Au Liban, c’est déjà clair : le Hezbollah est le souverain

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Depuis deux jours, des milliers de Libanais affluent vers leurs villages du sud, brandissant des drapeaux du Hezbollah et des photos de militants tués durant la guerre. Les images en provenance de la frontière libanaise ces derniers jours sont inquiétantes. Les membres du Hezbollah et leurs familles sont retournés, au moins dans une partie des villages. Ces mêmes villages avaient servi de base à l’organisation terroriste, où Tsahal avait récemment découvert des armes et des tunnels.

Si Tsahal reste présent dans certains villages frontaliers, les habitants, eux, n’ont pas attendu l’autorisation de l’armée israélienne ou de l’armée libanaise pour revenir chez eux. Le plan initial de l’armée libanaise était de sécuriser les villages avant l’arrivée des civils, pour éliminer les menaces et les armes restantes. Mais dès dimanche matin, il était clair que ce plan ne serait pas respecté. Les villageois ont franchi les barrages de l’armée libanaise et se sont dirigés vers leurs maisons, rencontrant parfois directement les forces de Tsahal. Hier, l’armée libanaise a cessé d’empêcher les habitants de se rendre dans le sud et a même commencé à les accompagner à certains endroits.

Ces événements profitent au Hezbollah et se déroulent avec son encouragement. Depuis des années, l’organisation cherche à se présenter comme un acteur essentiel au sud du Liban, unissant « l’armée, le peuple et la résistance ». Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a affirmé hier dans un discours que « la violation de l’accord démontre la nécessité de la résistance pour le Liban ».

Selon le Hezbollah, la trêve est terminée, et Tsahal, qui aurait dû se retirer selon les termes de l’accord, est toujours présent au sud. Ainsi, le Hezbollah affirme qu’il est indispensable pour protéger le Liban. Le fait que l’armée libanaise et la FINUL n’aient pas vraiment contrôlé l’afflux de civils vers le sud renforce le message du Hezbollah selon lequel il est le « protecteur du Liban ». Comme l’a déclaré Nasrallah : « Israël se retirera contre sa volonté, grâce à notre résistance. »

En réponse aux événements récents, les médias libanais affiliés au Hezbollah ont intensifié leur couverture sur le terrain. Des journalistes pro-Hezbollah ont repris leur rhétorique provocatrice à l’égard d’Israël. Dimanche, Ali Mortada, journaliste de la chaîne Al-Mayadeen, a publié une vidéo dans laquelle il apparaît en costume, à seulement quelques mètres de la frontière israélienne. Ces images rappellent les provocations contre Tsahal avant la guerre.

Sur le plan intérieur, le Hezbollah n’est pas en position de force. Le président nouvellement élu, Joseph Aoun, et le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, n’étaient pas les premiers choix de l’organisation pour diriger le pays. Cette réalité, combinée à l’affaiblissement militaire du Hezbollah, pousse l’organisation à adopter une posture plus discrète.

Malgré ses déclarations, le Hezbollah a besoin de temps pour se reconstruire. Il ne renonce pas à ses ambitions, mais il choisit ses batailles avec précaution. L’organisation attend le moment opportun pour agir, tout en renforçant sa présence sur le terrain. La question est de savoir si nous succomberons à ce calme apparent, alors que le Hezbollah continue de se réarmer et de se préparer. Deux mois après le début de la trêve au Liban, sommes-nous déjà revenus à la case départ ?

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