Attentats en Espagne : révélations sur les repérages des terroristes à Paris

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Un an et demi après les attentats en Espagne, les policiers français et espagnols ont désormais la preuve de repérages des terroristes à Paris.

Les soupçons d’un projet d’attentat à Paris fomenté par la cellule terroriste de Barcelone se renforcent. Mais la majorité des protagonistes ne sont plus en vie pour le confirmer. Le 17 août 2017, une camionnette lancée à toute vitesse dans la foule sur les Ramblas faisait 15 morts et 126 blessés. Dans la soirée, des complices attaquaient Cambrils une station balnéaire catalane plus au sud, tuant une femme.

Un an et demi plus tard, l’enquête conjointe des polices espagnole et française laisse à penser qu’un attentat simultané à la tour Eiffel a été évité. « Nous avons échappé à un carnage de même intensité que le Bataclan », résume une source policière française. Des indices essentiels ont en effet été retrouvés dans une « carte mémoire SD » d’appareil photo, saisie dans la planque des terroristes à Alcanar (Espagne).

Photos des files d’attente des touristes

Outre la piste de la Sagrada Familia, l’exploitation d’une cinquantaine de photos et vidéos contenues dans cette carte SD prouve que des repérages minutieux ont été effectués à la tour Eiffel cinq jours avant les massacres. Les images, prises par deux des terroristes abattus en Catalogne, s’attardent sur les files d’attente des touristes et les passages protégés alentours.

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/DR« L’auteur de ces images paraît davantage intéressé par les différents moyens d’accès au monument, ses systèmes de protection et de sécurité, ainsi que les flux de touristes déambulant sur les trottoirs et files d’attente que par l’édifice en lui-même et le symbole touristique qu’il représente », relève un rapport de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

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/DRSelon les enquêteurs, ce repérage « laisse supposer la préparation d’une action d’envergure sur ce site ». Soupçons renforcés par la découverte en Espagne, dans l’ordinateur d’un djihadiste, d’un document PowerPoint contenant six diapositives sur la tour Eiffel. Dont une présentation, schéma à l’appui, des caractéristiques techniques de l’édifice : hauteur, étages, ascenseurs…

Mystérieux aller-retour à Paris en août 2017

Les enquêteurs disposent aussi d’une vidéo troublante d’une quarantaine de secondes, extraite de cette même carte mémoire. On voit et on entend l’un des membres de la cellule déclarer : « Je jure par Allah que vous les chrétiens, vous allez voir ce qui va vous arriver. D’ a préparé les Moudjahidin de Ripoll, si D’ veut jusqu’à Paris. » Enfin, en perquisition, les enquêteurs catalans sont tombés sur un agrandissement d’une autre ville française, Marseille, où était inscrit : « Centre-ville, attaque expert cousin ».

En janvier 2018, la revue CTC Sentinel de l’académie militaire de West Point avait déjà évoqué la piste d’un projet d’attentat en France. Les indices se sont accumulés depuis. Très tôt, les investigations se sont concentrées, côté français, sur un mystérieux aller-retour à Paris les 11 et 12 août 2017.

Deux des futurs djihadistes font le déplacement à bord d’une Audi A3 : Younès Abouyaaqoub, 22 ans, tué par la police catalane quatre jours après l’attentat de Barcelone, et Omar Hichamy, 21 ans, mort à Cambrils.

«Ils étaient calmes, souriants»

Grâce aux caméras de vidéosurveillance des autoroutes, au flash d’un radar pour excès de vitesse et à des recoupements téléphoniques, l’itinéraire est connu. Les deux jeunes gens franchissent la frontière franco-espagnole le 11 août à 11 heures, passent en route un court appel à un hôtel parisien du XIe arrondissement, avant de se présenter à 21 heures à la réception de l’hôtel BnB de Malakoff, le long du périphérique.

Ils montent dans leur chambre mais ne s’éternisent pas : ils reprennent leur voiture pour se rendre à la tour Eiffel, où ils restent entre 22 heures et minuit. La raison de leur présence dans le secteur reste obscure. En tout cas, Abouyaaqoub et Hichamy rentrent à l’hôtel dans la nuit après un détour par Rungis.

« Ils étaient calmes, souriants, comme deux personnes qui viennent faire une virée à Paris », se souvient une employée devant les policiers. Une autre décrit des hommes « pressés », dont l’un était « réticent à donner sa carte bancaire » lors de la réservation.

Halte inexpliquée devant le ministère de l’Intérieur

Le lendemain matin, des caméras saisissent l’image des deux Marocains dans un parking face à la gare Saint-Lazare. À la Fnac toute proche, ils payent en liquide un petit appareil photo Canon pour 129,99 euros, après s’être attardés au rayon des drones. Puis prennent à nouveau la direction de la tour Eiffel. Sur le chemin, ils font une halte inexpliquée devant le ministère de l’Intérieur. « Précisons que la longévité de cet arrêt n’est pas due à un trafic routier », note un enquêteur sur procès-verbal.

De 11 heures à 13 heures, les deux jeunes gens flânent à la tour Eiffel, photographiant frénétiquement le monument avec leur nouvel appareil. Ils font ensuite un crochet par un bureau de tabac de Courbevoie (Hauts-de-Seine) pour acheter deux puces téléphoniques utilisables à l’étranger.

Vers 23 heures, ils sont de retour en Espagne. Un séjour express, sans contacts locaux, qui semble avoir conduit les autorités françaises à sécuriser la tour Eiffel : aujourd’hui, le monument est protégé par des plots anti-voitures béliers et un mur de verre.

Source www.leparisien.fr

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