquoi ne l’as-tu pas mentionné ? » Le père était très surpris de la question mais répondit que sa fille ne faisait plus partie de sa famille puisqu’elle avait choisi une autre voie. J’ai décidé de la rayer de la liste de mes enfants ». Le rav réfléchit et dit : » Qui t’a placé maitre sur tes enfants pour choisir lequel d’entre eux fait partie de ta maison ou non ? Qui te permet de rayer ta fille de la famille ? Est-ce que tu connais la sainteté des âmes pour dire que celle-ci n’a plus sa place ? » Et le rav conclura : « Qui te dit que de ta fille n’émanera pas un véritable Yiddish Na’hat – un grand plaisir dans la pratique juive ? » Les paroles restèrent gravées dans le cœur du père qui rentra chez lui. Seulement les années obscures arrivèrent rapidement et l’Europe se transformera en piège mortel pour toutes les communautés juives. Notre homme ainsi que toute sa famille sera envoyée dans les camps nazis en Pologne et passera tous les affres de la guerre. A la fin de la Shoa notre père se retrouvera seul sans femme ni enfants qui avaient tous péris dans les chambres à gaz. Il trouvera refuge en Amérique dans la ville de New-York dans la fin des années 40. A l’époque les organisations charitables de la communauté juive se chargeaient de trouver des familles d’accueil pour passer un Chabbath. Une fois notre homme sera accueilli dans une famille aisée de New York. A table il y avait un grand nombre d’indigents de la communauté : des rescapés des camps fraichement arrivés en Amérique. L’intérieur de la maison était du style américain-moderne tandis que la maitresse de maison servait le repas à tous ses invités, notre homme tendit son assiette à la femme et soudainement remarqua que les traits de son visage ne lui étaient pas inconnus. Il lui demanda quelle était son origine ? La femme le regarda et répondit qu’elle était originaire de telle ville polonaise… Le père reconnu de suite que cette américaine était sa fille qui avait choisi alors une voie différente…. Le père et la fille s’étreignirent et pleurèrent longtemps ensemble sur tout le passé… L’homme se souvint alors de la bénédiction du rav d’Ostin : » Tu auras du Yddishe Na’hat de cette fille ! » Et effectivement sa fille et son gendre s’occuperont de lui et se rapprocheront du chemin de la pratique des Mitsvoth. Ein yiouch ba’olam/ Il n’existe pas de désespoir dans ce monde (rabbi Na’hman de Breslev).
.Coin Halakha : On reprendra les lois concernant les objets Mouksé pendant Chabbath. Tout ustensile dont l’utilisation est interdite le jour du Chabbath sera interdit à déplacer. Donc un marteau, par exemple, puisqu’il est interdit de planter un clou (melakha de boné), il sera aussi interdit de le déplacer. Cette catégorie d’objets s’appelle Mouksé ma’hamath melakha (interdit à cause de leur travail). Cependant vis-à-vis de ces ustensiles, j’aurais une permission de les déplacer dans le cas où j’ai besoin de l’endroit sur lequel ils sont posés ou si j’ai besoin de l’objet pour une utilisation permise. Par exemple j’ai besoin de mon marteau pour casser des noix (je n’ai pas à porter de main un casse-noisette), je pourrais prendre mon marteau (dans ma main) et casser des noix puis le reposer à n’importe quel endroit (je n’ai pas besoin de le relâcher immédiatement après son utilisation permise). L’interdit du Mouksé concerne le fait de déplacer l’objet, cependant toucher l’objet – sans opérer de déplacement ni de balancement de l’ustensile – sera permis.
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold tél : 00972 55 677 87 47 e-mail:9094412g@gmail.com
Et toujours la magnifique Table du Chabbath se propose d’ être votre support pour annoncer à vos proches vos événements familiaux !
A l’approche de Pourim je propose mes services pour écrire une belle Meguila d’Esther (Beth Yossef, 11 lignes), prenez contact via mail.