La France est actuellement frappée par un « tsunami blanc », lié à une hausse massive de la contrebande de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud vers l’Europe. Les organisations criminelles étendent leurs activités depuis leurs bastions traditionnels dans les grandes villes comme Marseille vers des localités paisibles, et le gouvernement a déclaré la guerre aux barons de la drogue, qui dirigent de véritables empires de trafic depuis les prisons. La nuit dernière, sept établissements pénitentiaires ont été attaqués en représailles, après une nuit similaire avant-hier. Le ministre de la Justice promet de ne pas céder : « La France est déterminée. »
Les autorités françaises ont rapporté ce mercredi après-midi qu’une série d’établissements pénitentiaires à travers le pays ont été attaqués durant la nuit, probablement en réponse aux efforts accrus du gouvernement et des forces de sécurité pour éradiquer le trafic de drogue. D’après les rapports, des prisons ont été visées à Toulon (notre illustration), Aix-en-Provence, Marseille, Valence et Nîmes, dans le sud du pays, ainsi qu’à Villepinte et Nanterre, en région parisienne. Les attaques ont inclus des tirs à l’arme automatique, des incendies de véhicules et des menaces dirigées contre le personnel pénitentiaire.
À Toulon, des assaillants ont ouvert le feu à la Kalachnikov, provoquant au moins 15 impacts dans la prison locale. À Villepinte, en banlieue parisienne, deux attaquants ont été filmés par les caméras de sécurité entrant par une butte de terre et incendiant chacun un véhicule. Dans d’autres établissements, des voitures préalablement marquées de graffitis ont également été brûlées.
Une source bien informée a déclaré à l’agence AFP que l’attaque semblait coordonnée et qu’elle était clairement liée au plan de lutte contre les organisations criminelles impliquées dans le trafic de drogue. Ces attaques font suite à des incendies survenus entre dimanche et lundi, notamment dans le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) et dans le centre de détention de Réau, également en région parisienne, vraisemblablement dans le cadre d’attaques planifiées.
L’Europe en général, et la France en particulier, sont confrontées ces dernières années à une explosion du trafic de drogue et des délits associés, en raison de l’augmentation spectaculaire de l’importation de cocaïne d’Amérique du Sud. Cette évolution a radicalement changé les modes opératoires des réseaux criminels en France, les gangs locaux, qui génèrent désormais d’énormes profits, ayant élargi leurs activités des grandes villes comme Marseille vers des petites villes peu habituées à la violence liée à la drogue. Cette montée du crime organisé a d’ailleurs contribué au renforcement du parti d’extrême droite « Rassemblement national » de Marine Le Pen lors des dernières élections, et à un virage général de la scène politique française vers la droite.
En février de cette année, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’au cours des onze premiers mois de 2024, pas moins de 47 tonnes de drogues avaient été saisies en France — un record, comparé aux 23 tonnes saisies à la même période l’année précédente. Il a averti que la France subissait un véritable « tsunami blanc », en référence à la couleur de la cocaïne, qui a bouleversé le monde du crime, et il a proposé une série de mesures pour renforcer la sécurité dans les prisons, notamment l’isolement de 100 barons de la drogue. Le Parlement français devrait également adopter prochainement une nouvelle loi globale contre le trafic de drogue, qui inclura la création d’un parquet national dédié au crime organisé, ainsi qu’un élargissement des pouvoirs d’enquête de la police.
Ce mercredi après-midi, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui dirige les efforts pour renforcer la sécurité dans les prisons et éradiquer l’activité des trafiquants, a annoncé qu’il se rendrait dans les prochaines heures à Toulon pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire. « La République française est confrontée au problème du trafic de drogue et prend des mesures pour perturber profondément les réseaux criminels », a-t-il déclaré, « et elle saura faire preuve de détermination et de courage. » Le ministre de l’Intérieur a quant à lui demandé aux autorités locales et à la police de renforcer immédiatement la sécurité du personnel carcéral.
Enfin, ce mercredi après-midi, la section antiterroriste du parquet national a annoncé qu’elle prendrait la tête de l’enquête sur les attaques contre les prisons survenues ces trois derniers jours.