Illustration : Le tout, sous la direction d’Aviv Kokhavi
Ecoute électronique réalisée par l’unité 8200, documentation multidimensionnelle de Gaza à partir de satellites mise en œuvre par l’unité 9900, analyse par la division de recherche et levée de soupçons concernant les dangers en surface menée par l’unité 504 – en un seul et même endroit. La Division du renseignement de Tsahal connaît une renaissance multidisciplinaire au sein d’une immense cellule souterraine. Les soldats de toutes les unités déchiffrent ensemble les énigmes complexes du Hezbollah et du Hamas. « Actes menés par les forces armées » – la première partie
Actions- la première partie.
Les couloirs blancs, presque éblouissants, conduisent à des «assemblées» – réunion de grandes salles de 3 à 4 salles de classe chacune. Les panneaux verts annoncent le nom de chaque complexe – Da Vinci, Van Gogh, Salvador et bien d’autres encore. La forteresse n’a été ouverte que l’année dernière, et ce sont les soldats y servant qui ont décidé d’appeler les complexes par les noms de grands artistes de l’histoire.
Dans plus de dix rassemblements de types de compétences se trouvent des jeunes de 19 ans à 42 ans, qui résolvent les énigmes les plus complexes des renseignements. Ils sont effrontés (audacieux), dans le bon sens du terme, directs et brillants. Le grade le plus important de tout groupe de travail est un lieutenant, ou tout au plus un capitaine, et les missions qui leur sont confiées l’ont jusqu’à récemment été par des colonels et des lieutenants-généraux uniquement. Dans un complexe, ils explorent les secrets de l’intensification des lancements et de la production de roquettes dans la bande de Gaza, et dans un autre, ils se penchent sur la question des tunnels et des moyens de combat souterrain.
Chaque complexe rassemble quelques dizaines de soldats, dont certains où on relève une majorité de femmes-soldats. Le secret du succès – opération 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 dans la même pièce, côte à côte, par des soldats de l’unité 8200 spécialisés dans la surveillance et l’écoute de l’ennemi, des représentants de la division de recherche qui font une macro-image et des évaluations pour l’avenir, des experts en décodage de l’unité satellite 9900, capables de marcher à l’aveugle dans toutes les ruelles de Gaza. Et aussi les représentants de l’unité la plus secrète des agents des forces armées : 504 (qui n’a été révélée que récemment comme existante, au moment de sa mise au point de respirateurs spéciaux, au cours de la pandémie de Coronavirus.
C’est un monstre du renseignement multi-divisions et sans ego, venus de tous les horizons, établi dans le cadre d’un nouveau concept révolutionnaire dirigé par la division du renseignement militaire. Le mouvement général est dirigé par le chef des forces armées, le chef d’Etat-Major Aviv Kochavi.
La sobriété technologique de l’AMAN
« Nous ne connaissions pas plus de la moitié des points de lancements des roquettes durant Tzuk Eitan », a admis un officier supérieur de Tsahal quelques semaines après l’opération de l’été 2014. Alors qu’Israël était choqué par l’effet psychologique des vidéos spectaculaires de terroristes sortant dans l’environnement de la bande de Gaza par des tunnels, la menace stratégique était et reste celle des roquettes, en particulier celle à longue portée.
Elles n’ont pas tué ou blessé des Israéliens, comme les escadrons de la « Nakba » du Hamas, qui ont blessé des citoyens à partir des tunnels pénétrants, mais leur potentiel de dommages était destructeur et à long terme – capables de paralyser la capitale de l’économie israélienne, d’arrêter les activités à l’aéroport Ben Gourion et de perturber la vie de plus d’un million d’Israéliens dans le Gush Dan.
L’accent mis sur la question des tunnels et la dépendance excessive à l’égard du Dôme de fer ont éclipsé un déficit de connaissances beaucoup plus important – Israël en savait trop peu sur les roquettes des organisations terroristes dans la bande de Gaza. Les armes à courte portée, en particulier les éclats d’obus de mortiers, ont tué plus d’Israéliens que les armes sorties des tunnels. Celles lancées à moyenne et longue portée ont semé la panique parmi des millions d’Israéliens qui ont fui vers les zones protégées.
Le réseau de roquettes de la Bande de Gaza a depuis été amélioré au-delà de tout ce qu’on voudra bien reconnaître officiellement. Des escalades récentes ont révélé une amélioration spectaculaire de la précision des roquettes – 50% à 60% des roquettes lancées étaient censées tomber à l’intérieur des villes et ont été interceptées. Dans la multiplication des salves depuis la guerre, il y a beaucoup plus de victimes israéliennes potentielles (si Dôme de Fer ne les avait interceptées) que dans la précédente guerre.
Le chef des forces armées à Tzuk Eitan était l’actuel chef d’état-major, Aviv Kochavi, et ce problème a alors frappé à sa porte. C’est aussi celui qui, à cette époque, a mijoté l’idée qui surgit aujourd’hui depuis ce souterrain. Il n’est plus question qu’un chef de département de l’unité 8200 apporte ses résultats de renseignement à la table des hauts responsables de la sécurité, et que ceux-ci rencontrent quelques heures plus tard l’image satellite qui a été traitée par l’unité 9900. Pendant toute cette période, l’une des conséquences de ce désordre était alors l’échec global dont l’officier supérieur nous a parlé.
« Nous comprenons que chaque organisation ne vaut rien lorsqu’elle est isolée »
Plus de 350 soldats et officiers ont été déplacés de leur base ces derniers mois, dans le cadre du changement majeur intervenu au sien des Forces armées, un organisme généralement considéré comme conservateur (rétif aux changements majeurs).
Les unités 504, 8200, 9900 et la division de recherche respirent déjà le même oxygène climatisé dans les espaces souterrains établis. Le Shin Bet n’est pas encore là, il y a une volonté de le faire, mais les approches professionnelles sont encore différentes et un peu éloignées les unes des autres.
Les gens ici ne sont pas seulement concernés par le côté menaçant de l’ennemi. « Il y a un noyau bleu ici qui examine l’influence de nos décideurs, du général et de l’état-major sur les données du terrain », a expliqué le lieutenant-colonel A., chef de l’arène palestinienne de l’unité 8200, à Ynet.
« Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de produire un ensemble de renseignements concordants. Le commandant en chef a ici un représentant ayant le grade de major, qui lui injecte directement les résultats du renseignement, et d’autre part il y a des » représentants rouges « en notre nom au sommet du commandement de l’état-major », a-t-il ajouté. L’organisation est égale à zéro si elle est isolée. « Les problèmes de renseignement qui prenaient des jours pour être résolus sont désormais résolus en quelques minutes. »
Au début de 2014, on a signalé que la guerre était prévue pour l’été. D’autres informations ont indiqué les tunnels pénétrants, mais pas la gravité de leur impact. La tâche principale de l’équipe intégrée est d’éviter que de telles informations ne passent de mains en mains avant d’aboutir.
« Nous avons affaire à des stratégies du Hamas et il a des programmes à long terme qui sont clairs, parallèlement à une logique d’action », a déclaré le lieutenant-colonel A. « Il y a une différence entre apporter des renseignements (éparpillés) et comprendre l’ennemi. Dans le travail multidisciplinaire, il est possible de mieux relier les deux, avec le chercheur assis à côté de la collecte d’informations diverses, sans intermédiaires. «
Le résultat se fait déjà ressentir sur le terrain. « La capacité de refléter les plans du Hamas s’est améliorée. Les cercles de transfert et d’analyse d’informations ont été raccourcis et se situent déjà au niveau du caporal et non du général. Le traitement d’une information préliminaire arrive à 8h00 du matin, subit une nouvelle alimentation et se traduit dans l’heure qui suit par un rapport complet (avec score d’informations importantes – 17). « Le Hamas est comme Saul Goodman de la série télévisée – habile avec la mentalité d’un chat errant, qui nous met au défi de pouvoir échapper à notre surveillance. »
« Nous avons appris ce qui nous manquait et cela nous a amenés à un tournant. »
Plus de 50 écrans se trouvent rassemblés dans un complexe qui ne traite 24 heures sur 24 que de la fabrication des roquettes du Hamas. C’est l’objectif principal dicté par le chef d’état-major Kochavi aux forces armées. Des lecteurs d’informations, des producteurs audio, des décodeurs d’images, des gestionnaires de collectes, des chercheurs et une variété de rôles qui font fusionner des montagnes d’informations chaque jour dans un bain de renseignements bondé – et de là en les acheminant vers des distilleries à l’intention de l’Etat-Major.
« Il ne s’agit pas seulement de savoir qui a tiré une roquette maintenant et pourquoi, et dans quel contexte », a témoigné l’une des femmes soldats. « Nous en arrivons à des résolutions allant jusqu’à décrire l’arbre spécifique du verger sous lequel le lanceur est enterré, pas seulement le verger lui-même. L’ennemi investit beaucoup dans le développement et la précision des roquettes. »
Devant ses yeux, dans la position où elle travaille, se trouvent trois grands écrans d’ordinateur. Parfois, elle utilise des lunettes 3D pour détecter de minuscules micro-changements dans le sol. Par exemple, un changement a été détecté dans une cellule suspecte au cœur de la bande de Gaza, qui a été photographiée depuis les airs la veille.
« Ce sont des changements mineurs, au niveau d’un seul pixel« , nous décrit-elle. Son commandant, un officier ayant le grade de major, a ajouté: « Il y a un bond en avant dans le déchiffrement du fonctionnement du réseau de roquettes dans la bande de Gaza. Nous avons appris ce qui nous manquait et comment nous devons le découvrir. Cela nous amène à un tournant. »
En temps de guerre, des équipes d’urgence similaires opéreront dans le monde entier du renseignement, mais les décodeurs de renseignement visuel produisent déjà régulièrement des cibles ici prêtes à l’emploi, sous le scalpel des chirurgiens.
« Nous aidons à savoir combien de force doivent attaquer pour éviter les pertes civiles », a déclaré le major R., qui est au cœur des renseignements depuis 1999. « Vous ne pouvez pas vous comporter en boxeur aveugle dans un endroit comme Gaza. »
Certains des équipages de la forteresse sont également mis en place pour l’analyse des renseignements sur des phénomènes occasionnels tels que des ballons incendiaires et des manifestations à la clôture, et certains touchent également au cœur le plus sensible dans des espaces stratégiques tels que la question des otages israéliens et les personnes disparues toujours détenues par le Hamas.
Des tireurs d’élite du Hezbollah ont été introduits clandestinement juste avant de tenter de frapper le jour des élections.
Les gros titres du 2 mars de cette année ont éclipsé toute histoire non politique. Tout tourne autour des élections à la Knesset qui se sont tenues ce jour-là, pour la troisième fois consécutive. Mais dans le nord du pays, un incident a menacé de faire déborder le vase et de provoquer une guerre.
Une escouade de tireurs d’élite du Hezbollah s’est approchée de la barrière frontalière dans une fourgonnette suspecte du village druze-syrien de Khader, au nord du plateau. L’escouade se trouvait déjà disposer d’une ligne de tir confortable du côté israélien de la frontière et se préparait, en plein jour, à faire du jour des élections israéliennes un jour noir, en tirant avec précision sur un soldat israélien.
Quelques minutes avant de mener à bien son stratagème, un avion a pris son envol et a lancé un missile près de l’escouade. Les terroristes ont fui, l’attaque a été contrecarrée, les élections se sont déroulées dans l’ordre et le Commandement du Nord a marqué le premier V de la victoire pour le premier baptême du feu significatif du centre de renseignement multidisciplinaire établi sur les hauteurs du Golan.
Les terroristes venus effectuer leur tir de sniper pouvaient être « sentis » par les soldats du centre à distance, avant qu’ils ne s’approchent de la périphérie de Majdal Shams. « Nous avons su les associer très rapidement à l’organisation du Hezbollah dans le Golan syrien, pour constater les patrouilles préliminaires de repérage qu’ils ont menées. Nous voulions contrecarrer l’attaque et ne pas les tuer pour ne pas conduire à une escalade le jour du scrutin », a rappelé le chef du secteur.
« Le contrecoup de l’attaque a été précédé d’une enquête préliminaire et approfondie de six mois sur le secteur et la présence de l’ennemi », a déclaré le lieutenant Orly, du bataillon de collecte sectorielle. « Nous avons appris à identifier les véhicules ennemis et à faire la distinction entre les visages afin qu’au moment de l’heure de vérité, nous ayons assez de confiance pour donner aux commandants une déclaration certifiée selon laquelle ici, il allait y avoir une attaque maintenant. »
Les personnels de l’unité 9900 ont contribué à apporter l’image du terrain à l’équipe de frappe. « Nous avons fait des coupes et déchiffré les axes de progrès et d’action de l’ennemi, comment y arriver et apprendre la topographie selon la vision de l’autre camp », a expliqué le Lt. Yael de l’Unité des Renseignements Visuels. « C’est ainsi que nous parvenons à contrecarrer une attaque même s’il n’y a pas de véritable alerte précoce. »
Alors que le complexe du renseignement produit des cibles pour le jour où le commandement en réclamera, l’autre camp ne gèle pas non plus sa quête de renseignements et de cibles à frapper. Les forces pro-iraniennes et les membres du Hezbollah mettent en place eux-mêmes des positions d’observation et de surveillance, dans une bataille au jour le jour qui menace de transformer le Golan syrien en équivalent du sud-Liban en matière de dangerosité et d’explosivité.
Adaptation de l’hébreu : Marc Brzustowski